Chapitre 10

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Une quinzaine de jours se sont écoulés durant lesquels j'ai pris sur moi à chaque seconde pour ne pas débouler à l'hôpital comme à mon habitude. Les premiers jours ont été durs, je me réveillais et d'instinct, je me préparais.

Un matin, j'ai failli passer le pas de la porte de l'hôpital puis j'ai réalisé, et pour effacer cette honte j'ai fait mine d'avoir un coup de fil très important. Je suis rentré à la maison et je suis resté au lit jusqu'à la fin d'après-midi.

Je me lève comme d'habitude, exténué de ne pas dormir autant que je le voudrai. Je m'efforce de me coucher tôt et d'avoir un rythme correct, mais rien n'y fais. J'en peux plus, j'ai même essayer plusieurs fois les vidéos de relaxation et des utilisé des bruits sonores afin de m'aider, mais rien ne fonctionne sur moi apparemment.

Donc voilà un énième jour où je me lève dans l'après-midi, sincèrement perdu dans un quotidien qui me fait honte, mais que je ne change pas pour autant.

Avec Harry j'avais l'habitude de traîner au lit, c'était toujours le meilleur moment de la journée. Après une bonne nuit de sommeil, nous nous tenions dans les bras de l'autre avant d'affronter notre journée. C'était notre rituel.

Maintenant, je me retrouve à procrastiner seul, en priant pour que quelqu'un frappe à la porte. Va savoir pourquoi. J'en suis à un point où j'ai besoin de n'importe quelle interaction sociale, mais avec le peu d'énergie que j'ai, je ne fais aucun effort pour en avoir.

Je déambule dans les couloirs de l'appartement, éclairé seulement par la fenêtre de la cuisine. Je me cogne contre quelques murs, ne sachant plus vraiment où je me trouve avec la fatigue qui habite mon corps.

Je me cogne le genou contre la table, je me pince le doigt en fermant le tiroir pour en sortir une cuillère pour le café. Je ne carbure plus qu'à ça, matin, midi et soir.

- Putain !, je bougonne en plaçant instinctivement mon doigt à ma bouche pour atténuer la douleur.

Je laisse un long soupir échapper de mes lèvres. Je me sens incapable de tout en ce moment. Le moindre problème m'irrite. Parfois jusqu'à en arriver aux larmes. De nerfs, de fatigue et de tristesse. Tout se mélange dans ma tête et mes émotions sont en pleine montagne russe.

Je me laisse glisser le long du frigo, je finis au sol, sur le carrelage froid qui me frappe de plein fouet.

Un bruit résonne dans la cuisine, m'empêchant de pleurer sur mon sort comme un enfant en pleine crise. Je vois un aimant à quelques centimètres de moi.

Fait chier.

Je cherche dans les moindres recoins la photo qui était accrochée grâce à l'aimant. Je m'accroupis et fouille dans les moindres recoins jusqu'à aller chercher sous les meubles.

Et je la vois. Je me frotte les doigts contre les meubles de cuisine et après maintes et maintes luttes, j'arrive à récupérer la photo que je replace au même endroit.

C'est une de mes photos préférées avec ma mère et moi. Mes sœurs n'étaient pas encore nées. Je me retrouvais sur les genoux de ma mère et le câlin que je lui faisais me donne des frissons même des années après.

Je sens une larme coulée sur ma joue. Toute l'émotion revient.

Je ne perds pas une seule seconde et je vais chercher mes clés de voiture.

*

*

Je frappe trois fois contre la porte après avoir passé vingt bonnes minutes dans ma voiture à me décider d'y aller.

Va savoir pourquoi j'hésite autant.

La porte s'ouvre petit à petit et le battement de mon cœur s'intensifie dans ma poitrine.

L'éternité nous attend// Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant