Sloan ( Version finale )

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Les jours suivants s'écoulent à toute vitesse, et ce, malgré ce quiproquo avec Kyle.

Après cette soirée ratée, il ne m'a plus proposé de me raccompagner après les cours ou de jouer à la console avec lui. J'ai voulu aller frapper à sa porte pour arranger les choses entre nous, mais j'ai fini par renoncer.

Comme je ne le connais pas bien, j'ignore qu'elle sera sa réaction. Sa réaction lorsqu'il a cru que je le matais – ce qui n'est pas totalement faux, même si les raisons sont différentes que celles qu'il s'imagine – ne me rend pas confiant.

Au lycée, rien de neuf sous le soleil, en revanche. On me considère toujours comme le nouveau dénué d'intérêt, mais ça ne me gêne pas vraiment. Je consacre tout mon temps à mes études afin de garder le niveau.

Je décroche uniquement pour me livrer à ma passion, la photographie. Un nouvel endroit signifie de nouveaux spots et j'ai hâte d'en découvrir le plus possible.

Il y a quatre ans que je pratique, depuis la mort de mon grand-père. C'est en vidant sa maison que j'ai trouvé le plus beau des trésors, un appareil argentique de la marque Pentax. Il avait aussi tout un tas d'accessoires pour développer les photos. Après cette trouvaille, impossible de ne pas m'initier à l'art de la photographie. J'ai dépensé une bonne partie de mon argent de poche dans des livres spécialisés jusqu'à devenir incollable sur le sujet.

À Sutton, chaque déjeuner ressemble à un rituel. Je prends rapidement mon repas au réfectoire et passe le reste de ma pause dehors pour titiller mon carnet de croquis.

Après plusieurs explorations des lieux, j'ai trouvé un endroit où je suis tranquille, près des cuisines à l'arrière du bâtiment qui accueille la cantine. En chemin, je salue quelques membres du personnel avant d'arriver à la souche d'arbre sur laquelle je m'assieds pour dessiner.

Mais aujourd'hui, je ne suis pas seul. Des rires attirent mon attention et je découvre certains des coéquipiers de Kyle. Je ne connais pas leurs noms, mais je sais qu'ils font partie de l'équipe grâce aux maillots qu'ils portent.

Les rires s'estompent quand le garçon du milieu, le meneur à en juger son attitude, m'aperçoit. Il arrête ses amis d'un geste de la main, son regard courant sur moi comme s'il avait trouvé un nouveau joué à casser.

— Regardez qui voilà. C'est la nouvelle...

Je soutiens son regard, surpris par ses propos.

— Sutton est tombé bien bas pour accepter les petites tarlouzes.

Cette fois, mes sens se mettent en alerte me criant de partir d'ici à toute vitesse. Sans chercher à comprendre le pourquoi du comment, je ramasse mon sac pour m'en aller.

— Hé, s'écrie l'un des trois étudiants. Reviens ici, petite fiote !

Malgré mes efforts, ils me rattrapent avant que j'aie eu le temps de dire ouf.

— Reste ici ! m'ordonne l'un des trois étudiants.

— Lâche-moi ! protesté-je.

Il me manipule aussi facilement qu'une poupée de chiffons et je me retrouve face à deux immenses billes vertes dégoulinantes de haine et de dégoût.

— Qu'est-ce que tu me veux ? demandé-je en tentant de me libérer, en vain.

— Il paraît que tu prends ton pied en dessinant des mecs à moitié à poil ?

Quoi ! Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Il m'attrape par le col du t-shirt.

— Hein, espèce de sale pédé.

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