𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒 | Ironie du sort

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Mike Stanton.

« Même si ça a beau ressembler à la fin du monde, voyez ça comme une renaissance », voilà ce que déclare ma prédilection, écrit en noir sur un mince morceau de papier blanc, soigneusement enroulé dans un biscuit chinois acheté à l'épicerie asiatique du coin. L'ironie ne m'échappe pas, car pour moi, la fin du monde semble être une réalité quotidienne.

Depuis mon enfance, j'ai toujours été fasciné par ces biscuits un peu ridicules. Le simple fait de penser que notre destinée pourrait être prédite par un biscuit trafiqué titille ma curiosité.

Je le dévore d'un seul coup et laisse le papier s'envoler au gré du vent. Les rues de Paris sont désertes cette nuit, la lune domine le ciel de sa somptuosité. L'air nocturne de la capitale française envahit mes narines et remplit mes poumons.

De mon balcon, la ville a l'air d'être à portée de main, oubliant tous les dangers qui y rôdent. J'attrape avec nonchalance mon paquet de cigarettes et m'en grille une. La fumée délétère imprègne mon œsophage avant de se frayer un chemin jusqu'à mes bronches.

Mes mains s'appuient sur la rambarde noire du balcon, j'observe ce ciel comptabilisant des centaines de milliers d'étoiles, toutes aussi lumineuses les unes que les autres. J'espère que tu me vois de là où tu es, hermana.

— Mike ! Entendais-je provenir de la pièce derrière moi.

Mon corps se retourne instinctivement avant de tomber nez à nez avec mon bras droit, m'extirpant de mes pensées.

— Qu'est-ce qui se passe ? Réponds-je tout en écrasant ma cigarette contre un cendrier.

Je pénètre flegmatiquement dans mon bureau et prends soin de fermer la baie vitrée de mon balcon.

— On a un souci, annonce-t-il, son visage trahissant son inquiétude.

— Arrête de passer par quatre chemins, et dis-moi ce qui se passe.

J'attrape un verre d'alcool posé sur mon bureau auburn, puis en bois une gorgée.

— Tu te rappelles du cannabis qu'on a fait brûler pour pas se faire choper par les flics ? Me demande-t-il, testant ma patience.

J'hoche la tête pour acquiescer à ses propos.

— Le souci c'est qu'une fille s'est allongée près du feu, ajoute-t-il, visiblement préoccupé par ma réaction.

Un rictus antipathique sculpte doucement mon visage.

— En quoi c'est mon problème ? Demandé-je tout en prenant une gorgée de mon alcool.

Mon bras droit avance abruptement vers moi et arbore une mine déterminée.

— Je ne sais pas si tu es au courant que la fumée de cannabis devient deux fois plus pernicieuse pour le corps humain lorsqu'elle est inhalée passivement. — Il m'arrache soudainement mon verre d'alcool des mains. — Si la chica meurt à cause d'une overdose, la police ouvrira une enquête, et tu sais que quoi qu'il arrive, elle remontera jusqu'à nous. Alors tu vas aller chercher cette putain de fille et faire en sorte qu'elle ne meure pas cette nuit. Entiendes ? Raille-t-il.

Je me dirige avec négligence vers la sortie, me forçant à affronter ce froid glacial. Si ça ne tenait qu'à moi, je n'aurais pas mis un pied dehors. Chacun ses problèmes, surtout dans le monde dans lequel on vit.

— C'est bon, tu commences sérieusement à me les briser, maugrée-je.

Il lève les yeux au ciel, ce qui a le don de m'extirper un rictus mutin. J'attrape vulgairement une veste et un bonnet avant de me diriger vers la sortie de l'immeuble.

(un)DesirableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant