Chapitre 13

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Octobre - Point de vue Harry

- Aller H on va se promener. Je t'aide à mettre ta veste et on y va.

Je tourne le regard à l'opposé de lui et regarde le temps à travers la fenêtre. Les arbres sont oranges et me donnent mal à la tête.

- J'ai pas envie.

- Ça va te faire du bien, tu vas voir, insiste-t-il sans entendre la détresse dans ma voix.

Cette détresse fait partie de moi depuis un bon moment maintenant. Mon corps s'affaiblit rapidement et les efforts que j'ai faits ne se voient plus. Comme si les sept mois passés n'ont servi à rien.

Mes entraînements sont aussi inutiles que ma propre existence. Invisible et pourtant si pesant.

- Louis, on peut rester ici pour aujourd'hui, s'il te plaît, je continue toujours en évitant son contact.

Je sens des larmes se former.

- On reste dehors pas longtemps. Faut que tu prennes l'air, explique-t-il comme s'il avait l'expérience d'un centenaire.

Il fouille dans le placard en poussant des soupirs. Il sort des pulls et les jette sur le lit jusqu'à ce qu'il sorte une écharpe.

- Faut vraiment que je fasse du rangement dans ces placards, dit-il pour lui-même.

Il regarde le lit et hausse les épaules.

- Je rangerai plus tard, il passe au-dessus des vêtements par terre et passe m'enfile l'écharpe. Ça te fera du bien d'aller dehors, puis après y'a Wilson qui va passer pour la rééducation.

- Oui, je sais, dis-je d'une voix fade.

Il embrasse mon crâne et nous partons. Mon cœur s'accélère en voyant les étages arriver vers le rez-de-chaussée.

Aujourd'hui, le temps est parfait pour sortir. Un beau ciel bleu dégagé qui pourrait combler plus d'une personne après ces deux dernières semaines qui sont passées avec des averses sans fin.

Ça n'empêche pas mon corps de me faire comprendre qu'il ne veut pas être là. À peine la porte d'entrée passée que je veux déjà rentrer et retrouver ma chambre vide et mon lit douillet qui n'attend que moi.

Si j'en étais capable, je pousserais Louis. Je lui crierai dessus pour lui dire que je n'ai pas envie. Mais ma voix reste bien au fond de ma gorge. Là où ma liberté d'expression s'est empressée de se cacher.

Louis respire un bon coup et de la buée sort de sa bouche.

- Tu vois, ça fait du bien de prendre l'air.

Il en fait trop pour que je sois de son avis. C'est une sortie inutile qui m'a juste évité de rester au chaud. De rester loin des gens, dans mon coin. À l'aise seul.

Je n'ai jamais autant voulu être seul que maintenant.

Je veux ma bulle. L'endroit où les gens ne me demandent pas si je m'améliore.

J'en ai marre. J'aimerai leur arracher la parole et leur faire comprendre que je les emmerde tous un par un. Qu'aucun d'entre eux ne s'intéresse vraiment à moi.

Surtout pour savoir que je ne sers plus à rien. Que je n'arrive plus à lever un putain de stylo. Que je perds l'équilibre même quand des personnes m'aident à marcher. Je perds toute faculté a rester moi-même.

Les gens m'aident et je sais qu'ils se rendent compte que je n'avance plus. Je reste au même palier, voir même je baisse en expérience.

Mais personne n'ose le dire. Personne n'a le courage de m'afficher mes craintes, même pas la psychologue Verma qui garde le sourire quand je lui dis que je n'ai réussi à rien.

L'éternité nous attend// Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant