33. Portes

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Maelle avait besoin d'air.

Tout l' étouffait ici. Les odeurs de cuisine. La sensation des plantes glissant sur sa peau qu'elle avait fait apparaitre sans savoir comment. Les questions qui se bousculaient dans son esprit - toutes sans réponses. Sa mère lui manquait. La situation de Lyne, restée seule pour combattre les somnias à Paris. Marhu qui semblait en savoir tellement mais qui ne disait rien. Katya qui espérait qu'elle soit sa binôme, alors même que Maelle ne savait pas ce qui allait se produire.

Alors que le Sage rouge l'avait laissée seule dans l'étrange bibliothèque, elle ouvrit la porte et se précipita dans le couloir. Des rangées de portes fermées s'alignaient tandis qu'elle courait vers le fond du couloir. Elle n'en voulait qu'une : celle de la sortie.

Mais tout sembla soudain se tordre et se confondre, comme si elle tournait en rond dans un cercle infini de portes. Lorsqu'elle se retourna, elle ne reconnu pas la porte de la bibliothèque ni aucune autre.
Ce n'était pas normal.

Le sentiment d'être piégée la prit à la gorge. Son cœur se mit à battre de manière rapide. Beaucoup trop rapide.

" Je veux sortir ! Je dois sortir ! " hurla-t-elle, mais personne ne lui répondit et son vœu mourut sur ses lèvres.

Toutes les portes étaient parfaitement identiques.

Elle entreprit d'en ouvrir une.
Fermée.

Une autre.
Fermée.

Alors elle se rappela du nom de la porte magique de l'entrée.
Boby !
L'œil qui s'ouvrait sur les visiteurs du Grand Sage pouvait-il l'entendre ? Elle espérait que ce soit le cas.

- Boby, cria Maelle. Laisse-moi sortir !
Elle frappa sur une porte, puis sur une autre.

- Boby ! Laisse-moi sortir, s'il te plaît !

Elle tourna une poignée ronde avec une rage et une panique désespérée. Poussa la porte, tira dessus. La poignée était difficile. Elle donna un coup d'épaule sur le bois. Soudain, la porte céda et Maelle fut projetée en avant.

🌼🌼🌼

Ganh passa une main dans ses cheveux noirs en soupirant. Il faisait vraiment trop chaud dans ce petit village. Il se demanda si Damian tenait le coup à l'ombre de l'arbre.

- Pourriez-vous nous héberger le temps des épreuves ? demanda Ganh au marchand d’étoffes qu’on lui avait indiqué.  

L’homme croisa les bras sur son torse et fit une moue silencieuse en le détaillant de la tête aux pieds. Le jugeait-il parce qu’il avait à peine seize ans ou parce que ses vêtements sombres et larges cachaient son corps, ne laissant deviner ni ses qualités de combattant ni ses aptitudes pour la magie ? 

Le marchand s’attarda sur le percing en cristal noir en haut de l’oreille gauche de Ganh et sa forme crantée, pleine de piquots.  Ganh ravala sa salive et secoua son visage, ses cheveux bruns raides un peu trop longs cachèrent son oreille et son front jusqu’au haut de ses lunettes fines.

Il brandit alors le certificat que lui avaient remis les scribes et qui confirmait son inscription à la certification en tant qu’aspirant quêteur. Le marchand se pencha et colla quasiment son nez sur le précieux document. Il renifla l’encre fraîche sans même lire et hocha la tête d’un air satisfait, avant de faire entrer Ganh.  

- Tous les quatre ans, c’est le même cirque ! soupira l’homme faisant un geste de la main à cet étranger pour lui dire de le suivre. Les épreuves attirent de plus en plus de gens et, moi, je dois les héberger !

La cité miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant