Chapitre 1 : Une Invisible parmi les autres

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Je me réveille en sursaut, la respiration haletante, comme toute les nuits. Je tente de me calmer pour retrouver un rythme cardiaque normal mais les sueurs froides dans mon dos se font de plus en plus oppressantes.

Je tourne mon regard vers la seule fenêtre de la pièce pour apercevoir le disque blanchâtre de la lune dans le ciel nocturne à travers le tissu de mes rideaux. Je me lève malgré le tremblement de mes jambes pour ouvrir délicatement presque machinalement cet accès vers l'extérieur. L'air frais de la nuit est mon seul réconfort dans ces moments-là, comme une douce caresse sur mon visage.

Je ferme les yeux, sentant mon souffle redevenir régulier. Quand j'étais petite, nous habitions très loin de là, dans un endroit où la flore est reine. Et lorsque je me penchais par la fenêtre, je pouvais entendre des hululements ou encore des bourdonnements et plein d'autres choses causées par la vie qui nous entoure.

Aujourd'hui, il n'y plus que le silence dont je puisse profiter. Ce terrible silence qui me ramène dans mes cauchemars lorsque je les fuis. Il est synonyme de ce souvenir tragique pour moi.

Je le revois toutes les nuits, sans exception. Chaque fois, il m'apparaît plus clairement comme si l'histoire allait de nouveau se répéter et que tout cela n'était au fond, qu'une mise en garde.

Je n'ai versé aucune larme ce jour-là. Je ne leur aurais donné pour rien au monde la satisfaction de me voir faible, ils ne le méritent pas.

En rentrant chez mes parents quelques minutes plus tard, ils ont immédiatement su que j'avais bravé leur interdiction et alors vu l'impensable. Ils n'ont plus jamais été les mêmes depuis ce jour.

Je me souviens être ensuite allée dans sa chambre en constatant qu'elle n'était vraiment plus là et qu'il allait désormais falloir vivre à coup de faux sourires en faisant semblant de ne pas avoir été impactée par sa perte. Il faudra tenter de présenter une personne que l'on n'est plus aux autres pour ne pas qu'ils nous regardent avec cette lueur de pitié au plus profond de leurs yeux.

J'étais plutôt forte à ce jeu-là. Les gens savaient que j'avais assisté au drame, ils m'avaient vue, mais ils ne posaient pas de questions. Ils n'en auraient pas eu le droit de toute façon.

"Ce monde est pourri..." je lâche entre mes dents en refermant précautionneusement la fenêtre afin de ne pas faire de bruit.

Ces réveils au beau milieu de la nuit deviennent de plus en plus fréquents au fil des mois. C'était il y a deux ans et pourtant j'en rêve toutes les nuits, sans exception. Ma blessure ne s'est pas totalement refermée, la douleur a simplement été apaisée.

Je parviens finalement à me remettre sous les draps pour tenter d'obtenir quelques minutes, voir quelques heures de sommeil en plus en priant pour ne pas me réveiller une deuxième fois. Après m'être retournée maintes et maintes fois dans mon lit, je commence à replonger dans les bras de Morphée.

**********

La faible lueur du soleil levant finit par avoir raison de mon sommeil. J'ouvre faiblement les yeux en constatant que j'ai oublié de refermer les rideaux après mon bref réveil dans la nuit. Je peste intérieurement en remarquant l'heure sur mon réveil. J'aurais pu dormir une heure de plus mais je sais pertinemment qu'il m'est impossible de replonger dans mon lit pour m'assoupir un peu plus longtemps car j'ai à présent les yeux grands ouverts.

Je me lève donc doucement afin de ne pas réveiller ceux qui dorment encore dans la maison. J'attrape la robe grise que j'ai dû jeter sur mon matelas sans y faire attention hier soir. Je l'enfile en essayant de ne pas la froisser davantage, mais une nuit complète pliée à la va vite au bout de mon lit ne me rend pas la tâche facile.

Au nom de la LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant