Maudite, En noir et blanc. [TOME 2]

Chapitre 37

La brume s'étendait en silence, enveloppant la forêt d'un voile mystérieux. Les éclairs éclairaient le ciel obscur, dévoilant fugitivement les silhouettes des gardes noirs, dissimulés parmi les arbres. L'orage grondait, agitant les vagues de l'océan qui s'abattaient furieusement sur la plage. Une tension palpable régnait dans l'atmosphère, chargée d'électricité, entre les sapins et les chênes de l'île Atimude. Même les créatures les plus intrépides avaient déserté les bois, anticipant l'arrivée imminente de la tempête. Les ténèbres des âmes maudites des gardes noirs infiltraient la terre, laissant une empreinte lugubre sur le sol. Dans l'ombre, ils se rassemblaient, silencieux et impatients, autour de l'école des Pouvoirs, prêts à dégainer leurs armes et à passer à l'action. Revêtus de leur cape noire, dissimulés sous leur capuche imposante, leurs yeux brillaient d'une énergie féroce et d'une colère contenue. La main droite serrait fermement leur arme, tandis que la gauche semblait prête à libérer leur sinistre fumée noire maudite. Ils n'attendaient plus que le signal pour lancer l'assaut contre l'école des Pouvoirs.

Alors que dans la forêt, la guerre se préparait ; à son orée, là où l'école des Pouvoirs trônait, régnait une tranquillité presque anormale. Le vent, bien que présent, était doux et chaud, soulevant l'agréable parfum des fleurs du parc et faisant résonner les ronflements des élèves endormis. Malgré leur petit nombre, les élèves restants dormaient paisiblement, les fenêtres ouvertes, insouciants ou trop peu courageux pour réaliser la gravité de la situation.

Mais non loin d'eux, les adultes s'agitaient dans leur chambre, buvaient du rhum ou s'arrachaient les cheveux sur des plans impossibles pour sauver l'école. Malgré la pression des autorités, ils savaient que Juliana, leur directrice, était une femme brave et de confiance, prête à tout pour protéger ses étudiants. Ils se pliaient donc à ses décisions, même si cela signifiait temporiser et attendre que le moment soit propice pour agir, conformément aux instructions de Rolz.

Monsieur Rolz, sous ses dehors d'homme sûr de lui, prêt à tout pour montrer sa domination et remporter la guerre sans difficulté, était en réalité à bout de forces cette nuit-là. Se cachant dans le bureau de Juliana, il fouillait frénétiquement chaque recoin à la recherche d'indices, mais en vain. Accablé, il finit par s'effondrer sur l'un des fauteuils en cuir, massant ses tempes, se demandant où elle avait bien pu encore disparaître.

Cinquante soldats, revêtus de leur uniforme d'un vert pastel, arpentaient le domaine, patrouillant dans les couloirs, attentifs au moindre bruit suspect, prêts à défendre l'école. Malgré l'apparence d'honnêteté et d'engagement de leur mission, tous savaient que ce n'était qu'une façade. Pour Rolz, la véritable cible était Nela. Capturer cette enfant était l'objectif principal derrière cette prétendue protection. Animé par le désir de pouvoir, il voyait en cette rare malédiction une opportunité unique. S'il parvenait à s'emparer de ses dons, il pourrait constituer une armée encore plus puissante et invincible que celle qu'il possédait déjà, même si cela signifiait sacrifier la vie d'une adolescente. Son plan, pourtant pensé comme secret, n'échappait pas à l'attention de Nela, de Fleure ou de leurs amis, Joe, Joey, Jason, Mélia et Mattéo qui, cachés presque sous son nez, observaient son désarroi, prêts à venir en aide aux enfants pris au piège dans ce lieu censé être un refuge sécurisé.

Les cinq adolescents, familiers des moindres recoins du domaine, savaient parfaitement comment se faufiler sans se faire repérer. Après avoir quitté la dense forêt, en passant par la chapelle de l'école, Jason utilisa son pouvoir pour rapetisser tout le groupe. Sans perdre un instant, ils se dissimulèrent derrière les vestiaires de sport, pour observer discrètement les alentours. Chacun scrutait attentivement les lieux, comptant les gardes postés et repérant leur patrouille pour éviter d'être découverts.

- Bon, on doit agir vite, avant que les gardes noirs ne se remettent en mouvement. Chacun a une mission précise. On ne dévie pas du plan, compris ? lança Joey, prenant le rôle de chef.