Invisible IV - L'Ombre éveillée

Les Enfants de l'Ambition

Maximus, surnommé le Sage, observait les jardins de Forum depuis son balcon. La ville avait évolué, s'étendant avec une élégance moderne tout en préservant la nature qui l'entourait. Il portait une longue robe de sorcier ornée de symboles anciens, un contraste avec les bâtiments plus contemporains de la ville.

Les souvenirs de son grand-père Titus étaient encore vivants dans son esprit, bien que le sort de Titus restait un mystère pour beaucoup, dont lui. La disparition de Titus après un règne long et puissant avait laissé un vide, mais Maximus avait pris la relève, guidé par les enseignements de son aïeul.

— Maître Maximus, vous avez des visiteurs, annonça un elfe de maison en s'inclinant.

Maximus se tourna pour voir Lazarus, son fils aîné, entrer dans la pièce, suivi de ses enfants, encore jeune. Lazarus, la quarantaine, affichait une impatience visible, son regard brûlant d'ambition. Ses enfants le suivaient, chacun portant les marques distinctes de leur lignée.

— Père, il est temps que nous parlions de la succession, dit Lazarus, sans préambule. J'ai attendu longtemps, et mes enfants méritent de savoir quel sera leur avenir.

Maximus hocha lentement la tête. Il savait que ce moment arriverait, mais il avait espéré le repousser un peu plus longtemps. Le souvenir des cris de l'agonie de sa sœur et d'un frère le hantait encore. L'Imperator se devait être puissant et surtout fort, assez pour supporter une douloureuse épreuve.

— Très bien, Lazarus. Discutons de l'avenir, dit-il, invitant son fils et ses petits-enfants à s'asseoir.

Caius, l'aîné des petits-fils, treize ans, se tenait droit, ses yeux reflétant la même détermination que celle de son père. Il se pensait être unique et surtout l'héritier. Mais ça ne fonctionnait pas ainsi. Noctus, onze ans, plus sombre et introspectif, observait silencieusement. Les jumelles Ava et Adonia, neuf ans, avec leurs sourires en coin et leurs regards complices, se tenaient côte à côte. Elles étaient curieuses mais prudentes. Déjà Maximus se doutait qu'elles refuseraient quand l'âge viendra de passer l'épreuve, comme son deuxième frère. Et la jeune Elara, la plus insouciante de la famille, regardait autour d'elle avec curiosité, laissant ses six ans parlaient pour elle. Elle se retrouva très vite sur les genoux de son grand-père qui pouffa.

— Votre règne a été sage et prospère, Père, mais il est temps de préparer la transition, continua Lazarus. Mes enfants doivent savoir où ils se tiennent. Ils doivent savoir s'ils ont l'opportunité de vous succéder un jour.

Maximus regarda chaque membre de sa famille, réfléchissant à leurs forces et à leurs faiblesses. Ils étaient encore jeune. Ils avaient le temps.

— La succession ne peut pas être précipitée, Lazarus, dit-il donc. Chaque génération doit prouver sa valeur, tout comme je l'ai fait, tout comme Titus l'a fait avant moi. Comme mon père, mon frère et ma sœur. La gouvernance de Forum n'est pas un droit de naissance, mais un privilège qui se mérite. Tu le saurais si à tes dix-sept ans tu avais suivi Titus. Et tes enfants pourront essayer l'épreuve quand ils auront dix-sept ans.

Lazarus serra les poings, son impatience se transformant en frustration.

— Caius est prêt.

Caius se redressa, prêt à répondre à l'appel de son père, mais Maximus leva la main pour l'arrêter.

— Le pouvoir ne se transmet pas simplement par les mots, dit Maximus. Il doit être éprouvé, testé, et confirmé. Et Caius est jeune.

Noctus, habituellement silencieux, prit la parole.

— Et quels seront ces tests, grand-père ?

Maximus sourit légèrement. La question de Noctus montrait qu'il réfléchissait déjà à ce que signifiait réellement être un dirigeant. Et qu'il souhaitait se préparer.