- CHAPITRE III -

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Layke.

Une clope coincée entre mes lèvres, mon café à la main, assis sur un transat sur notre toit terrasse, j'observe le lever du soleil. J'ai toujours aimé les reflets orange et jaune qui parcourent le ciel à cette heure-ci. Je lutte comme toutes les nuits contre les insomnies, celle que je viens de vivre a été plus longue que les autres, alors pour faire passer le temps, je me suis concentré sur ma prochaine vengeance contre Elycia. Ça fait plusieurs jours que je m'attends à un retour de flamme concernant le fait que j'ai dévoilé un morceau de son journal intime, mais rien, aucune trace de la furie. J'ai pris les devants et j'ai trouvé quelque chose sur elle depuis plusieurs semaines que j'ai décidé de balancer aujourd'hui. Elle n'a rien demandé, mais rien que le fait qu'elle respire le même air que moi me dérange. Alors dans une heure et quarante-trois minutes comme indiqué par le minuteur, elle subira.

Les remarques de merde de mon oncle, et en plus de ça devant ma mère, m'ont foutu en rogne. Je veux prouver à Kevlon, et lancer une putain de décharge à mon cerveau, afin de leur faire comprendre que je m'en fous d'Elycia Take.

Je tire une latte sur ma clope, le regard toujours rivé sur les nuances orangées présentes au-dessus de ma tête, me rappelant mon enfance dans ce patelin paumé des États-Unis. À cette époque, ma mère et mon père étaient bien plus présents à la maison, m'étouffant presque de leur sécurité rapprochée. Tandis qu'aujourd'hui, les trois quarts du temps, la maison est vide, me plongeant dans une certaine solitude que j'ai fini par apprécier depuis des années. Mais en réalité, j'ai été contraint de l'apprécier, après que mon père a brisé tous mes espoirs le jour de mes six ans, lorsqu'il a répondu à ma fameuse question "quand est-ce que je pourrais avoir un frère ou une sœur ?" par "n'espère pas que ça arrivera une nouvelle fois, tu n'étais pas prévu au programme à la base."

Au fond, je remercie l'honnêteté qu'il a à chaque fois qu'il me parle, mais j'accorde une mention spéciale à ma mère de m'avoir enveloppé dans une bulle remplie de son amour, pour combler l'armoire à glace qu'est mon père.

C'était une simple question posée par un gamin de 6 ans ayant toujours rêvé d'avoir un frère en voyant la relation entre mon père et mon oncle Kevlon, bien qu'ils restent hyper pudiques, ils donneraient leurs vies l'un pour l'autre. J'aurais eu un meilleur ami loyal, du même sang que moi, et à qui je n'aurais pas eu à cacher ma véritable identité.

Le son du minuteur se déclenche indiquant que le temps est écoulé, je regarde ma montre offerte par ma mère lors de mes dix ans, et effectivement il est exactement 7h01, et le message vient de partir comme une petite bombe, envoyé à l'ensemble du lycée. Un sourire plaqué sur mon visage, je sais d'avance qu'elle va vouloir m'exposer la tronche et rien que de savoir ça, je suis impatient de la croiser aujourd'hui.

Je descends au premier étage de notre appartement après avoir fini ma clope et mon café, généralement à 7h05 ma mère a l'habitude de descendre et de faire couler son chocolat chaud, alors j'appuie sur la machine à sa place et sa chevelure brune passe la porte quelques secondes après. Elle m'accorde un sourire que je lui rends.

— Aaron n'est toujours pas arrivé ?

— Si, il est en bas. Je prends juste un cookie et je descends.

Je me dirige vers l'entrée après avoir pris ma veste de costume, cet uniforme de merde pour le lycée. Un dress code qui convient parfaitement à tous les petits friqués de la ville. Mais avant de passer la porte, ma mère arrive, passe sa main au niveau de ma cravate et la repositionne comme il faut.

— Ce soir, respecte le couvre-feu. Je n'ai rien dit à ton père pour la dernière fois, mais il y a une réunion de famille alors il est hors de question que tu n'y assistes pas.

SWEET HELL {ROMANCE SOMBRE} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant