Chapitre 1

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Mia

Aujourd'hui

Je me réveille en criant, j'ai peur. Mon père, je ne veux plus le revoir, ni dans mes rêves, ni dans la rue, nulle part. Ça fait quatre ans que j'ai décidé de partir de la maison. Pourquoi continue-t-il à me hanter comme ça ? Est-ce possible de tout oublier ou c'est trop demander ? Il a gâché ma vie et continue de le faire dans mes cauchemars. Je veux qu'il me foute la paix pour de bon, il ne fait plus partie de ma vie, me dis-je à moi-même en pleurant.

La porte s'ouvre sur Ambre, elle remarque instinctivement mon état, elle se précipite rapidement pour me prendre dans ses bras pour essayer de me calmer. La seule pensée qui me vient à cet instant précis, c'est que j'aurais préféré que ce soit ma mère qui me prenne dans mes bras et me dise qu'il ne me fera plus aucun mal... Je ne comprendrai jamais pourquoi elle a décidé de faire l'aveugle me concernant. Pourquoi l'a-t-elle laissé continuer à me faire du mal, alors qu'au fond d'elle, elle savait que je ne me sentais pas bien et qu'en plus de ça, il me faisait mal ? Elle ne s'est jamais dit que ce qu'il faisait n'était pas normal ? Que quand on aime son enfant, on est censé le chérir et l'aimer ?

Je n'arrive plus à gérer ma respiration, elle devient de plus en plus violente et insoutenable. Mes pensées sont toujours dirigées vers mon père qui abuse de moi et de ma mère, spectatrice de mon enfer. Je suis complètement bloquée dans le passé, comme si j'y étais actuellement. Ambre essaye de me parler, mais rien n'y fait, je ne suis pas avec elle, je n'arrive pas à être avec elle. Je n'arrive pas à revenir à moi.

Eh Mia, écoute-moi, il n'y a personne dans cette pièce à part moi, on est que toutes les deux. L'appartement est vide. Tu te souviens de l'exercice qu'on fait quand tu ne te sens pas bien. On va le faire toutes les deux en même temps, d'accord ? Regarde, je commence, je prends une grande inspiration, je bloque trois secondes en haut et j'expire très lentement pour faire descendre la pression. Tu es prête ? Je vais le refaire, mais avec toi cette fois-ci. Allez, un, on prend une grande inspiration, deux, on bloque, trois, on expire tout doucement. C'est bien, on continue, tu te débrouilles comme une cheffe.

Je répète cet exercice plusieurs fois, il est censé fonctionner, mais après plusieurs tentatives, ma respiration reste à peu près la même. On comprend toutes les deux que, pour le moment, cette façon de faire ne fonctionnera pas. Elle décide d'entreprendre une autre approche, celle de me parler pour me rassurer. Elle va tout faire pour me faire penser à autre chose.

Ma belle, tu as fait un cauchemar, tout ce que tu as vécu est maintenant derrière toi. Tu es avec moi et je suis avec toi, nous deux contre le reste du monde, tu te souviens ? Je ne te laisserai pas tomber, je reste avec toi jusqu'à ce que la crise ne plus qu'un mauvais souvenir. Tout ce que tu as à faire, c'est libérer tout ce que tu as en toi, ça ne peut que te faire du bien. Pleure, crie, rigole, sois en colère, mais prends ton temps pour analyser tes émotions, pour te calmer, ne te précipite pas. Je ne bouge pas, je continue à te faire des papouilles. Je vais envoyer un message à Livio pour qu'il passe à l'appart ce soir. On passera la soirée tous les trois, ça te va ?

Je suis encore tétanisée à cause de ma crise, mais la pression redescend et ma respiration se calme peu à peu.

C'est fini, tu as bien géré. Tout est fini, je suis là maintenant, tu peux compter sur moi, je resterai toujours à tes côtés.

J'ai bien géré ma crise. Si rien de tout ça n'était arrivé, il n'y aurait pas de crise. Je m'en veux tellement de n'avoir rien fait à l'époque. Il a commencé quand j'avais quinze ans environ, je ne comprenais pas ce qu'il se passait, il ne m'avait jamais fait de mal, jamais touché. Je l'ai laissé faire en pensant que c'était normal pour un père de faire ça. Mais finalement, j'aurais dû ouvrir ma bouche quand j'en avais l'occasion.

Regret nothingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant