ESCAPE

𝟷𝟸. 𝙵𝚛𝚊𝚐𝚒𝚕𝚎.

" Vivre dans la peur et l'angoisse c'est mourir à petit feu."

Nyx.

Chalet, quelques heures après le départ d'Ace.

Mon regard était braqué sur le téléviseur tandis que des images défilaient. Les éclats lumineux qui jaillissaient de l'écran se reflétaient sur les murs en bois qui m'entouraient. Ce chalet était désormais devenu ma prison. J'avais perdu la notion du temps depuis le départ de cet homme qui avait tenté de m'étrangler.

Aucun son n'était sorti de ma bouche, mon cerveau essayait d'assimiler toutes les informations que je venais d'apprendre. Je ne savais pas laquelle était la plus dévastatrice.

Être la cible d'un tueur à gages qui en réalité se faisait passer pour un étudiant ou découvrir que tout cela était peut-être la faute de mes parents.

N'étaient-ils pas censés prendre soin de moi, me protéger de ce monde cruel avec les plus faibles ? N'était-ce pas ça le rôle d'un parent ?

Au fond de moi, je me demandais si au final le sort ne s'acharnait pas sur moi, mes intestins se nouaient douloureusement, pendant que j'essayais de retenir mes larmes qui me brûlaient les orbites. Les larmes pourraient-elles noyer toutes mes souffrances si je les laissais submergées ? J'en doutais fortement.

Mes prunelles se baissèrent sur le ruban adhésif
que j'avais de nouveau autour des poignets, il  commençait sérieusement à m'irriter la peau.

Quelques mèches de mes cheveux se collaient à mon front à cause des quelques gouttes de sueur qui s'étaient invitées sur mon front. Le short de mon pyjama était froissé à force de me tourner dans les sens. Mes pieds étaient en contact avec le tapis en soie qui se trouvait entre le téléviseur et le sofa.

Mon cœur se mit à battre à un rythme irrégulier, lorsque j'entendis des voix suivies de bruits de pas se rapprocher dans ma direction. Néanmoins, la douleur que je ressentais au niveau du cou m'empêchait de tourner la tête.

— On était obligé de lui remettre le ruban ?

— C'est pour sa propre sécurité.

— Je ne vois pas comment elle pourrait s'échapper, on est au beau milieu de nul part.

Les voix étaient maintenant à quelques mètres de moi puis je vis les silhouettes de Nick et Jared se dessiner sur le mur derrière la télévision.

Je les reconnaissais par leurs différences de taille car Nick faisait la même taille que moi. Je les vis envahir mon champ de vision. Nick avec une assiette entre les mains, Jared tenait une canette à la main.

Il portait un pull gris au-dessus duquel il y avait une veste en jeans, son pantalon large tombait sur ses air forces blanches. Jared lui avait un jogging large noir et un sweat-shirt à capuche de la même couleur, les lacets de ses vans étaient maladroitement noués.

Ils vinrent tous deux se placer devant le téléviseur, puis Nick posa doucement l'assiette sur la table basse vitrée au centre du tapis. Jared, lui, prit place à côté de moi, en silence. L'odeur de son parfum vint aussitôt remplacer l'air et je fus obligée d'inhaler.

— Je t'ai préparé des lasagnes, petit cœur, me dit-il avec gentillesse.

Je le fixais, muette, tandis qu'il s'agenouillait devant moi et retirait délicatement le ruban adhésif. Ses boucles blondes flottaient au-dessus de son front.

— Je sais que tu me détestes maintenant, soupira-t-il tristement.

— ... mais s'il te plaît mange, il ajouta sur le même ton. Tu n'as rien avalé depuis plusieurs heures.