Et si l'enfer existe?(En Pause)

Chapitre 6

Présent, septembre

Amélie

Pourquoi quand tout commence à s'améliorer et que l'on sort la tête de l'eau, sommes-nous forcés de replonger? Si il y a bien une personne que je ne voulais pas revoir près de moi, c'est bien lui, Léo Dubois. J'admets m'être quelques fois demander ce qui advenait de lui depuis que...
Qu'il t'a laissé il y a 4 ans du jour au lendemain? Oui mais non, ça ne me touche pas. Ça ne doit pas me toucher.
Je sens la stupéfaction faire place à la colère. Et je sais qu'il remarque le changement dans mon regard, au moment où je relève la tête pour le fusiller de mes billes bleu.

- les cheveux en carré ça ne te va pas Meli. Je les préfère quand ils sont longs.

Je touche instantanément mes cheveux qui touchent à peine mes épaules coupées en carré. C'est futils comme première choses à dire à quelqu'un après tant de temps.

- Mes cheveux t'emmerdent. Pourquoi il t'envoie toi, plutôt qu'un inconnu?

- Il s'est sûrement dit que tu serais heureuse de me revoir, me répond-il en allumant une cigarette.

- Tu aurais dû rester un fantôme, je souris avant d'ajouter, après tout ... tu as plutôt joué ce rôle pendant 4 ans.

Je le frôle avant d'aller d'un pas rapide au coffre de ma voiture en la déverrouillant, hors de questions de m'attarder plus que nécessaire. Je sors la valise et la jette au sol puis, je me précipite vers ma portière. Malheureusement pour moi à l'instant même où j'ouvre ma porte, Léo la referme aussitôt en bloquant la porte.

- Tu ne veux vraiment rien savoir sur moi? Sur ce que je suis devenu? Ce que j'ai pu faire? me crache-t-il en me faisant pivoter vers lui, nos visages étant extrêmement proches à présent.

- Ta petite vie ne m'intéresse pas le moins du monde Léo, lui soufflais-je. Reste un fantôme de mon passé.

J'imagine que cela blesse quand une personne que l'on revoit comme par hasard, ne demande aucune nouvelle de vous. Dans d'autres circonstances j'aurai pris de ses nouvelles. Mais c'est lui que le hasard a remis sur ma route et je refuse que le hasard, qui s'appelle Francis, décide de ma vie. Je vais bien lui faire comprendre que je ne veux pas de gardien. Surtout si celui-ci doit être Léo.

Blessé dans son égo, Léo recule et récupère la valise. Je le regarde faire quand il la met sur le côté passager de sa voiture garée devant la mienne. Il referme sa portière et ses yeux croisent à nouveaux les miens et instantanément, je détourne mon regard du sien.

- S'il te plaît redevient un fantôme, laissais-je échapper avant de monter derrière mon volant et de démarrer.

En arrivant au bout de la rue, je jette un regard dans mon rétroviseur intérieur. Je constate qu'il regarde dans ma direction et, la distance n'étant pas énorme, je croise son regard. Il y a 4 ans, j'aurais tout donné pour recroiser un jour ces deux iris vertes et pourtant aujourd'hui je les fuis comme la peste et le choléra. En vérifiant bien qu'il n'y a personne je tourne à droite et le laisse seul devant la maison de mon enfance.

Je roule jusqu'à arriver en bas de mon immeuble et, seulement ici, je m'autorise à extérioriser ce que j'ai pu retenir. Je vérifie que le frein à main est bien enclenché, puis je pose mes mains sur mon volant et en serrant ce dernier, je crie à plein poumons. Mon cri laisse bientôt place à des larmes chaudes qui s'écoulent le long de mes joues. Ça fait mal, très mal.
J'apprécie qu'il soit suffisamment tôt pour qu'il n'y ait personne dans la rue...et je me remercie intérieurement pour avoir insonorisé ma voiture. Je tappe sur mon volant en imaginant que c'est le torse de l'homme que je viens de laisser devant un autre fantôme de mon passé. Bordel. Je n'avais pas besoin qu'il revienne. Je commençais juste à accepter tout ce qui a pu se passer et je voulais vraiment aller mieux. Il va tout foutre en l'air s' il reste à me coller ici. C'était censé être un nouveau départ ici. Ce n'est pas Nîmes ni...là-bas.