Regret nothing

Chapitre 4

Mia

Le réveil est plus compliqué que ce que je ne le pensais. Toute la nuit mes pensées ont été tournées vers cette lettre. Au fond de moi, je sais que je ne devrais pas la lire, qu'elle est là juste pour me rappeler la triste réalité de la situation, on l'a bien vu rien qu'avec le début. Est-ce que je peux avoir un espoir qu'il me demande pardon ? J'y crois peu, mais pourquoi pas espérer, même si je sais qu'en lisant la suite je vais me faire du mal. Ça me paraît si bizarre qu'il envoie un courrier maintenant, après quatre ans sans donner de nouvelles.

Ambre dort à poings fermés à côté de moi. Je décide que c'est le moment où jamais de me lever et d'aller lire le reste de la lettre, parce qu'elle aurait tout fait pour m'en dissuader. Pourquoi je m'inflige toute cette souffrance ? Peut-être qu'au fond c'est ce que j'aime, souffrir. La poubelle est en face de moi, j'hésite un peu avant de vraiment la prendre.

« Mia,

Cela fait longtemps que tu ne m'as pas appelé pour me donner de tes nouvelles. Tout va bien dans ta nouvelle vie ? Je ne te manque pas trop de là où tu es ? Pour ma part, tu me manques beaucoup, ton petit corps aussi, mais ça, c'est juste un détail. Tu te rappelles de nos petits jeux, on s'amusait bien, non ? Quand est-ce que tu rentre pour qu'on recommence ? Je me souviens de ton petit visage trahi par la peur, c'est là que je te trouvais magnifique. Tu me faisais tellement bander que le soir, je me réjouissais de te rejoindre dans ta chambre Tu manques tellement à ton papa d'amour, et à ta mère aussi. Je n'en reviens pas que tu ne viennes même pas dire bonjour à tes parents, on a tout fait pour toi sale ingrate et voici comment tu nous remercie. Pour tout ça tu mériterais que je te punisse.

J'ai vu que tu avais refais ta vie, ça fait quoi, deux ans bientôt que tu es avec lui ? Bravo, je ne t'en croyais pas capable, tu m'épateras toujours autant ma fille. Elle est pas mal non plus ta meilleure amie, tu as construit un bon cercle autour de toi, mais une question me turlupine, comment se fait-il que tu n'as absolument pas peur de ton nouveau copain alors que tu craignais ton pauvre père ? Il ne te fais rien lui ? Moi qui croyais que tout les hommes était comme moi, mais je pense qu'au fond lui aussi il n'a qu'une envie, c'est de te sauter. Mais la vrai question c'est : est-ce que tu l'as déjà autorisé à te toucher ? Parce que ce que je vois me dit tout le contraire.

Ma chérie sache qu'en écrivant cette putain de lettre, parce que tu ne daignes pas donner des nouvelles, j'ai envie de toi mais d'une force, j'ai envie de te prendre comme avant, voir ton visage se tordre de peur et voir couler tes larmes sur tes joues en cherchant de l'aide de ta mère, juste en y pensant je suis tout dur.

Je t'aime ma fille, je t'embrasse, à bientôt. »

Je suis en état de choc, comment un père peut-il écrire ça à sa propre fille ? Ça ne lui est jamais venu à l'idée qu'une relation père-fille n'est pas censée se dérouler comme ça ? J'aurais tellement voulu avoir une famille normale, sur qui je peux réellement compter. C'est trop demander d'être heureuse dans sa vie, sans que le passé ressasse sans cesse, je suis épuisée. Je re-parcours la lettre une dernière fois, il me dégoûte au point de vouloir en vomir. Je la replace dans la corbeille comme elle aurait dû rester quand Ambre l'a fait. Un reflux gastrique me prends soudainement à la gorge, je me précipite aux toilettes pour y vomir. Je n'aurais pas dû lire cette lettre. Je me relève, vais boire un verre d'eau et finis par me brosser les dents quand Ambre surgit devant moi.

- Tu vas bien ? Je t'ai entendu vomir, tu es tombée malade ? Tu sais avec le temps qu'il fait en ce moment c'est fort probable. Si c'est le cas repose-toi aujourd'hui, je dirai à Livio que tu est tombée malade.

- Oh non, pas la peine, je viens juste d'avoir une nausée. Je ne pense pas que ce soit vraiment grave au point de devoir rester au lit.

- Mhh ok, me répond-elle hésitante. J'espère que tu n'a pas profité du fait que je dormais pour continuer à lire la lettre que ton père t'a écrite.