Sandra trépignait devant sa maquilleuse. Un beau meuble ancien fabriqué avant le 'Premier Contact', qu'elle avait récupéré après le décès de sa grand-mère cinq ans auparavant. Le bois massif, ornementé était d'origine, mais la glace avait été changée durant la succession. La fourniture jurait avec le reste de la pièce aux murs sombres sans aspérité et au reste du mobilier d'un blanc immaculé. Elle jeta un coup d'œil nerveux à l'horloge holographique posée sur sa table de chevet : 18h48. Sa poitrine se serra, il fallait qu'elle se concentre sur autre chose.
Elle vérifia pour la énième fois son maquillage. Elle ne savait plus si elle en avait fait trop ou pas assez. Durant une fraction de seconde, elle envisagea d'aller demander à Clément. Mais elle se ravisa bien vite. Penser à son fiancé lui fit machinalement chercher sa bague, un anneau en or magnifiquement couronné d'un petit diamant. Sandra le fit rouler autour de son annulaire, une immonde question résonna dans son esprit : Est-ce qu'il faut que je l'enlève... ? Elle secoua la tête. Se leva pour s'admirer dans le miroir.
Elle avait rehaussé son mètre soixante-huit à l'aide de talons noir, composé simplement d'une lanière aux orteils et d'une autre aux chevilles. Elle passa ses mains sur ses hanches pour lisser sa robe qu'elle n'avait plus mise depuis des lustres. Une relique de ses années à la faculté, alors qu'elle n'avait pas encore rencontré son futur mari. Elle s'était surprise en parvenant à entrer dans le vêtement malgré les années passées. Une coupe courte, sans bretelle, très sombre aux reflets bleutés, qui laissait peu de place à l'imagination. Les consignes qu'on lui avait donné lui revinrent en mémoire : Enfilez quelque chose de dénudé, sexy, mais décent. Elle fit basculer son bassin de gauche à droite, admirant sa silhouette généreuse. Là aussi un héritage de sa grand-mère, native d'Amérique latine, Sandra avait toujours été fière de son corps. Son regard passa sur son visage, croisa ses yeux bleus-gris récupérés lors d'un métissage de ses grands-parents. Elle passa ses mains derrière sa tête pour ajuster ses belles boucles brunes jais en un chignon serré. Ce faisant, elle faillit faire jaillir sa poitrine de sa robe. La petite voix au fond de sa tête ne put s'empêcher de lui faire remarquer qu'elle ressemblait aux filles qui traînent le long des bars à la tombée de la nuit.
Elle se dit qu'elle s'était trop maquillée. Elle voulut se rasseoir, tout recommencer. Son œil accrocha l'horloge : 18h55. Il était trop tard. Elle déglutit, soupira puis se résigna. Elle attrapa un petit sac à main noir avec une chaîne métallique puis sortit de leur chambre pour tomber nez à nez avec IAN, l'infirmier autonome de Clément. Sorte d'affreux mélange entre un crabe et une araignée mécanique, plus gros qu'un chien et capable de flotter à hauteur de regard. La machine s'adressa à elle de sa voix synthétique : « Mademoiselle Duval, j'ai terminé les soins de monsieur Leclair. Avez-vous besoin de quoi que ce soit d'autre ? » Elle allait congédier la machine comme à son habitude puis se ravisa :
-Je ne serai pas là ce soir. Va te mettre en charge mais reste en veille au cas où Clément aurait besoin de toi.
-Entendu. ». Le robot bourdonna en direction des escaliers, Sandra le suivit. À mi-chemin elle remarqua Clément dans le salon. Elle l'entendit se lever et voulut s'enfuir, mais il l'appela : « Ma chérie ? » Elle s'arrêta, patienta. Il mit quelques secondes à la rejoindre en boitant sur sa béquille.
Le cœur de Sandra manqua un battement quand elle aperçut le visage de son fiancé. Ses beaux cheveux châtains rasés court pour faciliter les procédures médicales, mais surtout, son visage séduisant, désormais affreusement tuméfié. Lui qui avait tant de charme, à présent il ressemblait à un fruit cabossé. Chaque fois qu'elle posait les yeux sur lui, elle se remémorait le soir où il s'était vu infliger ces blessures. Le pauvre traîna sa jambe droite encore engoncée dans une attelle. Sorte de maillage en plastique fait sur mesure, imprimé en trois dimensions à la clinique. Son tibia était encore affreusement charcuté malgré tous les soins qu'il avait reçus.
Il la regarda, ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais sembla se raviser. Avec un air désolé il ne put que souffler : « Surtout... Soit prudente ma chérie... » Sandra s'approcha de lui. Elle déposa un baiser délicat sur sa joue encore jaune à cause l'hématome qui se résorbait lentement. Elle lui sourit, voulant lui répondre un mot rassurant.
Mais ils sursautèrent lorsque la sonnerie de la porte résonna dans la maison. Un coup d'œil à la pendule numérique dans le salon, il était dix-neuf heures tapante. On était venu la chercher comme prévu. Un peu inquiète, elle alla ouvrir mais fut presque soulagée de découvrir un homme qu'elle ne connaissait pas. Il n'était remarquable en aucun point, cheveux grisonnants coiffés en arrière, rasé de près. Il portait cependant un costume qui lui allait comme un gant. D'une voix très avenante il demanda : « Mademoiselle Duval ? »
Sandra déglutit bruyamment avant de hocher la tête sans un mot. L'homme s'écarta, désigna une voiture, une NovaLux Eclipse plus précisément. Un modèle très élancé et élégant. Vitres teintées, propulsion anti-gravité pour éviter toute forme d'inconfort en touchant la route. Après un regard en arrière à Clément qui semblait la supplier de ne pas le faire, elle parvint à mettre un pied devant l'autre. Ses talons claquèrent sur le béton de leur allée, chaque pas résonna de manière affreusement sinistre aux oreilles de la jeune femme. L'inconnu vint ouvrir la porte arrière à Sandra qui découvrit la banquette arrière en cuir blanc immaculé. Il n'y avait personne dans le véhicule, ce qui la perturba. Son accompagnateur sembla le remarquer puisqu'il déclara : « Monsieur Gondrak vous attend au penthouse de l'Horizon Hotel. »
Elle inspira, monta dans la voiture et quand la porte se referma, elle se mit à angoisser. Qu'allait-il lui arriver à présent ? Qu'est-ce que ce Lothien voulait d'elle ?
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Le secret des Lothiens
Science FictionLe premier contact avec les aliens s'est déroulé exactement comme les fictions l'avaient prédit : un véritable désastre. Une guerre sanglante et impitoyable au cours de laquelle l'humanité a été presque décimée. Mais alors que la défaite semblait in...