Chapitre 13 - Les Échos du Passé

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Après une nuit agitée, je décide de prendre l'air pour apaiser mes pensées. Accompagnée de Sarah, mon fidèle chaperon, je me promène dans les rues animées de Londres. Le brouhaha des conversations créé une atmosphère vivante. Cependant, je ne peux ignorer les regards qui se tournent vers moi. Certains sont chaleureux et curieux, d'autres, plus sévères et scrutateurs.

- Ces regards... Ils me mettent mal à l'aise, dis-je à Sarah en baissant légèrement la tête. Je me demande ce qu'ils pensent.

- Ne vous inquiétez pas, Miss Soma. Les gens parlent toujours, mais ce qui importe, c'est ce que vous savez de vous-même, me répond t-elle d'un ton réconfortant.

Nous continuons notre promenade, soudain, j'aperçois deux silhouettes familières. C'est Eloise Bridgerton, accompagnée d'une jeune fille que je reconnais comme étant Pénélope Featherington, que j'ai entrevue lors du bal.

- Miss Soma ! Quelle surprise de vous voir ici, s'exclame Eloise en s'approchant de moi avec un sourire.

- Comment vous sentez-vous après... l'incident de l'autre soir ? demande-t-elle délicatement.

Je souris, bien que légèrement embarrassée par l'évocation de mon évanouissement. 

- Je me sens beaucoup mieux, merci Pénélope. 

Alors que nous discutons, je sens une certaine légèreté revenir. La compagnie de ces deux jeunes femmes me rassure, et je réalise que je ne suis pas seule face aux jugements de la société. Nous décidons de marcher ensemble un moment, échangeant des anecdotes et des rires, jusqu'à ce que le soleil commence à descendre à l'horizon.

Après une agréable promenade en compagnie d'Eloise et Pénélope, Sarah et moi rentrons enfin à la maison. Alors que nous franchissons la porte d'entrée, je perçois des voix venant du salon. Une voix familière se distingue parmi celles-ci, en plus de celle de ma tante. Intriguée, je me dirige vers le salon et pousse doucement la porte. Là, au milieu de la pièce, se tient mon père. Ses yeux brillent d'émotion lorsqu'il me voit. Ma tante, sourit en me voyant entrer.

- Ah, Elena ! Regardez qui vient vous faire une surprise, annonce-t-elle avec une satisfaction évidente.

Mon premier réflexe est de courir dans les bras de mon père. Ses bras solides m'entourent, et je sens son étreinte rassurante. Après un moment, il recule légèrement pour me regarder de haut en bas, un sourire de fierté sur les lèvres.

- Tu es très belle, Elena. Complètement métamorphosée, dit-il avec admiration.

Je souris, les yeux embués de larmes de bonheur. 

- Papa, je suis si contente de te voir ! Comment vas-tu ?

- Je vais bien. J'ai entendu parler de tes exploits et je voulais te voir de mes propres yeux, répond-il en me caressant tendrement la joue. Ta tante m'a tenu informé de tes aventures ici. Tu sembles t'adapter merveilleusement bien.

Ma tante acquiesce avec un sourire approbateur. 

- Elena a fait des progrès remarquables. Elle est devenue une véritable perle de la société.

- Merci, ma tante. Et merci, papa, pour ces gentils mots. Cela signifie beaucoup pour moi, dis-je, sentant une vague de gratitude m'envahir.

- Je suis ici pour quelques jours. Nous aurons tout le temps de rattraper le temps perdu, annonce mon père avec un clin d'œil. Mais pour l'instant, raconte-moi tout. Comment se passe ta vie ici ?

Nous prenons place autour de la table du salon, et je commence à lui raconter mes aventures, mes rencontres et les défis que j'ai relevés. Mon père écoute attentivement, son regard empreint de fierté et d'affection. La soirée avance, je réalise à quel point il m'a manqué. Sa présence est un rappel réconfortant de mes racines et de l'amour inconditionnel de ma famille. Nous discutons jusqu'à ce que la lumière du jour commence à s'estomper, et je me sens plus sereine et confiante face aux épreuves à venir.

Maintenant dans ma chambre, je profite d'un moment de tranquillité pour réfléchir à tout ce qui s'est passé. La maison est calme, et je savoure la sérénité de l'instant. Soudain, j'entends frapper doucement à la porte.

- Oui ? dis-je doucement.

La porte s'ouvre, révélant mon père, un sourire bienveillant sur le visage. Il tient une petite boîte dans les mains.

- J'ai une surprise pour toi, ma chère, annonce-t-il en s'approchant.

Curieuse, je me redresse et le regarde ouvrir délicatement la boîte. À l'intérieur, un magnifique peigne à cheveux en argent brille, parsemé de petits diamants qui captent la lumière. Je sens mes yeux se remplir de larmes en reconnaissant l'objet précieux. 

- C'est celui de maman, murmuré-je, la voix tremblante d'émotion.

Mon père hoche la tête, ses yeux brillants d'une tendresse infinie. 

- Oui, elle tenait à ce que tu le reçoives quand tu serais prête. Je pense qu'elle serait très fière de la jeune femme que tu es devenue.

Je prends le peigne entre mes mains, tremblantes, sentant le poids des souvenirs et de l'amour maternel qu'il représente. 

- Merci, papa, dis-je, les larmes roulant sur mes joues. Cela signifie tellement pour moi.

Il m'enlace doucement, et pendant un moment, nous restons ainsi, partageant un lien silencieux et indéfectible. Le peigne scintille dans ma main, symbole de l'héritage et de la force qui m'ont été transmis.

- Elle me manque tellement, lui dis-je.

- Moi aussi... 

Je repense à ma mère, et une vague de tristesse m'envahit. Cela fait maintenant dix ans qu'elle est partie, mais les souvenirs de cette nuit tragique restent gravés dans ma mémoire. J'avais dix ans à l'époque. Elle devait donner naissance à mon petit frère. Toute la maison était remplie d'une anticipation joyeuse, mais aussi d'une certaine inquiétude. Je me souviens de l'agitation, des murmures nerveux des domestiques, et de l'expression anxieuse de mon père. Ce soir-là, j'étais censée être au lit, faire semblant de dormir. Mais le sommeil ne venait pas, alors je restais allongée, les yeux grands ouverts, écoutant les bruits du manoir. Puis, soudain, il y eut ce cri. Un cri déchirant, rempli de douleur et de désespoir. Le cri de mon père. À cet instant, j'ai compris que quelque chose de terrible s'était produit. Je n'avais pas besoin de mots pour saisir l'ampleur de la catastrophe. Mon cœur se serra dans ma poitrine et j'ai su, dans ce moment glacé d'horreur, que je ne reverrais plus jamais ma mère et que je ne rencontrerais jamais ce petit frère, que j'attendais avec tant d'impatience. Les jours qui ont suivi sont flous, un tourbillon de chagrin et de confusion. La maison, autrefois remplie de vie et de rires, était devenue un lieu de silence et de larmes. Mon père était méconnaissable, accablé par une douleur inconsolable. Il errait dans la maison comme un fantôme, les yeux vides, le visage ravagé par le chagrin. Il n'a plus jamais été le même après cette nuit-là. 

Cette nuit a marqué la fin de mon enfance et le début d'une vie marquée par l'absence. Ma mère et mon petit frère avaient été emportés et il ne me restait que des souvenirs et une douleur qui ne disparaît jamais. Tenir ce peigne entre mes mains, c'est comme sentir un peu de sa présence avec moi. Ma mère, douce et aimante, et ce frère que je n'ai jamais eu la chance de connaître. Ils vivent à travers ces souvenirs et à travers moi, chaque jour. Et depuis mon arrivée ici, je ne cesse de me demander ce que ma mère m'aurait conseillé de faire à chaque instant...


Elastic HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant