Chapitre 25

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Pdv Mélusine, dimanche 13 octobre 2021, 20h

Ma vie avait changé. En moins d'un ans, j'avais appris tout ce que je voulais savoir sur le monde. J'avais un ami. Je n'avais jamais été aussi proche de Silvia. J'étais heureuse.

Oh, bien sur, Silvia et moi, ce n'était pas "Oh je t'aime ma fille chérie d'amour" et "Oh je t'aime ma mère chérie d'amour", mais nous passions plus de temps ensemble qu'avant, et je savais m'en contenter. Elle était moins sèche, mais toujours un peu renfermée. D'après Martin, c'était tout-de-même normal, après ce qu'elle avait vécu. 

Maintenant que je lui ai parlé de sa corvée, il se montre bien plus compréhensif. Lui, il pense qu'il faudrait le dire aux gens. Qu'ils comprendraient, qu'ils l'aideraient. Je ne sais pas si je dois le croire. Je sais qu'il ne ment pas, mais j'ai peur qu'il se fasse des idées. 

J'aimerai pouvoir voir son monde. Même si, au fond, j'ai peur. Pas peur d'être déçue, pas peur que Silvia ai raison, non. J'ai peur que ça ne soit pas le cas. J'ai peur d'avoir passé tant d'années à haïr les humains presque autant que Silvia pour rien. Peur de la haïr elle, pour m'avoir fait croire à la dystopie ainsi.

Il m'arrivait d'être jalouse de Martin. J'aurais voulu vivre comme lui, dans son village, sans jamais connaitre l'existence de la forêt. Mais, dans ces moments là, je me mettais aussitôt à culpabiliser : Silvia avait besoin de moi. Certes, je ne l'aidais pas trop dans sa tâche, car elle disait que j'étais trop jeune, mais ma présence lui était surement utile. Il m'arrivait de me demander pourquoi est-ce qu'elle m'avait adoptée, alors qu'elle détestait les humains. Mais, au fond, je ne pouvais pas lui en vouloir de me cacher des choses, vu ce que je ne lui disais pas moi-même...

J'étais aussi très jalouse des amis de Martin. Il avait l'air tellement proche d'eux... J'avais l'air de quoi, moi, la pauvre fille de la forêt, à côté ? Cela me faisait aussi culpabiliser, bien sûr : il était déjà assez aimable de me rendre visite ainsi. J'en arrivais à me haïr moi même. Tout en n'ayant jamais été aussi heureuse. Etrange, non ?

La forêt des mémoires effacées. Tome 1: MélusineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant