𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇ℯ 2 : Accord et désaccord

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- Amir

Les mots émanant de mon père s'abattirent sur mes oreilles tels un fouet sur le dos d'un destrier.

- Que me dites-vous, mon père ? m'enquis-je, me levant, l'oppression de cette chaise devenant insupportable.

En guise de réponse un silence lourd pris place, son mutisme ne fit qu'attiser ma rage.

- N'osez-vous point répondre ? ma voix trahit ma frustration, tandis que je faisais les cent pas, cherchant en vain une lueur de compassion dans le regard de mes oncles et tantes.

- Père, répondez, ne serait-ce que pour l'amour d'Allah, insistai-je, fixant ses yeux.

- Mon fils, notre empire est sur le point de s'effondrer, murmura-t-il enfin.

Je soutins son regard, déterminé.

- Je vous ai juré de prendre la relève. Je n'ai besoin de personne.

- Amir, souffla-t-il, je crois en vous, mais nous devons prendre des précautions.

Un de mes oncles prit alors la parole, voyant que les mots de mon père ne m'avaient pas convaincu.

- Amir, c'est la meilleure décision à prendre.  Que cela vous plaise ou non ! Ce mariage aura lieu !

- Ma sœur aurait souhaité vous voir marié, commença ma tante. La femme que nous avons choisie est d'une simplicité exceptionnel, issue d'une famille modeste mais remarquable. Elle possède des compétences qui vous seront utiles.

- Vous agissez ainsi dans l'espoir que nous concevons un héritier ? m'enquis-je.

- Cela n'est pas la priorité, répliqua-t-elle. Il serait vain de concevoir un héritier si nous ne sommes pas assurés que notre sultanat perdure.

Je laissai échapper un soupir las.

- Je me plierai à cette union, mais elle ne sera pas facile pour elle. Elle devra faire preuve de résilience, car je ne la ménagerai pas et ne la considérerai pas comme mon épouse. Nous n'aurons pas de chambre commune, et je ne souhaite pas sa présence lors de mes combats. Elle demeurera ici, se conformément à son rôle de femme sans causer de soucis. À la moindre faute, je la châtierai sans indulgence. Nos rencontres se limiteront aux repas. Est-ce bien clair ? Oh et j'oubliais : elle n'aura pas accès à mon bureau.

- Je lui ferai enverrai un message pour lui transmettre tes conditions, m'assura Ali.

Contournant la chaise qui m'avait retenu prisonnier, je quittai la pièce, cherchant refuge dans ma chambre, loin des regards inquisiteurs.

Mon premier geste fut de verrouiller la porte à double tour, afin de ne pas être surpris par toute intrusion d'Ali ou de toute autre personne.

Étais-je véritablement sur le point de m'unir à une femme dont j'ignorais tout ? Était-elle astucieuse ou bien dépourvue de finesse ? Possédait-elle la sagesse nécessaire ou bien était-elle trop curieuse ? Serions-nous complémentaires ou bien diamétralement opposés ? Ces questions tournoyaient dans mon esprit sans que je puisse y apporter de réponses satisfaisantes. Seul Allah connaît notre destin.

Sans perdre un instant de plus, je me rendis dans ma garde-robe, où j'attrapai mon attirail équestre. Là résidait ma seule échappatoire : les escapades à cheval avec mon fidèle destrier, mon plus loyal compagnon depuis mon plus jeune âge.

***

Une fois près, mon visage voilé par un chèche* pour me protéger du sable, je me dirigeai vers l'écurie où Rûmî, accompagné des autres destriers utilisés par mes Nokthtu-aa*, se délectait de sa ration de paille.

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