Chapitre 8

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Nous arrivons devant les bureaux de la fameuse Eleanor. C'est au milieu d'un quartier d'affaires. Le plus haut de tous les bâtiments. Le plus banal, aussi. Je suis déçu. Pourtant, elle aurait eu de quoi se vanter, c'est la plus puissante Violette avec pouvoirs qui soit née depuis minimum 30 ans. Elle peut voyager dans le temps -et même avoir des visions de l'avenir d'après certains. Alors autant vous dire que le Gouvernement la tient à l'œil.

Un garde Rouge est posté devant l'entrée. C'est un grand gaillard, sûrement très bien entraîné.

-Servons-nous de notre uniforme pour lui soutirer des informations, me transmet Riga.

Nous passons devant lui d'un air détaché, puis nous nous arrêtons brusquement et nous tournons vers lui.

-Interroge-le sur la surveillance des lieux, me conseille Riga.

-Je sais, je pense.

Puis je reprends à voix haute, en m'adressant au garde.

-Bonjour monsieur.

Un nuage se forme devant ma bouche quand je parle. 

-Pas trop froid ? je tente.

Il me regarde d'un air méfiant sans répondre. Je continue sur ma lancée, ignorant son vent monumental.

-Pouvons-nous vous posez quelques questions pour une enquête ?

-Si cela ne compromet ni mon poste ni ma loyauté envers mon employeur, me répond-il, m'adressant enfin la parole.

-Soyez sans crainte. Nous voulons juste savoir si vous avez aperçu récemment une personne correspondant au signalement suivant : jeune homme, Jaune, taille moyenne, portant des lunettes de soleil.

-Non, sa réponse est claire, nette, elle tranche l'air comme une lame bien aiguisée trancherait une lamelle de saucisson.

-Il ment, m'avertis Riga.

-Vous êtes sûr ? Essayez de vous rappelez, s'il vous plaît, j'insiste. C'est une enquête importante. N'importe quelle information pourrait être utile.

-Je suis sûr de moi. Ecoutez, monsieur, dit-il d'un ton plus doux, ce n'est pas toujours moi à la porte, mais aujourd'hui, si. Alors laissez moi faire mon métier.

Il jette un regard à mon uniforme.

-Vous devez le savoir. Ce n'est pas toujours facile.

-Oui, oui, bien sûr, je comprends. Pardonnez-moi pour le dérangement. Merci pour votre réponse, monsieur.

Il me réponds par un signe de tête. Nous quittons les lieux, et nous nous arrêtons après avoir tourné au coin de la rue.

-Alors ? j'interroge Riga.

-Il a assurément été bien entraîné contre les intrusions télépathiques, et moi pas assez pour. Mais j'ai réussi à choper quelques trucs. D'abord, il a menti, mais je sais pas vraiment à quel sujet ni pourquoi. D'un autre côté, il disait vrai, ce n'est pas toujours lui à la surveillance de l'entrée. Pour finir, il existe un passage secret pour les invités d'Eleanor qui doivent venir incognito. Il n'a pas le droit de parler de ce passage et des personnes qui y entrent.

-Mais c'est bizarre... Il a pensé à ça quand je lui ait parlé du Jaune ?

-Oui, me confirme-t-il.

-Mais alors, si c'est un invité d'Eleanor, ça ne peut pas être un hors-la-loi. Et encore moins un Vert !

-Effectivement. C'est bizarre... Ce que nous laisse trois hypothèses : 

1. Le Jaune n'est pas un Vert et la vieille dame Bleue a mal vu.

2. C'est bien un Vert et le garde a pensé au passage secret pour une toute autre raison.

3. (Et l'affaire prend une autre ampleur) Eleanor est dans le coup et protège le Vert en connaissance de cause.

-La troisième est quand même peu plausible, je commente.

-On ne peut en exclure aucune. Mais pour l'instant, il nous faut une cachette. Il est presque 10h.

Je regarde aux alentours. Des bureaux, des bureaux, des bureaux et encore des bureaux. La rue est piétonne, comme dans la plupart des grandes villes. Ah ! Il y a une poubelle. Non, deux. Chacune est assez large pour cacher deux personnes très serrées. Très, très, serrées, même. Je propose la poubelle la plus proche à Riga. Il accepte et jette un regard dans la rue. Il me fais signe qu'on peut y aller. Nous courons le plus discrètement possible jusqu'à la poubelle en essayant de ne pas glisser sur le sol verglassé. Nous sommes dos à dos, accroupis. Lui, a une vue sur l'immeuble d'Eleanor et la partie gauche de la rue, moi, sur la partie droite. 

Soudain, il me chuchote :

-Regarde !

Je me tord le coup et réussis tout juste à apercevoir deux uniformes de police se faufiler derrière ce qui doit être la deuxième poubelle que j'avais repéré tout à l'heure. Puis, ils sortent de mon maigre champ de vision.

-C'était des policiers ?

-Pas n'importe lesquels, Léo, me réponds Riga. C'est Alioth et Manon.

-Quoi ? Mais qu'est-ce qu'ils font ici ? je m'exclame.

-Je sais pas, ils ont dû trouver une... il s'interromps brusquement.

Quelques secondes passent. Toujours rien. Je commence à m'inquiéter. Je me tortille pour essayer de voir quelque chose, mais en vain.

-Riga ? Il y a un problème ?

-Chut, m'ordonne-t-il. Je me concentre.

J'attends en silence depuis maintenant 167 secondes (Oui, j'ai compté. Qu'est-ce que vous vouliez que je fasse d'autre ? Que je chante une chanson en dansant la macarena ? En vrai, avouez, vous auriez a-do-ré !), quand Riga interromps mon compte et me dit qu'il parlait avec Astrid. Aaaah... C'était donc ça ! 

-Ils ont eut des infos qui les ont, eux aussi, menées ici. Après, il nous ont vu derrière la poubelle et ont décidés de faire comme nous, continu Riga.

-Ok. Cool. On ajuste à attendre le Jaune et à vérifier si c'est le Vert ou pas, du coup.

-Ouais. Si c'est bien le Vert, Astrid préviendra Sammy, si non, on continu de chercher.

-D'accord, ça me va. Qui l'interroge ? 

-Les autres, le garde ne les pas encore vu. Astrid me transmettra la conversation en direct et je te la montrerais aussi, comme ça on pourra réagir en temps réel.

-Mmhmm.

Le plan était simple. Trop simple. Trop facile. Mais on avait l'avantage du nombre. Et l'effet de surprise. Alors on allait forcément réussir. On allait le capturer, l'apporter à Maurice, être félicité et reprendre les entraînements, avoir d'autres missions. Non ? 

De toute façon, plus le temps pour les inquiétudes et autres hésitations. Car Riga ne tarde pas à m'annoncer :

-Il est là.

COMMENT CAPTURER LE VERT ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant