Chapitre 4 - Le lac Hazen

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Le soir même, à l'heure convenue, Adam se présenta devant le majestueux portail de la demeure de Louise, où celle-ci l'accueillit. Ce n'était pas la première fois qu'il franchissait ces imposantes portes, mais à chaque visite, il restait subjugué par la splendeur qui imprégnaient les lieux. Alors qu'il pénétrait dans l'enceinte de la propriété, Adam ne pouvait s'empêcher de s'émerveiller devant la magnificence de l'architecture, les jardins soigneusement entretenus et la sensation de luxe qui émanait de chaque recoin de la demeure. Dans une époque marquée par la crise, cette opulence contrastait avec la réalité économique difficile dans laquelle la plupart des gens vivaient, dont Adam.

La crise avait engendré une redistribution des ressources, et la plupart des individus étaient contraints de vivre en colocation pour partager les frais de logement ainsi que les charges. Les maisons individuelles, qui étaient le symbole de statut et de réussite, étaient devenues des vestiges du passé, des trésors préservés par une poignée d'individus.

Dans le calme feutré du living, Adam s'installa devant l'ordinateur préparé par Louise. Elle avait veillé à ce qu'il puisse commencer ses recherches pendant qu'elle s'occupait de son cheval. Son attitude insouciante et parfois enfantine pouvait dérouter, mais Adam savait qu'il y avait bien plus chez elle que ne le laissait paraître sa façade. Malgré ses doutes, il ne pouvait nier sa beauté et, lorsqu'elle le décidait, sa remarquable intelligence. Il se demandait parfois s'il cherchait à trouver des qualités chez elle pour justifier sa propre attirance, mais il était indéniable qu'il appréciait tout simplement sa présence. Alors que Louise s'éclipsait pour promener son cheval, Adam ferma la porte à clé et prit un instant pour observer la pièce qui l'entourait.

Un léger frisson le parcourut alors qu'il sortait discrètement ses lunettes connectées de son sac. En un clignement d'œil, il pénétra dans un autre univers, un monde virtuel empreint de bienveillance et de solidarité, un monde qui incarnait les idéaux de demain. Le temps semblait s'étirer différemment dans cet espace numérique. Adam se laissa emporter par les rencontres, les discussions et les découvertes qui l'attendaient. Parmi les avatars aux visages inconnus, Adam trouvait des amis, des alliés, et surtout une communauté d'esprits engagés dans la transformation du monde, une sorte de révolution silencieuse de la solidarité. Pour lui, il était clair qu'en chacun de nous résidait le pouvoir de bâtir un monde meilleur : l'essence de la vie se révèle dans nos actes d'amour et de dévouement envers autrui. C'était dans l'engagement envers cette quête que se dessinait la véritable destinée d'Adam, il en était intimement convaincu. Une heure passa, qui sembla à la fois une éternité et un simple instant. Adam sortit de son immersion virtuelle et rangea soigneusement ses lunettes, les dissimulant au fond de son sac. Après un regard rapide autour de lui pour s'assurer que tout était en ordre, il déverrouilla la porte et reprit son rôle d'étudiant diligent. Il était temps de se consacrer à la tâche qui les attendait : les recherches sur le lac Hazen.

Les textes, les images et les études se succédaient devant ses yeux, tandis qu'il s'efforçait de rassembler les éléments clés pour la rédaction de leur devoir. Alors qu'il se perdait dans les recherches, il espérait secrètement que cette énième collaboration avec Louise leur permettrait de s'apprécier davantage, au-delà des barrières sociales qui les entouraient. Après une demi-heure, Louise fit enfin son apparition.

- Alors tu trouves notre bonheur ? dit-elle. Mais son visage s'assombrit légèrement en découvrant l'air renfrogné de son camarade, qui gardait les yeux rivés sur l'ordinateur.

- Je ne comprends pas ! s'exclama-t-il, visiblement agacé. Tes accès sont limités, je ne trouve presque aucune documentation pertinente.

Perplexe, Louise lui prit l'ordinateur des mains d'un air soupçonneux et entreprit quelques recherches qui se révélèrent tout aussi infructueuses. Elle dut finalement admettre que ses accès étaient bel et bien restreints. Un sentiment d'impuissance l'envahit alors, mais une lueur de détermination se manifesta sur son visage, une expression qu'Adam trouva étrangement attirante. C'était cet aspect d'elle qui laissait entrevoir une réflexion plus profonde que la simple préparation du bal de fin d'année.

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