Chapitre 8

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Aaron

Depuis que j'ai vu cette jeune femme entrer dans le café, j'ai ressenti quelque chose en la voyant. J'ai vu un vide immense dans ses yeux, comme si le monde était contre elle. Je sais ce qu'elle ressent, mais je ne sais pas ce qu'elle à vécu. Je n'ai qu'une envie, aller la voir et lui faire un câlin, alors même que ce n'est qu'une inconnue et qu'elle n'est rien pour moi. Elle est très jolie mais extrêmement perdue envers elle-même. Elle ne sait pas quoi faire des émotions qui la traversent.

Cela fait déjà à peu près dix minutes que je l'observe au lieu de me concentrer sur mon travail. Je ne peux pas m'en empêcher, il y a quelque chose chez cette fille qui m'attire.

Un homme rentre dans le café et va directement s'asseoir à côté d'elle. Il n'a même pas pris la peine de regarder s'il y avait de la place ailleurs. Ça ne me dit rien de bon. Je continue à l'observer elle, mais aussi lui. Elle regarde par la fenêtre, la tête dans ses pensées pendant que lui l'observe avec l'envie de la manger, et je sais que ce regard n'est pas approprié pour un cinquantenaire qui regarde une femme d'un peu plus de vingt ans.

Mon collègue me demande d'aller prendre sa commande. Bonne excuse pour l'approcher encore une fois. Le temps que j'arrive vers lui, je le vois poser une main sur la cuisse de la jeune femme sans son consentement. J'observe sa réaction, je remarque qu'elle se tétanise, elle ne bouge plus d'un iota tellement elle a peur. La main du mec remonte un peu plus haut et je décide d'intervenir avant qu'il ne la touche encore plus.

Je lui saisis le bras, il ne comprend pas ce qu'il se passe.

- Veuillez sortir de ce café immédiatement, lui dis-je.

- Je ne sais pas pourquoi vous me saisissez comme ça et pourquoi je devrais sortir de ce café ?

- Regardez un peu l'état de la jeune femme qui est à côté de vous parce que vous l'avez touché sans qu'elle ne vous demande rien.

- Je ne l'ai absolument pas touché.

Les gens autour de nous nous regardent. La jeune femme ne bouge pas, je l'entend à peine respirer. Je veux m'assurer qu'elle va bien.

Une table pas très loin me dit qu'il a vu l'homme la toucher et qu'il est prêt à donner son témoignage à la police.

- C'est bon, je m'en vais. Pas la peine d'appeler la police pour ça.

- Aller casse-toi et ne reviens pas dans ce café.

Dès qu'il part je m'approche d'elle. Instinctivement je lui prends les mains pour qu'elle sache que je suis là et qu'elle peut les serrer si elle en a besoin.

- Madame, vous allez bien ? Il est partit vous ne craignez plus rien. Respirez avec moi. Inspirez... Expirez... Allez, doucement et on recommence, inspirez... expirez...

Je vois sa respiration redevenir normale après cinq minutes à répéter cet exercice. Elle commence petit à petit à reprendre ses esprits. Elle se décrispe, tremble un peu mais c'est normal après une crise d'angoisse.

Dès qu'elle est remise complètement de sa crise d'angoisse, elle lâche mes mains.

- Désolé de vous les avoir prises sans votre consentement, mais je voulais que vous sachiez que j'étais là. Si je peux faire quoique ce soit d'autre pour vous, n'hésitez pas. Je vous laisse mon numéro de téléphone, si vous avez un problème vous savez qui appeler.

- Merci beaucoup de m'avoir aidée... dit-elle hésitante.

- Aaron

- Aaron, merci beaucoup d'avoir fait partir cet homme. Si vous n'aviez pas réagi, je serais sûrement en train de faire une grosse crise d'angoisse. Au fait, comment se fait-il que vous savez gérer ce genre de crise. Peu de personnes savent le faire.

Regret nothingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant