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Ce regard, j'aurais dû m'en douter après tout ça, il avait regardé mon ami à mes côtés, il reprenait son rôle, remettait son masque, celui du psychiatre, qui devait aider son patient. Il m'avait alors longuement expliqué que ce qui m'arrivait pouvait s'apparenter à de la schizophrénie, qu'un évènement traumatique aurait pu me faire avoir une hallucination. Il m'expliquait calmement que Changbin était juste la personne que j'avais inventé de toute pièce comme mécanisme de défense.
Et je le regardais, déblatérer tout ça, sans défense, justement. L'événement traumatique, c'était ça, c'était ses mots, c'était cette séance qui ne m'aidait en rien. Alors pourquoi Changbin n'apparaissait pas ? Pourquoi cette hallucination n'était-elle pas là pour me dire qu'il ne fallait pas que je l'écoute ? Pourquoi j'ai tous ces souvenirs si cette pathologie est apparue comme ça ? D'un coup ?
Ces questions sans réponse tournaient dans mon crâne et je laissais l'homme face à moi parler dans le vide. Mon cerveau l'avait rendu muet, j'étais incapable de continuer à l'écouter calmement, alors j'avais tout coupé. Jeongin à mes côtés me regardait, je sentais la lourdeur de ses pupilles sur moi, d'à quel point il devait être surpris, mais aussi inquiet de mes non-réactions.
Le constat, la conclusion restait la même, j'étais devenu fou pour je ne sais quelle raison. Je me sens inchangé, cohérent dans mes propos, mais le monde extérieur me pointe du doigt et me crache que je suis anormal. J'avais soupiré, coupant le monologue de l'oncle à mon ami, il m'avait appelé en me voyant me lever, Jeongin me suivait, sûrement incapable de faire autrement dans cette situation.
_ Vous avez besoin d'aide Chan, j'espère que vous le comprenez.
_ Je vais y réfléchir.
J'avais dit ça par automatisme, je ne le pensais pas le moins du monde, je voulais juste me barrer de cette pièce anxiogène et rentrer chez moi. Cet ancien chez nous, mais que personne ne croyait. Le trajet jusqu'à mon immeuble s'était fait sans problème, malgré certains regards personne ne nous avait agressés et c'était tant mieux. Une fois devant ma porte d'entrée, j'avais demandé à Jeongin de me laisser tranquille, il avait voulu refuser, mais mon regard l'en avait dissuadé. Je savais que je n'allais pas être seul trop longtemps, car il allait mettre Jisung au courant, mais même une demi-heure m'allait. À être fou, je voulais au moins faire apparaître cette hallucination comme ils aimaient bien l'appeler.
J'avais fermé la porte à clé et étais resté planté là pendant une bonne dizaine de minutes. Je n'avais même pas pris la peine d'éclairer, les volets étaient à moitié fermés ce qui me permettait de voir un minimum. Je ne voulais pas voir plus, je m'étais juste dirigé par automatisme dans la salle de bains, là où un miroir était à ma disposition. Je voulais vraiment avoir une preuve de ce qu'ils avançaient, que cette hallucination, je pouvais la faire apparaître, que Changbin n'était qu'issue de mon imagination.
