Curée

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« Je... » Sandra dut faire un effort de déglutition pour s'éclaircir la voix : « Je veux rentrer... » Gondrak resta bouche-bée, figé sur place. Il cligna des yeux, se gratta le sommet du crâne avant de marmonner :

-Très bien... Je comprends... » Il se rhabilla, faisant disparaître son drôle de sexe. Puis délicatement, il aida Sandra à se relever. Dans un silence gêné, ils se dirigèrent vers la chambre où il la laissa seule. Durant ce qui sembla être des heures, elle lutta avec elle-même. Avec cette part qui voulait s'offrir à Gondrak. Ses vêtements la tuèrent lorsqu'elle les renfila, chaque mouvement était une torture. Mais elle parvint à se reprendre en se répétant qu'elle avait réussi. Elle avait effacé leur dette, elle avait gagné.

Le Lothien la laissa emprunter l'ascenseur sans rien ajouter. Son corps souffrait atrocement, ses muscles semblaient lutter pour la porter jusqu'à la voiture. Elle était à la fois épuisée et agitée. Sandra voulait dormir, oublier ce qu'il lui était arrivé. Mais son corps la poussait vers le plaisir, à plusieurs reprises elle dut se retenir de caresser son entrejambe affamée.

Lorsqu'enfin la voiture arriva devant chez elle, c'est comme si un poids lui avait été ôté. Elle remercia le chauffeur puis se dirigea vers la porte d'entrée. Elle fut soulagée lorsqu'elle verrouilla à nouveau la serrure, il lui fallait une douche chaude suivit d'une nuit de sommeil réparateur.

Mais elle sursauta lorsque la lumière s'alluma sans prévenir. Clément était réveillé, il l'attendait. Une fois la surprise passée, Sandra lui sourit, fit un pas vers lui avant de lui annoncer : « Mon chéri, j'ai... » Mais il l'interrompit sèchement :

-Je t'en prie, raconte-moi donc ce qu'il s'est passé... » Son ton n'avait rien d'avenant, la jeune femme fronça les sourcils tandis que ses tripes se nouaient lentement :

-Clément... Qu'est-ce qu'il se passe ? » Son fiancé clopina pour s'approcher d'elle :

-Oh ne fais pas l'innocente, je sais très bien que tu as été faire la pute avec cet alien ! » Elle eut l'impression de recevoir un coup de poignard. Le souffle coupé, elle l'interrogea du regard. Sans un mot il tira son téléphone de sa poche :

-Message de Patrice Thibodeau : 'Bonsoir Clément, j'espère ne pas te déranger. Comment vas-tu depuis le temps ?' » Sandra se masqua la bouche avec horreur. L'homme devant lequel elle s'était exhibée avait contacté son fiancé, cela ne pouvait signifier qu'une seule chose. Il fallait qu'elle lui explique. Paniquée elle se rua sur lui :

-Mon amour attend, tu ne comprends pas, je... » De nouveau elle fut interrompue, mais cette fois-ci par une douleur physique. Tout était allé trop vite, Clément l'avait giflé, il lui cracha avec dégoût :

-Espèce de traînée... Comment as-tu pu me faire ça ? » Sous le choc, Sandra recula d'un pas. Pour la première fois dans leur relation, Clément avait levé la main sur elle... Et pour quoi ? Qu'avait-elle fait qui justifie un tel châtiment ? Il allait continuer sa tirade, mais elle revint à la charge. Sous le coup de la fureur, elle ne réalisa pas le danger de s'attaquer à un homme plus fort qu'elle. En temps normal, il aurait dû la démolir, mais ce soir il récupérait encore de blessures graves. Le poing de Sandra frappa Clément dans les côtes, ravivant une fracture à peine soudée. Il tomba à genoux, prostré tandis qu'elle haletait de rage.

Elle voulait lui faire du mal à cet imbécile ! Une traînée ?! Elle avait lutté de toute son âme pour préserver leur couple ! Elle les avait sauvés ! Non ! Elle l'avait sauvé lui ! Elle ne risquait rien au départ ! Il s'était mis dans la merde tout seul et elle l'en avait tiré avec brio ! Et c'est ainsi qu'il la remerciait ?!

Elle allait lui crier sa frustration quand il releva son visage vers elle. Mais elle n'y lut que du mépris et sut qu'elle s'était trompée. L'homme devant elle n'était pas son âme-sœur comme elle l'avait cru. Elle savait qu'il n'écouterait pas ses explications, leur couple avait atteint un point de rupture. Ils auraient pu essayer de reconstruire, de prendre le temps, de s'écouter. Mais les fondations s'étaient effondrées et il était impossible de rebâtir sur des décombres.

Le secret des LothiensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant