Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] terminé

Voluptueuses Tentations

Lorsque Milan Lazsco sortit de l'espèce de rêve éveillé qui l'enfermait, immédiatement, il comprit que tout ne s'était pas passé comme prévu.

A ses pieds, nus, le sable était d'une blancheur absolue. Dans le ciel, le soleil brillait d'une clarté si pure qu'elle paraissait blanche elle aussi.

Milan lui-même était nu sur cette plage, sa peau de vampire privée de la moindre protection, que ce soit contre les regards ou surtout contre les rayons mortels de l'astre céleste. 

Et pourtant, il ne ressentait aucune douleur. Mieux que cela, il exaltait d'une sensation de bien-être et de force intarissable. Pour la première fois ou presque depuis qu'il était vampire, il pouvait regarder le soleil en face, sans ressentir la moindre douleur. Cette sensation de la chaleur solaire sur son corps était d'une volupté sans équivalence. Il aurait pu seulement rester là, debout, et profiter de cet instant à tout jamais, sans que le sentiment de plaisir perde de son intensité.

Cependant, il ne devait pas s'abandonner au délice du mirage. Car il savait qu'une seule espèce de créature en ce monde était capable d'un tel prodige, et qu'elle ne donnait jamais rien sans attendre quelque chose en retour.

Milan se détourna du disque solaire à la lumière saturée, pour se retourner en direction de la mer. A l'autre bout de l'étendue de sable blanc, les flots venaient lécher la plage, par de lents va-et-vient langoureux. A chacun de leurs retraits, les vagues faisaient ruisseler les grains scintillants, qui ressemblaient à des fragments de perles ou de coquillages. En se retirant, elles retournaient à leur élément premier, d'un bleu cobalt éclatant, puis se gonflaient, pour de nouveau s'élancer à la conquête de la terre ferme, en l'éclaboussant de leur écume miroitante.

Milan s'était immédiatement aperçu qu'il n'était pas rentré à bon port. Naïvement peut-être, il avait imaginé qu'on le ramènerait à bord du Neptune Quake ; ou mieux encore, sur la plage d'Adler. 

C'était mal connaître les Sirènes de penser que cela serait si simple. Le risque qu'il avait pris en se rendant là-bas, de par son allégeance, était limité, mais loin d'être supprimé. On ne pénétrait pas impunément dans le sanctuaire des fées des Abysses.

Et lorsqu'il aperçut la silhouette surgir de l'eau, au loin, il comprit que la situation était plus grave encore. Cette Sirène était seule, et les Sirènes n'apparaissaient jamais seules, lorsqu'elles agissaient pour le compte de leur Ordre.

Son buste émergea en premier, puis la partie antérieure de son corps. La créature avait troqué queue et écailles contre de longues jambes sculpturales. En avançant, sa haute taille se découpa dans la clarté solaire, éclaboussée par l'écume de la mer. Elle mesurait plus de deux mètres et était nue, elle aussi. 

Ses épaules ruisselaient sous sa chevelure humide, les globes parfaits de ses seins salés brillaient au soleil, sa peau mate miroitait sous l'effet des grains de sable. Ses longues jambes balayaient la mer d'un mouvement lancinant, et lorsqu'elle sortit de l'eau, ses pieds effilés s'enfoncèrent dans le sable, sans pour autant la ralentir.

Face à elle se tenait Milan, plus blanc qu'elle, plus petit surtout. Milan Lazsco n'avait pas la stature d'un guerrier, sans pour autant avoir à rougir de sa taille ou de sa corpulence auprès de ses pairs. Pourtant, face à la majestueuse créature qui approchait, il paraissait frêle et fragile. 

Il l'attendit néanmoins sans complexe, sa silhouette droite surplombant le sable, sa peau lisse et glabre caressée par la moiteur du soleil, ses cheveux ébouriffés par le souffle doux de la brise marine. Sculpté comme une statue grecque, son profil parfaitement équilibré lui donnait une apparence sauvage.