Chapitre 1 (partie 2)

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Une fois à l'extérieur, je garde ma main enfoncée dans mon sac, mes doigts autour du spray au poivre. J'ai vu assez de reportages sur des tueurs en série pour savoir comment ils fonctionnent.

L'amabilité apparente de Rodrigue n'est pas gage de santé mentale.

J'ai beau avoir cette idée en tête, je dois dire que je suis plutôt surprise en sentant sa poigne se refermer sur mon avant-bras à seulement quelques mètres du « Nectar cerise».

Évidemment, il a fallu que ce soit celui que je maintenais plongé dans mon sac à main...

Je tente aussitôt de me dégager mais la réplique du mécano a le don de me déstabiliser :

— Si tu es humaine, pourquoi tu sens si bon ?

— Hein ?

— C'est comme si...

Il se met à me renifler comme un clébard.

C'est quoi ce délire ?

— Comme si tu étais en chaleur.

Je me fige, horrifiée.

Non mais il lui prend quoi à ce taré ?

Rodrigue se met à sourire largement, une étincelle vicieuse dans le regard.

— C'est ça, poursuit-il comme s'il avait touché le jackpot, ou que ses propos avaient le moindre sens. Ton odeur ne trompe pas. Tu es en chaleur.

Cette énième allusion à mon pseudo état chaleureux a le mérite de me sortir de ma torpeur.

Je lui lance un puissant coup de genou dans les burnes et profite de la diversion pour taper mon meilleur sprint vers l'entrée du bar, mon arme en main, prête à tirer.

Mais Rodrigue doit avoir une sacrée foulée parce que je heurte son torse de plein fouet moins de deux mètres plus loin.

Mon spray au poivre se trouve expulser de ma main avant que je n'ai eu le temps de m'en servir et mon dos vient heurter un tronc d'arbre, me coupant le souffle.

— Choisis-moi, tu ne le regretteras pas, chérie.

— Quoi ?

Mais qu'est-ce qu'il raconte ce gros débile ?

— Laisse-moi te donner un aperçu...

Mon esprit doit vriller à ce moment-là, parce que je vois — de très, très près — ses canines s'allonger et plonger droit vers ma jugulaire.

Je hurle, m'attendant à ressentir l'impact douloureux de ses dents sur ma chaire... Mais, au lieu de ça, tout le poids que l'homme faisait peser sur moi me quitte en un instant.

Je cligne des yeux et je m'aperçois que deux mastodontes se tiennent à présent debout devant moi, en place et lieu de mon agresseur cannibale.

Ils me tournent le dos, surplombant ce qui ressemble fort au cadavre de Rodrigue.

En tout cas, le corps est inerte et, même si je ne distingue pas vraiment son visage d'ici, j'imagine sans mal des yeux en forme de croix et une langue qui pend du coin de sa bouche.

Quelque peu sonnée par les événements, tout ce que je trouve à dire en prenant conscience du spectacle auquel je fais face c'est :

— Vous l'avez tué ?

Les deux hommes se tournent alors vers moi et j'ai dû mal à ne pas écarquiller moi-même les yeux devant la vision enchanteresse qu'ils m'offrent. De vraies gravures de mode.

Fièvre Mordante (romance paranormale - Éditée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant