Hugo x Potatoz / 23h37

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À vingt-trois heures trente sept, Hugo était toujours au même endroit : dans son canapé, la télé allumée en guise de fond sonore, à regarder sans grand intérêt son téléphone, en se persuadant qu'il va bientôt aller dormir. Une sorte d'habitude inévitable qui s'était incrustée dans son quotidien et qui n'était pas prête de s'en aller. Jusqu'à ce que la sonnette de son appartement retentisse, le faisant sursauter. Un peu surpris, il prit la télécommande, appuya sur le bouton "éteindre" et se leva paresseusement pour se diriger vers l'entrée, en se demandant qui pouvait bien vouloir le voir à une heure aussi tardive et surtout sans prévenir. Etait-ce un tueur un gage ? Un gars à qui il devait de l'argent ? Ou bien un mafieu ? Tout était possible mais pour savoir qui était le visiteur, il fallait ouvrir cette porte et quand Hugo enclencha la poignée toutes ses théories tombèrent à l'eau. Aucun homme menaçant ou armé mais plutôt un blond qu'il reconnaissait très bien, un peu perdu qui regardait le sol et dont les doigts trituraient son pull, ce qui était tout aussi surprenant.

Leur relation était spéciale. Très discrète voire même secrète, très peu de personnes étaient au courant pour eux. Bien sûr, la plupart savait qu'ils se connaissaient et qu'ils traînaient ensemble mais ils étaient bien plus. Ils n'étaient pas en couple mais aucun des deux ne considérait l'autre comme une simple personne avec qui on pourrait passer la nuit sans se souvenir le lendemain.

"- Oh Pota ! Je m'attendais pas à te voir. Vas-y rentres."

Le concerné ne se fit pas prier et se dirigea directement vers le salon, toujours avec une expression interdite et ses yeux dirigés vers le bas.

"- Tout va bien ? Je sais pas si tu m'as envoyé un message pour dire que tu venais.

- Non, désolé c'est juste que je me sentais un peu bizarre et puis je me suis dis que peut-être tu faisais rien en ce moment alors je suis venu. C'est débile je sais.

- Pas du tout, je t'ai déjà dit que j'étais tout le temps dispo si t'avais besoin de moi."

Le sourire qu'avait arboré Hugo après sa phrase rassura le blond qui se permit de le regarder dans les yeux. En voyant le regard de l'autre se relever, il se rapprocha et posa sa main sur sa joue, comme pour le rassurer, et demanda s'il voulait s'asseoir. Ce dernier hocha doucement la tête et les deux s'installèrent sur le canapé. Si Hugo semblait assez calme et reposé, ce n'était pas vraiment le cas de celui qui était à côté de lui. Il triturait sans cesse les manches de son pull et avait une respiration légèrement irrégulière que le brun avait bien évidemment remarqué.

"- Comment tu te sens ?

- J'ai eu mieux, j'ai eu pire. C'est juste que j'ai eu une longue semaine, une très longue semaine.

- Ok, tu veux m'en parler ?"

Il haussa les épaules, ne savant même plus pourquoi il s'était rendu ici. Il sentit quelque chose qui le sortit de sa réflexion. C'était une main, la même qui s'était posée sur sa joue, et qui était maintenant sur sa cuisse. Le brun lui assurait qu'en parler lui ferait du bien mais il n'en était pas si sûr. Et puis, la sonnerie d'un téléphone qui n'était pas le sien, le convainquit qu'il ne devait pas être là.

"- Réponds, t'inquiètes, il faut mieux que je rentre chez moi de toute façon."

Alors qu'il se levait pour rejoindre l'entrée, un poids le tira vers l'arrière pour le ramener sur le canapé.

"- Toi tu bouges pas tant que tu m'as pas dit ce qui se passait et puis c'est Grim qui m'appelle, tu sais très bien qui va encore me parler de Théo et de comment il galère à le pécho. Bref, on s'en fout, moi je veux savoir comment tu te sens. Vraiment."

Son cœur s'emballa, ce n'était pas une déclaration d'amour mais ça y ressemblait beaucoup. C'était même mieux. C'était une promesse qu'on ne le laissait pas tomber. Doucement il se mit à déballer toute sa semaine, puis petit à petit, il parla de son stress, des problèmes qui prenaient trop de place dans sa tête et de son anxiété qui avait pris refuge dans son ventre depuis quelques jours. Hugo l'ecoutait attentivement, en prenant soin de ne pas le couper et fit du mieux qu'il put pour le rassurer et le réconforter. À la fin de leur conversation, Pota semblait plus détendu et avait même retrouvé un léger sourire, ce qui rendit le brun instantanément heureux.

"- Tu veux faire un truc ?

- Honnêtement, je veux juste allez dormir.

- Ça me va !"

Le brun prit ses mains pour le relever du canapé et le prit dans ses bras pour le porter jusqu'à sa chambre, sous les faibles rires du blond. Ils s'echouèrent sur le lit, Hugo allongé sur le dos et Pota blottit contre lui. Comme une vieille habitude, celui qui servait de deuxième matelas se mit à jouer avec les cheveux de l'autre. Un peu endormi, il lui dit :

"-Merci."

Et ça, Hugo ne risquait pas de l'oublier.

Recueil d'OS CacaboxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant