Chapitre 9

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Mélusine marchait d'un pas rapide, devant moi. Nous avancions le long d'un chemin autour, duquel se dressaient les énormes arbres où étaient creusées les pièces. Chacune d'entre elles semblait avoir une utilisation précise.

- Où m'emmènes-tu ?

Mélusine ignora ma question. D'un revers de sa manche, elle essuya une larme au coin de ses joue.

- Je t'ai posé une question.

Mélusine se retourna. Pour la première fois, elle plongea son regard dans le mien.

- Tu vois bien que c'est difficile pour moi. Alors, s'il te plait, n'aggrave pas les choses, dit-elle.

- Difficile pour... DIFFICILE POUR TOI !? explosai-je. Je suis ici depuis hier soir, je ne comprends rien à ce qui m'arrive, ni la sorcière ni toi ne veut répondre à mes questions, et tu dis que c'est difficile pour toi !?

- Silvia n'est pas une sorcière. Tout du moins pas le genre de sorcière que tu crois. Maintenant, tant que tu auras aussi peu de tact, ça serait sympa de te taire, merci.

Je ne répliquai rien. Du tact ? Elle était bien drôle avec son tact, elle. Et puis, Silvia était une sorcière, un point c'est tout.

- Je pensais que tu étais différent.

Je me tournai vers Mélusine, surpris.

- Différent ?

- Différent de toutes ces " grandes personnes" que Silvia et moi trouvons sans cesse dans la forêt, perdues à cause de la poussière noire.

Je souris :

- "Grandes personnes" ? Tu as lu Le Petit Prince ?

- Mêle toi de tes affaires.

Cette fois, c'est moi qui ignora sa remarque.

- Cette poussière noire, qu'est-ce que c'est ?

- Je n'ai pas le droit d'en parler.

- Pourquoi ?

- Arrête avec tes questions. Tout ce que je peux dire, c'est que ta légende serait bien différente si les gens savaient.

Mélusine insista sur le mot légende avec ironie. Je me sentais perdu.

Elle s'arrêta soudainement devant un arbre. Elle commença à grimper à l'échelle, jusqu'à une petite pièce sombre, dans laquelle étaient rangées des tas de potions étranges. Mélusine se mit alors à fouiller la pièce, sûrement à la recherche d'une des potion en particulier.

Je me sentais paniquer. Et elle osait dire que Silvia n'était pas une sorcière ! Allait elle m'empoisonner ? Me torturer ?

Mélusine dut sentir ma terreur, car elle me lança un regard qui devait se vouloir rassurant, mais qui ne fit qu'augmenter ma terreur.

- Que vas tu faire ? Par pitié, ne...

- Calme toi. Tu ne sentiras rien.

Et elle continuait à chercher précipitamment parmi les potions. Quand elle se tourna vers moi, je m'aperçus que ses mains tremblaient.

- Tu vas m'empoisonner... me tuer...

- N'importe quoi. Souffla-t-elle. Tu es comme tous les autres, au fond.

- Donc c'était ça... C'était toi... Tous ces gens qui disparaissent...

- ON LES SAUVE, LES GENS ! TU NE COMPRENDS DONC RIEN ?

- Vous les...?

- Bois.

Mélusine me tendit une potion. L'histoire de l'homme qui était resté deux jours dans la forêt et qui ne se souvenait pas de ce qui lui était arrivé me revint alors en mémoire. Je compris soudain.

- Tu vas effacer ma mémoire.

Une larme roula sur sa joue.

- On... On aurait pu être amis, en d'autres circonstances. Tu sais, Martin, de tous les gens que Silvia et moi avons rapporté de l'emprise du brouillard, je n'ai jamais éprouvé ce sentiment de... D'envie. Je t'envie. Je ne sais pas pourquoi je te dis ça mais... En fait, tu es la seule personne pour laquelle je me suis dit que... Que j'aurais pu être comme toi, si...

- Si...?

Mélusine essuya brusquement ses larmes.

- Oublie ça d'accord. Je suis égoïste. Après tout ce que fait Silvia...

Mélusine leva les yeux vers moi. Je me surpris à penser qu'ils étaient beaux, ses yeux.

La bouche légèrement entrouverte, le nez rouge d'avoir pleuré, Mélusine semblait réfléchir. Elle semblait paniquée.

- Pars. me dit-elle.

- Quoi ?

- Va-t'en. Ne m'oblige pas à le répéter. Pars.

- Mais...

- Ne parle à personne de ce que tu as vu. Oublie moi. Oublie nous.

- Pourquoi tu...?

- Parce que j'en ai assez, voilà ! Je ne peux plus le supporter.

- Pars aussi, dans ce cas !

- Je dois aider Silvia.

- Aider à quoi ? Si ce qu'elle fait est si bien, pourquoi effaces-tu la mémoire de tous ceux qui ont eut l'occasion de le voir ?

- VAS T'EN ! hurla-t-elle.

J'eus peur. Très peur. Alors, je me suis sauvé.


Encore beaucoup de suspens, je suis désolée... Mais au moins j'ai vite publié ! D'ailleurs, si ça vous intéresse, j'organise un concours pendant les vacances. N'hésitez pas à aller voir, il y en a pour tous les gouts !

La forêt des mémoires effacées. Tome 1: MélusineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant