Chapitre 3

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Je suis garée sur le parking du cimetière, un gâteau au chocolat et aux Smarties posé sur le siège passager. J'ai la gorge nouée et un mal de ventre pas possible. Je suis perdue dans mes pensées. Je fixe le plafond de ma voiture comme si j'allais y trouver une solution à mes problèmes – et le courage de sortir. Du coin de l'œil, je vois les gens aller et venir, des fleurs à la main, des larmes plein les yeux, le dos droit ou les épaules voutées.

Ma mère et ma tante sont venues tôt ce matin, on ne va jamais ensemble au cimetière. Si j'allais me recueillir avec elles, j'aurais l'impression de visiter un mort, alors que quand je m'y rends seule, avec mes paquets de bonbons et tous mes dramas, c'est différent.

Bon, par contre, il va falloir que je me décide à sortir de ma bagnole. J'ai les fesses vissées au siège, comme si je pesais une tonne. Allez, une dernière chanson, je me motive. Une dernière et tu y vas !

Je fais défiler ma playlist Spotify jusqu'à trouver la musique dont j'ai besoin.

Les premières notes résonnent, j'augmente le volume jusqu'à ne plus rien entendre autour. Puis je me mets à hurler, les larmes aux yeux :

« I've become so numb

I can't feel you there

Become so ti... »

—   Aaaaaah putain !

Je fais un bond et me tape la tête. Noah est en train de toquer à la vitre.

La musique continue à faire vibrer l'habitacle. J'essaye de calmer mon rythme cardiaque et de baisser le volume, mais je me trompe de bouton. Numb de Linkin Park est remplacée par Everytime we touch de Cascada. Ma playlist est tellement tellement aléatoire. Le deux salles deux ambiances me prend de court et quand je coupe enfin la musique, j'entends Noah et Romy se tordre de rire.

Je suis mortifiée. J'ai les joues en feu, mais au moins, je n'ai plus envie de pleurer. Je les observe par la fenêtre, Noah est plié en deux, les mains sur les genoux et Romy est littéralement secouée de rire. On dirait une carpe au fond d'une épuisette.

J'aurais dû sortir avant qu'ils arrivent. Maintenant, à part rendre les choses encore plus bizarres en leur disant de commencer à y aller seuls, je vais devoir faire le chemin avec eux.

Le temps de rassembler mon courage, je prétends être occupée sur mon téléphone. Je peux sentir leurs regards impatients. Il faut qu'ils se détendent, ce n'est pas comme si on allait être en retard pour notre remise de diplômes. Louis ne nous en voudra pas pour l'attente.

—   Louison, tu comptes sortir ou tu préfères faire semblant de ne pas nous avoir vus ? me demande Romy.

—   Je...

—   Tu peux pas nous ignorer constamment. J'veux dire aujourd'hui ça va être compliqué, insiste Noah.

Je ne peux même pas leur reprocher quoi que ce soit, puisque c'est moi qui ai eu l'idée de continuer à fêter les anniversaires de Louis. En plus, d'où qu'il se trouve, je suis sûre qu'il n'est pas content de me voir les repousser.

Avant de me dégonfler, j'attrape le gâteau puis ouvre la portière un peu trop violemment. Noah se déséquilibre et trébuche en arrière.

—   Salut, je marmonne.

Je serre la boîte à gâteau contre moi au point que le plastique gondole sous mes doigts.

—   Tu vas écraser le gâteau, me répond Noah.

—   Quoi ?

—   Le gâteau, répète-t-il.

—   Oh.

Noah sous les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant