Prologue

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Dans l'autre monde, la Forêt Interdite, treize ans avant l'attaque de Dame Eboshi contre le Dieu Cerf

C'était un hiver rude et glacial. Le vent raflait violemment les arbres sur le versent de la montagne. Une abondance de flocons de neige virevoltant intensément dans les airs, pour venir ensuite tapisser le sol, recouvrant ainsi la montagne d'un magnifique manteau blanc. La nuit ne tarderait plus à tomber, remplaçant doucement le ciel grisâtre qui dominait la terre. Chaque espèce animale de la forêt s'empressaient de s'abriter quelque part, espérant pouvoir survivre à cet hiver infernal. Les ours débutèrent leur hibernation, toutes les races d'oiseaux ne quittaient plus leur nid du haut des branches des arbres, les renards s'enfoncèrent dans leur terrier ; les cerfs avancèrent en groupe, les sapins de la forêt les protégeant relativement de la neige ; les sangliers attendant patiemment la fin du jour dans leur bauge afin de partir en quête de nourriture ; et les loups se réfugiaient collectivement dans leur tanière.

Cet endroit fut il y a des siècles rebaptisé par les civilisations humaines " la Forêt Interdite ". Une terre sacrée ou demeure l'Esprit de la forêt, le Faiseur de montagnes, le cœur même de la nature, sous la forme d'un grand cerf doré aux bois gigantesques et à tête humaine, veillant sur le monde. Autrefois, hommes et bêtes vivaient en harmonie. Mais les siècles passant, l'équilibre se modifia, et les rares forêts que l'Homme n'avait pas encore saccagées furent alors protégées par des animaux immenses, qui obéissaient au Grand Esprit de la forêt. C'était le temps des Dieux, et le temps de Démons. Sur cette terre, l'Homme n'a pas sa place. Pour celui qui y pénètre, c'est la mort. Hélas, l'Homme bouffi d'orgueil, ne s'en soucia guère et laissa son égo le guider jusqu'à sa perte.

Tout en bas, au bord d'un lac sur une colline, un village de forgeron fut édifié il y a des années, dans l'espoir de pouvoir vivre indépendamment du système de l'empire japonais. Ils vivaient de l'exploitation du minerais pour la fabrication de matériaux de fer et d'acier, qu'ils concevaient minutieusement dans le but de créer des armes à feu, en particulier des modèles d'arquebuse. Chaque jour, ils s'engageaient avidement à déboiser la forêt verdoyante afin d'accéder au minerais, et chaque jour, les Dieux de la forêt et les animaux menaient contre eux une véritable guérilla pour défendre leur territoire.

Sur le versent de la montagne, empruntant un sentier glissant suffisamment large pour faire avancer leurs troupeaux de bœufs, peinaient un groupe de forgerons rapportant leurs récoltes de minerais. Ils avancèrent prudemment, prêtant attention à chaque pas qu'ils posaient sur le sol recouvert de neige. Parmi eux, se tenaient côte à côte un couple dans la quarantaine, dont la femme, Nozomi, aidait tant bien que mal son époux, Masao, qui tentait de faire avancer une vache transportant d'un côté sur son dos un sac une généreuse portion de riz devant lui. De l'autre côté, était accrochée à l'aide d'une sangle un petit panier où reposait une petite fille de deux ans.

Naturellement, le bébé mécontent du froid mordant qui effleurait son petit visage joufflu, pleurait et s'agitait inconfortablement, se débattant presque dans sa couverture. Ce couple marié, malheureusement, n'avait pas connu la chance d'avoir un enfant.

Désespérés à l'idée de ne jamais connaître la bénédiction d'avoir un enfant, ils eurent recours à l'adoption dans l'orphelinat le plus proche de leur village. Et c'est là qu'ils la découvrirent. Une petite bambine dont l'âge estimé à deux, selon les soignants de cet orphelinat en fonction de la croissance de l'enfant, qui savait déjà marcher et courir dans tous les sens et en bonne santé ; avec ses yeux bleues certes inhabituels, mais enchanteurs, conquit leur cœur. Ravis, ils la ramenèrent chez eux, et se hâtèrent à subvenir assidûment à ses soins et la combler d'amour. Hélas, la petite fille n'avait de cesse que de crier et d'appeler sa mère ou son père, probablement décédés. On leur avait expliqué que l'enfant avait été retrouvée un matin, emmitouflée dans des draps en laine pour lui tenir chaud, allongée dans un panier en maille disposé sur une barque qui s'était échouée sur la rive d'une rivière près de leur village. Ils en étaient arrivés à la seule conclusion que la fillette fut abandonnée. Elle avait besoin d'une nouvelle famille, mais ses parents biologiques lui manquaient et elle réclamait ardemment leur présence. Ils se rassurèrent et s'encouragèrent mutuellement, se disant que cela finirait bien par lui passer.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 30 ⏰

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