Mer Noire - Sud du Détroit de Yalta
17 février 2014
9H30
Lorsque le vieux loup de mer Spiros Karras vit approcher l'hélicoptère à la verticale de son navire cargo, il comprit soudain pourquoi on l'avait fait se lever aux aurores et se diriger vers la grande fosse au Sud du Détroit de Yalta.
Le cargo n'était plus de prime jeunesse, sa coque rouillée montrait des marques d'usure évidentes, sa peinture était écaillée, par endroit même absente. Seul son moteur donnait une impression de bon fonctionnement, avec un ronronnement régulier, indiquant qu'il bénéficiait d'entretien, contrairement au reste.
Le cargo portait pour nom "Neptune Quake". Il avait été rebaptisé ainsi lorsqu'il avait été racheté par une équipe scientifique chargée de mener des recherches sur les failles sismiques présentes au fond de la Mer Noire. Ce qui expliquait que le pont du navire était encombré d'équipements technologiques variés, dont une part n'était elle-même plus tellement en état. Par endroit, des machines modernes, ou des panneaux informatiques, contrastaient avec la rouille des balustrades ou les hublots crasseux. Une vieille grue articulée montait entre les mats et les antennes paraboliques.
Spiros Karras, barbe épaisse et négligée, cheveux en bataille, le visage buriné par l'âge et les intempéries, se retourna auprès du scientifique qui se tenait derrière lui dans la capitainerie.
– Encore un foutu millionnaire qui veut voir les Sirènes ! grommela-t-il en désignant l'hélicoptère.
Le scientifique se nommait Kemal Demir, il était turc et spécialisé dans la robotique, ainsi que les systèmes sous-marins. Avec sa bonne trentaine d'années, il était moitié moins âgé que le capitaine du navire. Et surtout plus intrigué qu'en colère, pour sa part.
– Les sirènes, ça n'existe pas ! répondit-il au loup de mer, tout en refermant son ordinateur portable, afin de se diriger sur le pont pour accueillir le "visiteur".
Spiros Karras émit un petit ricanement, tout en décrivant un haussement d'épaules.
– Quelles que soient les raisons de notre invité, dit Kemal Demir, je te demande de le traiter poliment. Ils ont proposé de nous financer à hauteur de deux ans complets en échange de ce petite service... Me dis pas que ça te ferait pas plaisir de refaire la peinture du Neptune.
– Bah, fit le capitaine, avec un geste de mauvaise foi. Le Neptune est comme moi, maintenant. A notre âge, on n'a plus besoin de ravalement.
Kemal Demir sourit. Il connaissait leur capitaine et savait que sous ses dehors rudes, il brûlait à l'idée d'apporter une seconde jeunesse à son seul amour, ce navire qu'il pilotait depuis des décennies.
En attachant sa queue de cheval, Kemal Demir se rendit à l'aplomb de l'hélicoptère, en vol stationnaire juste au-dessus de leurs têtes. Les rafales de vent projetées par les pales balayaient le navire d'un peu de sable du désert accumulé à force de nombreuses journées sans précipitation.
Un homme descendit de l'engin volant, au moyen d'un treuil, dont il se libéra rapidement une fois le pont atteint. L'hélicoptère reprit ensuite sa liberté, et ne tarda pas à virer de bord, pour s'en aller vers le nord est.
Kemal Demir observa l'individu : il était vêtu de noir, d'une combinaison visiblement coûteuse, qui détonnait face aux vêtements de travail négligé de l'équipage. Il portait des lunettes d'un bleu irisé qui masquaient ses yeux, mais le reste de son visage était glabre et carré, et son attitude décontractée, qui fit dire d'emblée au scientifique qu'il ne s'agissait heureusement pas d'un de ces millionnaires mafieux autoritaires et agressifs qu'ils fréquentaient parfois.
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Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] terminé
ParanormalVous connaissez Milan. Il va, il vient... des fois il disparaît ; mais il revient toujours. Ce que je me demande, c'est la véritable raison qui l'amène à Sotchi, là, maintenant, en plein Jeux Olympiques d'Hiver... (Toute ressemblance avec des événem...
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