Chapitre 16 - Noah

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Je me détache à contre-cœur de Louison. Je remarque les dizaines de petits croissants de lune rougeâtres qui tatouent sa peau. Un peu plus et le sang aurait perlé. Machinalement, je passe mon pouce contre sa paume. Elle retire brusquement ses mains et les glissent à l'intérieur de ses manches. Je détourne les yeux avant de me lever pour aller chercher des mouchoirs dans la salle de bain.

Au passage, je lance un regard un peu perdu à Romy. Je compte sur elle pour trouver quoi dire ou quoi faire à partir de maintenant, mais pour une fois, je constate qu'elle est aussi larguée que moi.

On n'est pas dans la merde...

— Ça va mieux ? demande Romy.

Louison renifle avant de se moucher bruyamment.

— Oui ?

Son « oui » sonne comme une question.

— Oui, réaffirme-t-elle alors. Oui, je crois que ça va mieux. Pas bien, mais mieux.

— Est-ce que tu as besoin de quoi que ce soit ? Si tu veux qu'on te ramène, y a pas de souci.

— Ouais, Romy a raison. Je t'avoue qu'on pensait que t'allais te barrer de suite.

— Mais Noah, c'est pas possible. Apprends à la fermer un peu.

— Je... Pardon, Louison. Ce n'est pas ce que je voulais dire.

Un petit rire s'échappe d'entre ses lèvres.

— Oh si... Le pire c'est que c'est exactement ce que tu voulais dire, Noah. T'es en ligne directe entre ton cerveau et ta bouche, renifle-t-elle.

Vexé, je croise les bras sur ma poitrine et rabats ma capuche sur mes cheveux. Elle me donne un petit coup de pied dans le tibia et par réflexe, je lui attrape la cheville pour l'empêcher de recommencer. Elle ne fait rien pour s'éloigner et on reste dans la même position pendant que Romy poursuit :

— C'est bon, je peux continuer ou Noah a encore des trucs claqués au sol à sortir ?

— Roh la la, vas-y, parle ô grande Romy.

— J'avais oublié à quel point vous vous chamailliez, murmure Louison.

— Ah, bah, ça, ça ne risque pas de changer. Romy est une grosse emmerdeuse.

— Oui, et t'es bien content d'avoir quelqu'un pour te dire quand tu fais des conneries, même si tu prends ton temps pour agir, comme avec S...

— Pffff, je la coupe, je sais que je vais te manquer quand on ne vivra plus ensemble.

— Quoi ? s'exclame Louison. Tu vas déménager ?

Je n'arrive pas à expliquer la panique dans sa voix.

— Un jour, j'imagine. Enfin, ce n'est pas au programme du tout pour le moment.

Sa respiration se débloque. Putain, si moi je n'aime pas le changement, je crois qu'elle non plus. Ceci dit, elle a vécu plus de chamboulements à 21 ans que la plupart des adultes...

— Noah, tu peux arrêter de me couper la parole, maintenant ?

— Mais, c'est Louison qui...

— T'es qu'un putain de gosse, c'est pas possible ! Bref, Loulou, oublie Noah. Est-ce que t'as besoin qu'on te ramène ? Est-ce que tu veux continuer la conversation ? Est-ce que tu veux qu'on fasse un karaoké pour se moquer de Noah qui chante ?

— Hé ! je proteste.

— Tututut ! m'interrompt Romy avec un geste de la main. C'est Loulou qui décide. Toi tu obéis.

Noah sous les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant