Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] terminé

Morgath

L'hélicoptère piloté par Roman Benedict, avec à son bord Célia Vingam, se posa à proximité du village de Valea, dans la campagne roumaine. Niché au coeur des montagnes de Transylvanie, le village bénéficiait d'un cadre verdoyant et d'un panorama exceptionnel, constitué de monts vallonnés et de prairies fleuries à la belle saison, de prés enneigés l'hiver. 

C'est à cet endroit que la firme Angel Corp avait fait construire une luxueuse maison de retraite, dont elle faisait profiter ses plus hauts dignitaires, pour les remercier des services rendus.

La résidence, en outre, n'était pas uniquement un lieu de repos. Elle bénéficiait d'une importante surveillance, afin d'assurer non seulement que nul ne vienne perturber le repos de ces précieuses personnes, mais également qu'aucune des informations contenues par leur esprit vieillissant, ne puisse s'échapper...

La maison de retraite n'avait rien de l'allure du monastère de Izvorul Norocului. C'était un bâtiment extrêmement moderne, constitué de plusieurs blocs cubiques, protégé par de hautes palissades ainsi que d'un système de télésurveillance avancé. Des vigiles et des chiens faisaient la ronde régulièrement sur son pourtour. Une piste héliportée spacieuse accueillit l'appareil volant.

Comme pour le monastère, Célia fut introduite sans avoir à faire usage de ses capacités psychiques. Roman Benedict lui avait ouvert grand les portes, afin qu'elle puisse venir interroger la dernière personne capable d'éclaircir les zones d'ombre de l'histoire d'Irina Adelfi. 

Cette personne était la précédente Abbesse en fonction, l'Abbesse Ioana, qui avait quitté son poste en 2005. C'est ici que la brave religieuse passerait ses dernières années, dans un cadre luxueux dont elle n'aurait jamais osé rêver auparavant, à l'égal des plus grands cadres de l'entreprise.

Lorsque Célia pénétra dans ce lieu silencieux et paisible, très lumineux, quoique beaucoup plus artificiel que le monastère précédent, elle sentit aussitôt une ambiance aseptisée et professionnelle parmi ses employés. Elle fut accueillie avec d'autant plus d'égards que son intromission avait été effectuée par le grand Roman Benedict lui-même.

On l'amena dans une cafétéria moderne, ouvrant de larges baies panoramiques sur les champs ondulants, baignées par l'obliquité du soleil. Il lui fut proposé une collation, qu'elle refusa poliment. A distance, des pensionnaires se restauraient en profitant de la sérénité de l'endroit, dans un silence feutré.

Même s'il y avait bien pire pour vivre ses dernières années, en observant l'ensemble du lieu, Célia ne put s'empêcher de penser qu'il s'agissait tout de même d'une sorte de prison. Dorée, certes. Et pourtant, elle ne parvenait à déterminer s'il fallait accuser Angel Corp de retenir ainsi ces personnes, ou d'en prendre soin peut-être mieux que quiconque ne l'aurait fait.

On prévint Célia que l'ancienne Abbesse ne tarderait pas à la rejoindre, mais que cela pouvait prendre un peu de temps, car elle faisait la sieste. Célia acquiesça, et attendit.

Pour employer au mieux son temps, elle tenta de joindre Milan. Le voyage en hélicoptère lui avait permis de remettre de l'ordre dans ses idées. D'intégrer les révélations entre Irina et Roman Benedict.

Milan, une fois de plus, ne répondit pas. Elle tombait directement sur le répondeur de son téléphone. Elle appela alors Sergi, avec lequel elle avait également un débriefing important à réaliser.

Il était environ quinze heures, et elle avait déjà appelé Sergi le matin. Cette fois, lorsqu'elle le joignit, le responsable des Sentinelles se trouvait à la Caverne. Il était aux côtés de Maria Vasquez, ce qui tombait bien, car elle avait des informations à leur demander aux deux. D'ailleurs, c'est Maria qui répondit, car Sergi était occupé.