Chapitre 8

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Un brouhaha se fit entendre, les jeunes, comprenant que le mal ne régnait plus dans l'école, sortirent voir ce qui s'était passé. Jason, le seul intéressé par le corps inerte sous l'épais nuage de fumée qui s'évaporait gentiment, s'avança vers celui qu'il crut reconnaître. Des hurlements de frayeur résonnèrent un peu plus loin, les élèves découvrant Ketty, le corps sans vie.

Jason s'accroupit lentement vers Joey, et délicatement, il le tourna sur le côté. Le garçon se mit à tousser, reprenant gentiment ses esprits.

— Oh ! Merci Seigneur. J'ai bien cru que tu n'ouvrirais plus les yeux.

— Tu te débarrasseras pas de moi comme ça mon pote. Aide-moi à me relever s'il te plaît.

Les deux étudiants, l'un plus mal en point que l'autre, s'avancèrent vers le cercle d'élèves en pleurs. Le docteur Ramon, sa blouse blanche sur les épaules, portait dans ses bras Ketty, ses yeux bleus cristallins ne brillaient plus. La flamme qui animait cette douce enfant venait de s'éteindre. Ketty Vasilis était la première victime de la Guerre Noire, et, malheureusement, elle serait loin d'être la dernière.

Sous le choc, Joey et Jason repartirent dans le hall, à l'écart des autres. Les autorités de l'île Atimude venaient de faire leur entrée dans l'école, suivies de monsieur Faradel, suant et les mains tremblantes. Juliana se retrouvait là, seule, essayant de se justifier face à ce qu'il venait de se passer. Fou de rage, Joey, boitant, se dirigea vers le groupe d'adulte, prêt à faire scandale. Mais le jeune homme eut à peine le temps d'arriver à leur hauteur que des menottes vinrent déjà l'emprisonner.

— Quoi ? Eh ! Mais qu'est-ce que vous faites ? Enlevez-moi ça tout de suite, je n'ai rien fait de mal. Juliana, dîtes-leur !

La directrice de l'école, les yeux embués, ne réussit même pas à lever le regard vers son élève.

— Je suis...

— Ne le soutenez pas, madame Hastings, il doit répondre de ses actes, la coupa le ministre de l'Éducation des pouvoirs.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? C'est n'importe quoi ! Je n'ai rien fait de mal, Juliana, vous devez m'aider ! Juliana, dites-leur que je suis innocent ! Dîtes-leur !

— Ça suffit, emmenez-le. Je m'occuperai de lui au poste une fois qu'on en aura fini ici. Accordez-lui son appel pendant ce temps, intervint l'inspecteur de police.

Sanglotant, Juliana regarda Joey s'éloigner auprès des agents. Le garçon pourtant innocent venait d'être accusé de meurtre. Que pouvait-elle faire pour le sauver ? Tous ces hommes ont vu cette petite morte, tous ses hommes ont vu Joey sortir de ce nuage de fumée, tout amoché. Les preuves étaient contre lui, il n'était même pas censé se trouver sur l'île. Même avec le meilleur avocat du monde, Juliana ne pourrait jamais le sortir de cette prison. Encore moins en racontant la vérité, elle se ferait enfermer elle aussi, suspectée d'être complice de la Rose Noire. Voilà que la directrice de l'École des Pouvoirs se trouvait dans une impasse. Elle n'avait plus qu'à espérer que le jeune homme sache se débrouiller seul. Tout ça ne serait jamais arrivé si Faradel n'avait pas pris peur et avertit les autorités, Joey ne se retrouverait pas dans une telle situation. Excédée, Juliana partit s'enfermer dans son bureau. Elle tournait en rond, cherchant comment avertir la famille de Ketty du terrible accident. Elle n'avait aucune idée de comment justifier ce qui s'était réellement passé. Devait-elle lui dire la vérité ? Lui parler de la présence d'AlKAtir dans l'école ou devait-elle se tenir à la version plus officielle, consistant à condamner Joey un peu plus.

La coupant dans sa réflexion, la sonnerie du téléphone retentit. A cran, Juliana sursauta. Elle souffla tout l'air de ses poumons et prit place dans son imposant fauteuil de cuir. Le téléphone entre ses mains tremblantes, elle se contenta d'écouter.

Maudite, En noir et blanc.         [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant