Chapitre 17

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Pdv Mélusine, mercredi 1er juin 2021

- Wingardium Leviosa !

Aussitôt, la massue s'arracha toute seule de la main du troll, s'éleva très haut dans les airs, se retourna lentement et s'abattit avec un craquement sinistre sur la tête de son propriétaire. La créature vacilla, puis tomba en avant, face contre terre, avec un bruit sourd qui fit trembler toute la pièce.

Harry, entrainé dans sa chute, se releva, les jambes flageolantes, le souffle court. Ron était resté immobile, la baguette toujours levée, contemplant la masse inanimée du monstre. 

Ce fut Hermione qui rompit le silence :

- Il... Il est mort ?

- Mélusine ! Mélusine viens m'aider pour le feu !

Je sursautai. J'étais tellement prise dans ma lecture que j'avais cru que c'était le professeur McGonagall qui avait répondu à Hermione ce que venais de dire Silvia. Car je comparais beaucoup Silvia à McGonagall : sèche mais gentille dans le fond, vielle mais dans toute sa forme. 

Je me levai précipitamment, cachai le livre et rejoignis Silvia. Je me mis ensuite à ramasser du bois, perdue dans mes pensées.

J'avais déjà dévoré une bonne partie du livre, et encore, je ne lisais pas le soir après manger de peur de ne pas lâcher le livre de la nuit. 

- J'ai terminé, fis-je au bout d'un moment.

- Et les pierres ?

- Oups, j'ai oublié.

Silvia fronça les sourcils mais ne dit rien. C'est vrai que, d'habitude, je n'étais pas du genre tête-en-l'air.

A table, Silvia et moi ne parlions peu -enfin, pas seulement à table...-. Je ne sais pas vraiment ce qui me poussa à dire ce que j'ai dit, mais pourtant je le fis, et ce, disons... Droit-au-but :

- Silvia ?

- Mmh ?

- Parle moi du monde de dehors.

Silvia manqua de s'étouffer avec sa nourriture.

- Pourquoi ?

Son ton n'était pas agressif. Elle l'était très rarement, avec moi. Elle m'aimait comme une mère aime sa fille, et je l'aimais comme une fille aime sa mère, mais aucune d'entre nous ne l'avait jamais vraiment dit à l'autre. Elle n'était pas agressive, mais pas douce non plus. Parfois, je le regrettais beaucoup.

- C'est juste que... 

Je baissais les yeux vers ma nourriture, pour ne pas croiser son regard.

- C'est juste que je me demande si il est réellement comme tu me l'as décrit.

- Tu penses que je te mens ?

- Non ! Non. Je me demande juste si tu ne te trompes pas un peu. Ce ne sont peut-être que des préjugés, tu ne crois pas ? Et puis, cela fait longtemps. Tu ne l'as jamais vraiment vu de tes propres yeux...

- C'est à cause du garçon que tu dis ça, hein ? Ce Martin. Je suppose qu'il t'a dit que le monde des humains était merveilleux, que tout allait bien là bas ? Mélusine, écoute-moi. Les gens que nous ramenons de la forêt disent et diront toujours la même chose. Mais c'est faux, et ce sera toujours faux. Le monde des humains et un endroit cruel, et tous les gens que tu rencontreras feront tout pour t'y emmener. Pour t'enfermer dans le douleur, pour qu'ils ne se sentent pas seuls dans leur souffrance. Je veux te protéger, tu comprends ? Ces gens ne s'apportent que du mal entre eux.

- Mais pourquoi ?

- Par cruauté. Vois ce qu'on m'a fait, à moi.

J'hochais la tête, et m'empressais de changer de sujet.


J'ai très mal dormi, cette nuit là : Croire Silvia, ou croire Martin ? 

Je pensais qu'aucun des deux de me mentait. Silvia était sûre de ce qu'elle disait. Mais Martin était un gentil garçon... 

Et si il avait fait tout cela pour m'amadouer ? J'osais à peine l'envisager, tant ce serait blessant. Je ne pouvais pas imaginer ce que ce serait de m'interdire de continuer à le voir. 

Je pensais, au fond, que Silvia se trompait. Je pensais que Martin me disait la vérité. En fait, je pensais que Silvia aussi, le savait. Sinon, pourquoi ferait-elle tout ce qu'elle fait ? 



La forêt des mémoires effacées. Tome 1: MélusineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant