𝖲𝗎𝗇𝗌𝖾𝗍-𝖲𝗎𝗇𝗌𝗂𝖽𝖾,
𝟩𝟧𝖾 𝖺𝗋𝗋𝗈𝗇𝖽𝗂𝗌𝗌𝖾𝗆𝖾𝗇𝗍 𝖽𝖾 𝖯𝖺𝗋𝗂𝗌.
3 𝖺𝗇𝗌 𝗉𝗅𝗎𝗌 𝗍𝖺𝗋𝖽, 2008.𝐄𝐦𝐨𝐫𝐲 𝐊𝐢𝐦.
La chaleur étouffante de la loge pénètre mon être tel un tourbillon de flammes dévorantes, s'accordant parfaitement avec la boule de stress qui noue mon estomac à chaque instant.
Je contemple intensément mon reflet dans le miroir de cette minuscule pièce, m'efforçant de dissimuler toute trace d'angoisse.
Je prends une profonde inspiration avant de saisir mon saxophone déposé dans un coin de la pièce.
Le Sunset est réservé aux artistes les plus éminents du moment, et je me demande comment une musicienne de rue, comme moi, a pu aboutir ici. Parfois, la chance nous sourit, et je peux affirmer que cela apporte un bien-être indescriptible.
- C'est à ton tour dans 10 secondes, Emory, annonce solennellement le manager.
Je me dirige vers la scène, caressant du bout des doigts ma longue robe rouge. Bien que je joue ici depuis près de deux ans, chaque performance me procure une montée d'adrénaline.
C'est à la fois délicieux et étrange. Je m'approche des premières marches de la scène, désireuse d'y accéder le plus rapidement possible.
Les lumières tamisées du salon se mêlent à l'arôme envoûtant du café, créant une harmonie musicale. C'est pour cette atmosphère que j'apprécie cet endroit. Les clients y sont élégants et sophistiqués, ce qui contribue à rendre l'ambiance encore plus agréable.
Le manager m'adresse un signe de tête, m'indiquant que le moment est venu de briller.
Je manipule mon instrument avec délicatesse avant de gravir les dernières marches en bois grinçantes et de rejoindre le centre de la scène.
Mes talons résonnent sur le sol lustré, plongeant la salle dans un silence profond.Pourtant, ce silence, en apparence banal, devient saisissant. Rien qu'à ma préparation, je sens les regards se poser sur moi, car ils savent que mon jazz est unique : il évoque bonheur, joie, tristesse et une touche de mélancolie. Je suis, en fin de compte, une âme mélancolique, et voilà l'essence de ma vie.
Mon aura en déstabilise plus d'un, car ils attendent que ma douce mélodie atteigne leurs oreilles élégamment parées de bijoux Dior ou Chanel. C'est pour cette raison que je fais ça : pour toucher ce bonheur
inaccessible.Mon regard se plonge dans mon saxophone safran avant de l'amener à mes lèvres, insufflant l'air nécessaire pour le faire vibrer, comme si mon souffle était son unique source de vie.
Et peut-être est-ce vrai, nous avons toujours besoin de quelqu'un pour nous insuffler l'oxygène vital. Mais si cet oxygène avait déjà disparu depuis longtemps ? Si je suffoquais ?
Je chasse ces pensées sombres de mon esprit avant de commencer à jouer la douce mélodie que cet instrument prodigue. Je sens déjà les regards stupéfaits et ébahis de l'audience. C'est toujours un plaisir de savoir que ma musique touche les cœurs.
Je me laisse alors emporter par l'atmosphère et l'élégance de ma mélodie. Je flotte sur une autre planète, mon corps tout entier immerge dans un univers où seule le jazz compte. Comme toujours, je laisse ma musique percer les cœurs, me perdant moi-même un peu plus à chaque note.
☤
La route est totalement déserte, semblant s'ouvrir exclusivement pour moi. La nuit hivernale enveloppe Paris, chaque pensée se teintant d'une obscurité aussi profonde qu'elle. En rentrant à la maison, ce sera toujours la même rengaine, tel un vinyle éraflé qui tourne inlassablement en boucle.
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(un)Desirable
Romance𝘐𝘯𝘥𝘦́𝘴𝘪𝘳𝘢𝘣𝘭𝘦 : c'est ainsi que sa mère la voyait, une ombre de sa propre existence. Emory n'arrive plus à sortir sa tête de l'eau depuis la mort de son père. Le jazz et l'art sont ses seuls remparts contre le chaos qui règne autour d'elle...