Responsable

Chapitre 5 - À la vie à la mort

Louise se sentait submergée par un sentiment d'impuissance et de colère. Son esprit était en perdition, cherchant des réponses à des questions sans fin. Elle ne parvenait plus à arrêter le flux de ses pensées. Que pouvait-elle bien faire ? Devait-elle révéler la vérité au monde, leur dire qu'ils n'avaient plus beaucoup de temps à vivre ? Les gens avaient le droit de savoir, le droit de profiter pleinement du temps qui leur restait, de se consacrer à ce qui comptait vraiment pour eux.

Mais une autre voix, plus raisonnable peut-être, lui murmurait à l'oreille : et si cette annonce provoquait la panique générale ? Et si cela engendrait des comportements risqués, une spirale incontrôlable de violence et de chaos ? Pouvait-on faire confiance à l'humanité dans sa globalité où allait-elle réagir comme elle l'avait toujours fait ? Louise ressentit une bouffée de colère qui l'envahit. Pendant des décennies, l'humanité avait poursuivi son chemin, aveugle aux conséquences de ses actions. La planète avait été exploitée sans vergogne, les ressources épuisées, les équilibres écologiques brisés. Depuis toujours, aussi grande qu'elle se clame, l'humanité n'a fait le choix que de l'égoïsme et de la petitesse. A se croire le roi suprême de la jungle, elle s'est enorgueillie de sa puissance, pourtant gagnée en faisant couler le sang d'autres espèces et même de la sienne. Comment pouvait-on se prétendre intelligent tout en étant l'unique créature capable de causer sa propre perte et de précipiter la moitié des êtres vivants de la planète dans sa chute ? Les petits plaisirs et le confort du quotidien avaient prévalu sur la réalité dérangeante qui s'imposait peu à peu. Aujourd'hui, l'humanité récoltait les fruits de son aveuglement collectif. Aujourd'hui, voilà où on en était, et personne n'aurait pu prétendre ne pas l'avoir vu venir. Elle n'avait rien demandé, rien fait que de profiter du système dans lequel elle était née et pour lequel elle n'avait rien choisi. Et maintenant, elle se retrouvait impuissante, condamnée à assister à l'effondrement de l'humanité, qu'elle choisisse d'y prendre part ou non. Pourquoi ? Pourquoi elle ? La colère et la frustration montaient en elle de manière viscérale. Elle en voulait à l'humanité entière pour cet aveuglement insensé, pour cette quête démesurée de richesse, de pouvoir et de productivité, qui n'aurait bientôt plus aucune valeur.

Mais au milieu de cette tempête émotionnelle, une lueur d'espoir scintillait faiblement. Louise réalisait que le changement commençait en elle-même. Si l'humanité avait commis des erreurs irréparables, il était temps de se remettre en question, de changer de cap, de redéfinir les priorités. Peut-être était-ce là la véritable leçon de cette situation désespérée.

Chaque individu avait le pouvoir de faire une différence, de révéler sa véritable nature et de devenir un agent de transformation. Ainsi, dans un mélange d'indignation et de résilience, Louise trouva le courage d'affronter l'avenir. Elle se jura d'utiliser le temps qui lui restait pour agir, pour semer les graines du changement que méritait véritablement la planète.