Prologue

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Je suis en pleines révisions pour mon partiel d'anatomie quand la sonnette retentit. Je jette un coup d'œil à mes vêtements, pas le temps de me changer. J'espère juste que ce n'est pas le voisin du 2e étage... Là, j'aurais honte d'ouvrir alors que je porte un bas de survêtement troué et un vieux t-shirt de mon père avec une tâche de porridge en plein milieu.

- Mademoiselle Niel ?

Qu'est-ce que la gendarmerie fait sur mon palier ? J'essaye de réfléchir à ce que j'aurais pu faire pour qu'ils débarquent, mais honnêtement je ne vois pas. Je n'ai même pas volé un carambar de toute ma vie.

- Est-ce que nous pouvons entrer un instant ?

Le gendarme me tend sa carte professionnelle.

- Bien sûr, allez-y.

Je me décale pour les laisser entrer. Ils sont deux. Est-ce que je dois leur proposer quelque chose à boire ? Je n'ai pas l'habitude de recevoir les forces de l'ordre chez moi. Rien que leur présence me stresse, j'ai l'impression d'avoir fait quelque chose de mal.

Je me balance d'un pied à l'autre, pas trop sûre de la marche à suivre. L'un des deux gendarmes, une petite femme brune, observe mon studio d'un œil distrait.

- Si vous voulez bien vous assoir, s'il vous plait.

Mon stress se transforme immédiatement en angoisse. Je les regarde tour à tour, les sourcils froncés. Quelque chose dans leur attitude me met mal à l'aise, pourtant je retourne quand même m'assoir à mon bureau.

- Qu'est-ce qui se passe ? je demande d'une voix aiguë.

Raclement de gorge.

- C'est à propos de monsieur Louis Charney.

J'ai un moment de flottement. Je ne comprends pas trop pourquoi ils viennent me voir à propos de Louis. Je sais qu'on s'est promis de se sortir mutuellement du pétrin en cas de besoin, et que j'ai accepté d'être la personne à contacter en cas de problème, mais je ne pensais pas que ça servirait un jour.

J'attends qu'ils continuent. Visiblement, il n'y a pas que moi qui suis mal à l'aise.

- Il a fait quoi encore ?

Nouveau raclement de gorge.

- Je suis au regret de vous annoncer le décès de M. Charney.

- Comment ça, son décès ?

Je n'ai plus de sang dans les jambes. J'ai la tête qui tourne et le cœur qui saute un battement sur deux. J'ai du mal à respirer.

La gendarme s'accroupit face à moi.

- Mademoiselle Niel ?

- Quel décès ? De quoi vous parlez. Vous faites erreur ! je crie.

Ma voix me parait lointaine.

- Mademoiselle Niel, respirez.

- Répondez !

- Monsieur Charney a été victime d'un accident de la route. Une voiture lui a coupé la route avant de prendre la fuite.

La pièce se met à tourner. Ce n'est pas possible, je suis en train d'halluciner... Pas Louis. Pas mon Louis.

- Non. Non, c'est pas vrai, c'est pas possible. Vous vous trompez.

*

Le 8 février 2022 à 18 h 44, mon monde s'est écroulé.

Noah sous les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant