Kyle ( Version finale )

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— ­Et si tu venais chez moi, après les cours ? me propose Trish en rompant notre baiser.

En lisant entre les lignes, je comprends : « Mes parents sont absents, viens me baiser après le lycée ».

Son invitation me fait grimacer, et ce, pour deux raisons. La première : l'entraînement d'hier m'a épuisé et je dois récupérer. La seconde : le sexe avec Trish n'est pas incroyable au point de ne penser qu'à ça. Je reconnais qu'elle est belle et son corps une vraie merveille. Cependant, je ne ressens aucune connexion entre nous, et cela concerne tous les aspects de notre relation, malheureusement.

Je ne suis pas amoureux, mais rien d'alarmant vu que je ne l'ai jamais été. Pas vraiment, en tout cas... Un jour, j'avais dix ans, je me suis senti bizarre en présence d'une fille. Le feu aux joues, les papillons dans le ventre, j'ai déjà ressenti ça, mais je suppose que tout est différent lorsqu'on grandit.

Adossé au mur d'enceinte du lycée, j'attends le moment de retourner en cours. Après le déjeuner, je suis sorti m'aérer la tête, lassé d'écouter les gars me parler de pipe, de levrette et des filles les plus torrides du lycée. J'ai déjà partagé avec eux quelques anecdotes sur mes parties de jambes en l'air, je l'avoue, mais plus le temps passe, plus ce genre de conversations m'ennuie.

J'arrive à concevoir qu'à quinze ou seize ans, on ne pense qu'au sexe. On aime se vanter auprès des copains de nos prouesses, on se prend pour des superhéros de la baise. Cette année, je vais avoir dix-huit ans et je me sens en décalage avec ce comportement.

J'aspirais à quelques minutes de tranquillité, mais ce n'était pas du goût de Trish, visiblement. Elle m'a suivi et voilà plus de dix minutes qu'elle a les lèvres vissées aux miennes.

Je secoue la tête.

— ­J'ai trop de devoirs. Je dois prendre de l'avance à cause du match de ce week-end.

— ­Pourquoi est-ce que tu refuses de faire comme Grant ou Matt ?

— ­Tu veux dire payer d'autres élèves pour faire mes devoirs à ma place ?

Elle hausse les épaules.

— ­Tu aurais plus de temps libre.

— ­Je vois plus loin que le lycée, Trish. Que l'université aussi ! Rien ne me garantit que je jouerai chez les pros, un jour. J'ignore si j'en ai envie. En revanche, j'aimerais faire un boulot qui me plaira. Pas un job minable qui me fera regretter ces années où j'ai joué au football comme si elles avaient été mon unique moment de gloire.

— Je voulais seulement te filer un coup de main, Kyle, mais comme souvent ces derniers jours, tu es d'une humeur de chien.

Je m'apprête à répliquer que ce n'est pas vrai – ce qui est d'une mauvaise foi totale – quand une présence de l'autre côté de la cour attire mon attention. Sloan.

Le pas vif, il marche en direction du parking.

— Qu'est-ce que ta cousine fait avec Sloan ? demandé-je à Trish en désignant Thelma qui l'accompagne. Depuis quand est-ce qu'ils traînent ensemble ?

— ­Aucune idée. Où est-ce qu'ils vont à ton avis ?

Elle porte une main à sa bouche en pouffant de rire.

— Est-ce que tu crois qu'ils baisent ensemble ?

Je hausse les épaules. Thelma ne s'est jamais intéressée à un garçon au lycée, mais pourquoi pas. Ça voudrait dire que Sloan n'est pas gay...

— On dirait bien que les ratés s'attirent, poursuit Trish.

Une réflexion qui me hérisse immédiatement le poil.

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