Chapitre 27

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Pdv Martin, samedi 9 octobre 2021, 13h30

Aujourd'hui, je rejoignis Mélusine plus tôt dans la forêt. La semaine dernière, nous avions tout mis au point. J'ignorais lequel d'entre nous était le plus nerveux à l'idée de montrer le "vrai" monde à Mélusine.

J'avais peur de deux choses totalement contraires. La première, c'était qu'elle trouve ça merveilleux. Elle serait brisée par rapport à ce qu'elle avait pensé pendant des années, et voudrait peut-être venir habiter dans la ville, ce qui serait très... compliqué. La deuxième était l'exact opposé de la première: et si elle était déçue ? C'est vrai, tout n'est pas parfait, dans mon monde... Rien ne l'est en fait.

Mais maintenant, il était trop tard pour faire marche arrière...

- Martin ! Te voilà enfin ! 

- Je suis à l'heure, Mèl.

- Je sais, mais... Enfin, bon, donne moi les vêtements.

Je la regardais. Ses cheveux étaient humides, elle les avait lavés dans la rivière. Comme toujours, elle était vêtue d'un tee-shirt cousu par Silvia à l'aide de divers matériaux trouvés dans la forêt. Cela m'impressionnait toujours, mais il ne valait mieux pas qu'elle sorte ainsi. Par chance, j'y avais pensé et je lui tendis des vêtements que j'avais empruntés à Kélia en lui disant que c'était pour une pièce de théâtre.

Mélusine s'éloigna pour les enfiler. Je me répétais le plan dans ma tête.

Mélusine et moi avions prévu de faire un tout petit trajet dans la ville, par un endroit où nous ne devrions croiser personne que je puisse connaître. Mais si cela arrivait, Mélusine était la fille de la cousine de ma mère. Si je croisais quelqu'un de ma famille, Mélusine était la petite cousine de Luce et Nathan.

Mélusine revint. Je ne l'avais jamais vue aussi inquiète. 

Elle devait être dans le même état que moi la première fois que j'étais venu dans la forêt : des milliers de questions à l'esprit, sans savoir par laquelle commencer.

-Tout va bien se passer. S'inquiéter c'est souffrir deux fois.

Mélusine me lança un regard surprit, et j'expliquai:

- Les animaux fantastiques, premier volet. 

Elle me sourit.

-Tu viens ? demandai-je, en commençant à avancer.

Sans un mot, Mélusine me suivit.

Nous commençâmes à marcher. J'étais devant, et entendait les pas de mon amie sur les feuilles. Elle ne disait rien. Elle regardait le feuillage, pensant qu'elle ne le verrait sûrement plus jamais de la même façon.

Et puis, soudain, elle s'arrêta.

-C'est ici, dit-elle. La limite imposée par Silvia.

Je lui adressai un sourire encourageant :

-Nous pourrons la repasser dans l'autre sens dès que tu le voudras.

Mélusine fit un petit pas en avant. 

Petit à mes yeux, en tout cas, car je savais que c'était le plus grand qu'elle n'ait jamais fait.

La forêt des mémoires effacées. Tome 1: MélusineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant