la dernière nuit

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Les jours qui suivirent, mon activité préférée fut du sortir du château avec Aegon. Lorsque la reine n'exigeait pas la présence de son fils ou qu'il n'était pas introuvable dans le château, Aegon venait me chercher à ma chambre dès le matin, mais d'autres fois, je voyais Sunfyre voler en cercle autour de la ville et je courrais vers les écuries pour seller un cheval et quitter Port-Réal au galop. 

Le prince voyait ma silhouette à cheval s'éloigner et c'est à ce moment que l'immense ombre du dragon venait me recouvrir. Nous adorions voler et galoper côte à côte dans les plaines assez grandes pour le permettre, je poussais ma monture au maximum de sa vitesse tandis qu'Aegon venait rapprocher Sunfyre du sol si près que les griffes du dragon frôlait les herbes. Nous passions des après-midi seuls dans les plaines où Sunfyre profitait de la chaleur du soleil sur ses longues ailes et où mon cheval pouvait brouter jusqu'à plus faim. Le prince m'apprenait lentement le haut valyrien, comment parler à un dragon, des mots de tous les jours, la différence entre le haut et le bas valyriens. Je n'apprenais pas très vite et je me déconcentrais facilement, ça l'exaspérait, mais moi cela me faisait rire.

Avec le temps, les domestiques finirent par arrêter de nous regarder de travers lorsque je marchais dans les couloirs du château à ses côtés, elles se contentait de s'éclipser rapidement, je n'assista pas à d'autres avertissements ni à d'autres scènes étranges, seul persistait le regard désapprobateur du prince Aemond. Aegon et moi n'étions pas démonstratif sous les yeux baladeurs du château, nous marchions ensemble et parlions, mais jamais il ne s'approchait de moi plus que nécessaire ou me tenait la main. Je me disais que c'était sans doute pour protéger mon honneur et pour ne pas que des rumeurs se crée au sujet de ma vertu. Je pensais parfois à la possibilité que sa position lui demanderait peut-être un jour d'être promis à une autre, une princesse qui offrirait un atout militaire plus intéressant. Cette pensée me serrait le coeur, mais malgré tout les bons moments que l'on passait ensemble, Aegon n'avait jamais parler qu'il envisageait un avenir avec moi.

Je ferma les yeux sur mon oreiller tandis que la nuit tombait peu à peu sur Port-Réal. Peut-être qu'il appréciait le temps qu'il passait avec moi, mais que je n'étais pas la princesse qu'il voyait à ses côtés pour le reste de sa vie. Mes pensées intrusives m'empêchèrent de trouver le sommeil, je tournais et me retournais dans mon lit jusqu'à ce que les couvertures et les draps soient complètement défais et mélangés. Comme j'étais tout à fait réveiller, j'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir doucement et la lumière du couloir pénétrer dans le salon adjacent. Un pas lourd s'approcha de l'épais rideau qui séparait les deux pièces.

"Princesse ?" 
"Ser Lyonel ?"
Dis-je en reconnaissant la voix de mon chevalier, mais me demandant ce qu'il pouvait vouloir à une telle heure.
"Le prince Aegon demande à vous voir."

Je jeta un oeil par la fenêtre, la lune était haute dans le ciel, que voulait donc Aegon pour se présenter ainsi au milieu de la nuit. Je dis à Ser Lyonel de le laisser rentrer et le prince poussa le rideau pour pénétrer dans ma chambre tandis que Lyonel refermait la porte de mes appartements. Dans la pénombre, je reconnaissais tout de même la silhouette d'Aegon qui s'avançait vers mon lit et ses cheveux presque blanc et toujours mal coiffé.

Je ne dis pas un mot tandis qu'il retirait ses bottes et déboutonna sa veste noire pour la laisser tomber par terre. Il ne lui restait qu'un chemisier blanc et un pantalon de toile noire et il poussa quelques couvertures pour se coucher à côté de moi dans le lit. Nous étions couchés l'un face à l'autre, moi faisant dos à la fenêtre, la lumière de la lune passait juste au-dessus de mon épaule pour illuminer son visage. Il avait l'air d'un ange. Je posa ma main sur sa joue et le caressa doucement avec mon pouce. Lui non plus ne disait rien, son regard ne lâchait pas mon visage, il me détaillait avec une telle intensité que j'aurais voulu lire dans sa tête ce qu'il s'y passait. 

Aegon porta sa main sur la mienne et commença lentement à me caresser le bras. Je m'approcha de lui, posant ma tête dans le creux de son épaule tandis qu'il refermait ses bras dans mon dos. Je ferma les yeux et me concentra sur les doigts d'Aegon qui caressait lentement mon dos et je laissa quelques baisers dans son cou, m'imprégnant de son odeur de parfum mélanger à celui de la nature et de la fumée des dragons.

"Avy jorrāelan." Je l'entendis murmurer et une petite sourire s'étira sur mon visage.
"Je t'aime aussi, Aegon Targaryen." Il baissa les yeux vers moi, surpris de me voir comprendre un mot qu'il ne m'avait jamais appris. "Mon prince..." Murmurais-je d'un ton possessif en passant délicatement mon pouce sur ses lèvres. "Croyais-tu que je ne révisais pas mon haut-valyrien en ton absence ?" 

Il sourit à son tour et se pencha vers moi pour m'embrasser, un baiser que je lui rendis avec toute mon âme, ne voulant que nos lèvres ne se quittent jamais. Éventuellement, je finis par reprendre ma place dans ses bras et il me serrait encore plus fort dans ses bras, sa chaleur m'engloutissait, il me tenait contre lui comme lorsque nous étions à dos de dragon, comme si je pouvais lui échapper à tout instant. Je m'endormis contre lui, son coeur battant contre mon oreille et sa main dans mes cheveux.

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Petit chapitre, après ces quelques chapitres passés sur un petit nuage, on va bien tous tombés de nos arbres bientôt :,)

Golden □ Aegon II TargaryenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant