Chapitre 20

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Pdv Martin, samedi 15 juillet 2021, 9h

Le paysage défilait derrière les vitres de la voiture. Je souriais. J'avais passé un séjour fantastique, au beau milieu de ma montagne adorée. Et cet après-midi, je voyais Mélusine.

Je baillais et attrapais mon téléphone, maudissant le dernier petit cochon vert d'être toujours en vie sur mon écran. Ensuite, j'envoyais un message à mes amis.


Vous

Yo, cv ? Je suis en route pour rentrer

Luce:

Cool

Nathan: 

Cool

Nathan:

Chips

Luce:

Chips personnel 😁😁😁

Kélia:

OKKKKKKK

Vous:

Vous voulez venir chez moi demain ??!!

Kélia:

Je demande à mes parents. Bis', vais déjeuner.

Luce:

Pareil. 

Nathan :

🤐🤐🤐😑😑😑

Luce:

Nathan, tu peux parler

Nathan:

Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

Je soupirais, exaspéré par l'infantilité de mes amis. J'éteignais mon téléphone.




Pdv Mélusine, samedi 15 juillet 2021, 14h30 :

Je tournais en rond dans la clarière, lieu de rendez-vous habituel. J'attendais Martin depuis quinze minutes, au moins.

Et si il lui était arrivé quelque chose ? 

Soudain, j'entendis un bruit de pas rapides. Il était là.

- Mélusine, souffla-t-il

- Martin ! 

- Vraiment désolé pour le retard... Il a été difficile de convaincre mes parents de me laisser sortir...

- Ce n'est rien.  Alors, c'était comment la montagne ? Tu as des photos ? Et l'Harry Potter numéro quatre, tu l'as apporté ?

Il me sourit et me tendts le livre.  Je lui rendit l'autre et nous nous asseyammes sur une pierre. Martin me raconta son séjour, et je l'écoutai avec attention. Tout, dans ce qu'il me disait, me paraissait être la chose la plus merveilleuse du monde.

- Je dois te paraitre bien minable, dans ma pauvre forêt, dis-je quand il eut terminé de faire défiler toutes ses photos.

- Quoi !? Mais, non, enfin ! 

Je haussais les épaules.

- Tu connais tout de moi, mais moi je ne sais rien de ta vie, me dit-il. Pourquoi est-ce que tu ne me raconterais pas comment se passent tes journées ?

- Il n'y a pas grand chose à dire... Toute ma journée dépend du soleil, en fait. Le soir, je me couche en même temps que lui, et le matin, je me lèves avec lui. Je déjeune quelques baies, et ensuite, je lis, ou je vais chercher de quoi manger, ou boire. Je mange toujours avec Silvia, mais aucune de nous ne parle beaucoup. Des fois, je l'aide dans sa tâche. 

- Vous êtes proches, toutes les deux ?

- Je l'aime comme j'aimerais une mère... Je pense qu'elle m'aime comme si j'étais sa fille, mais c'est dur de savoir, parfois avec elle... Elle est très dure, alors j'ai appris à m'y adapter, à l'être aussi, avec elle, en tout cas...

- Mélusine ? M'interrompit Martin.

-Oui ?

Tu sais, je pense que Silvia n'est pas si insensible, en fait. Je pense que c'est peut-être même tout le contraire. Elle veut juste te donner cette impression, pour que tu te sentes protégée. 

Mélusine ouvrit la bouche pour me répondre, mais je ne lui en laissais pas le temps :

- C'est un peu comme toi, en fait. Les rares fois ou tu me parles de vous, j'ai l'impression que tu es différente avec elle...

- C'est parce que je pense que c'est ce qu'elle veut. Que je sois dure, sèche, et que ça me protègera...

- Mais c'est faux, Mélusine. La sensibilité et la douceur ne sont pas des faiblesses. Une de mes meilleures amies, Luce, est très sensible. L'autre fois, on regardait un film, et son frère s'est moqué d'elle parce qu'elle était émue. Alors, elle lui a dit : " La sensibilité n'est pas un défaut. C'est juste une capacité. Celle de voir au fond des gens, des émotions, du monde. Celle de comprendre et accepter, de défendre et de rejeter. Celle d'aimer et d'approuver. Celle de protéger". Mélusine, montre à Silvia qui tu es, et elle te montrera qui elle est. 

Je levais les yeux vers Martin. Je compris qu'il avait peur de ma réaction, peur que je le gifle, que je lui crie dessus ou je ne sais quoi encore. Au lieu de ça, je murmurais : 

- Merci, Martin.

Durant quelques instants, nous nous plongeâmes dans le regard de l'autre. Mais, je détournais le regard bien vite.

- Je... J'essayerai de faire ce que tu m'as dit.

Il y eu un petit silence gêné, avant que Martin ne me dise:

- Tiens, je t'ai rapporté ça de la montagne...

Il me tendit un beau marque-page, sur lequel on voyait une petite marmotte, avec derrière elle un beau paysage de montagne.

- C'est pour moi ?

- Oui.

- Il est magnifique, merci infiniment.




La forêt des mémoires effacées. Tome 1: MélusineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant