Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] terminé

Haute Voltige

Le vampire se releva six mètres plus bas, à demi enfoncé dans la neige. La chute, il ne l'avait pas ressentie. Il était plus furieux que blessé. Le Croque-Mitaine l'avait éjecté du télécabine et s'en allait seul dans la nuit.

– Putain ! gronda-t-il. Je commence à en avoir marre de ces foutues créatures exotiques. Sergi... ?

– Je t'ai vu ! On vient te chercher !

Quelques instants plus tard, Milan se hissait de nouveau à bord de l'hélicoptère, le visage plein de colère. Ses yeux pâles lançaient des éclairs dans l'habitacle de l'engin qui déjà reprenait de l'altitude, dans un bruit de rotor tonitruant. Il eut à peine un regard sur le corps inerte de Irina, au sol dans le cockpit métallisé. La jeune femme respirait, mais il ne pensait pas que dans son inconscience, elle maîtrisait ce qu'elle avait provoqué. Le Croque-Mitaine poursuivait sa mission, quelle qu'elle fût, de manière autonome. Ce qui rendait d'autant plus complexe la perspective de le stopper.

– Milan... excuse-moi de te poser cette question, intervint Sergi. Tu as l'air de savoir ce que tu fais, mais... je ne comprends pas pourquoi nous poursuivons cette créature du diable ! Elle monte vers le sommet... bien lui en prenne ! Irina est en sécurité avec nous et des dizaines de vigiles du CIO l'attendent en haut. Ils ont les capacités de l'arrêter, eux. Cette créature ne pourra pas s'affranchir du cadre des 5 Cercles, si ?

– Non, reconnut Milan, tout en se harnachant d'un lourd holster saisi dans les sacs de matériel emportés par l'équipe des Sentinelles.

– Alors quoi ?!

– Sergi, tu dois comprendre que le Croque-Mitaine n'est pas un ennemi, elle défend Irina. Et surtout, cette créature, c'est Evgenia ! Tu as vraiment envie de savoir ce que fera Irina si sa mère adoptive est abattue par les membres du CIO ? Est-ce que sa réaction à l'intérieur du QG, là-haut, ne t'a pas suffi ? T'étais pourtant aux premières loges.

– Tu veux dire... tu penses que c'est Irina qui a causé cette explosion, qui a détruit le mur du bâtiment ?!

– Peut-être !

La Sentinelle dévisagea la jeune athlète inconsciente avec un autre regard, plus inquiet. Cette fois, elle était moins pressée de la voir se réveiller.

Entre temps, Milan s'était harnaché du volumineux holster, sur son flanc droit, à l'intérieur duquel il avait glissé un espèce de lourd pistolet au canon grossier ; et sur la gauche dans des interstices avait inséré une série de gros bâtonnets ressemblant à des pétards.

– Tu remercieras ton ingénieur pour moi, dit-il, visiblement satisfait du matériel, même s'il semblait de fabrication artisanale, autant pour le revolver que les pétards.

– Je ne le ferai surtout pas ! Je lui ai dit que c'était pour moi, sans quoi tu n'aurais rien eu.

– A votre place, renchérit Todor Kirilov depuis les commandes de l'hélicoptère, je me méfierais quand même. Avec le matos de Pavlo, ça passe ou ça casse...

Milan était prêt, cette fois. Il voulait le Croque-Mitaine vivant, ou tout du moins le renvoyer d'où il venait avec le moins possible de dommages. A présent, il possédait l'avantage. En effet, l'hélicoptère l'avait emmené aux deux tiers du parcours des télécabines, d'où il le devançait. 

A cet endroit, un pylône de soutien plus haut et massif que les autres se dressait dans les airs, auréolé de lampes halogènes afin de prévenir d'éventuels appareils volants de sa présence. C'est là qu'il l'attendrait.