Chapitre 4

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Je sirote mon verre en silence. Avec les médicaments que je prends, je ne suis pas censée boire. Encore moins de l'alcool fort. Mais apparemment, depuis quelque temps, j'ai décidé de faire tout le contraire de ce que m'a préconisé mon psychiatre.

Je regarde l'autocollant « You only live once » à moitié effacé sur le casque de mon cousin. Ouais, on ne crève qu'une fois aussi...

Je les écoute parler autour de moi, ils essayent de m'inclure dans leurs discussions, mais pour l'instant, je n'arrive pas à répondre autrement que par des phrases qui n'en sont presque pas tellement elles sont courtes.

—   Louison ?

—   Hm-mm ?

—   Tu veux un deuxième verre ? Il reste un peu de rhum.

Le fait que je doive rentrer en voiture me passe par-dessus la tête. L'alcool m'anesthésie juste ce qu'il faut. J'ai un léger bourdonnement dans les oreilles et j'ai l'impression que mes bras et mes jambes sont en coton. Au moins, je ne reviens pas cher en boisson... En revanche, le rhum ne fait pas grand-chose pour le froid. Avant, j'étais toujours bien au chaud avec le blouson de moto que m'avaient offert mes parents, mais je n'ai jamais pris la peine de le remplacer par une doudoune. Pour ce que je sors de chez moi...

—   Bon, qui veut offrir son cadeau en premier ? s'exclame Romy en s'essuyant la bouche avec le revers de sa manche.

Mince ! Le cadeau...

—   Euh, j'ai oublié le mien dans ma bagnole. Je reviens.

Je pose mon gobelet à l'abri du vent, sur le côté de la tombe et me relève tant bien que mal.

—   Attends, je viens avec toi ! me lance Noah. Romy, bouffe pas tout le gâteau.

On marche en silence jusqu'au parking.

—   T'es garé où ?

Je me rends compte que je n'ai aucune idée de quel genre de voiture Noah conduit. Je connais seulement le modèle de sa moto – une Yamaha R7 bleue.

Il pointe une Golf grise au parechoc arrière légèrement enfoncé.

—   Là.

C'est bizarre d'imaginer Noah conduire autre chose que sa R7. Ceci dit, je ne sais pas pourquoi je suis étonnée alors que c'est moi qui leur ai demandé de ne pas venir en moto.

—   Y a un problème ?

—   Hein ?

Noah me fixe avec les sourcils froncés et la tête légèrement penchée sur le côté. Il joue avec son bracelet de montre. Il fait toujours ça pour se calmer.

—   T'as l'air, je sais pas... bizarre.

Je pouffe. Bizarre, c'est bien le mot, tiens.

—   C'est pas ce que je voulais dire, se rattrape-t-il face à mon absence de réponse.

—   T'inquiète, je soupire. C'est rien.

Les gens préfèrent employer « bizarre » plutôt que « mal », « déprimée », « au fond du trou », « tellement psychotique qu'elle a fini en HP », et j'en passe. Bizarre, ça fait moins peur.

Je récupère le cadeau dans mon coffre – pas grand-chose, juste un cupcake en lego avec quatre figurines avec des chapeaux d'anniversaire.

—   C'est bon ? je demande à Noah.

Quand est-ce que dire plus de trois mots à l'un d'eux est devenu si dur ? J'étais plutôt du genre pipelette. Maintenant, j'ai peur de dire une connerie, de m'effondrer ou qu'ils me trouvent chiante.

Noah sous les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant