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On s'étaient tous assit autour de ma table, dans la cuisine. Je sentais l'atmosphère électrique, aucun de nous deux n'osaient parler et mon ami s'impatientait. Sa jambe gauche se secouait, faisant vibrer la surface boisée sur laquelle on étaient tous accoudés.
Le vieil homme s'était raclé la gorge,Jisung le rendait nerveux, ce qui n'arrangeait pas l'état dans lequel il était. Le pauvre, essayait vainement de s'expliquer, or, il ne faisait que bégayer, le regard dur de Jisung planté sur lui.
_ C'est comme ça que tu comptes t'y prendre pour t'expliquer ?
J'avais demandé à mon ami d'arrêter de lui mettre la pression et d'un regard, qui se voulait rassurant, encourageait le quinquagénaire à commencer. Il avait le visage brillant dû à la transpiration, les mains tremblantes de nervosité, celles-ci tenant le tas de feuille, toutes soigneusement agrafées, qu'il nous avait tendu tout à l'heure.Je pouvais percevoir, sans trop d'effort, des morceaux de journaux découpés, des mots surlignés, ainsi que des notes manuscrites.
Ça ressemblait à de lourdes recherches, celles qui ne prenaient pas seulement quelques mois à être achevées. Seulement, à ses premiers mots, on s'étaient, Jisung et moi, figés.
_ Je tiens à préciser avant tout... Que ce dossier n'est pas complet.
Celui-ci devait bien faire des tas de trente pages chacun à tout casser. Je me demandais dans quoi je m'étais embarqué et les pupilles de mon ami, plantées dans les miennes, voulait sûrement retranscrire la même émotion. On étaient tout bonnement perdus.
Il avait commencé un long monologue, où aucun de nous deux ne le coupait dans son récit. C'était étonnant de la part de Jisung, et pourtant il le regardait, la bouche entre ouverte, calmement. C'était sûrement une façade, une manière de me montrer qu'il l'écoutait, qu'il lui laissait une chance, mais je savais qu'au fond il ne l'approuvait pas.
On apprenait donc que le monde dans lequel mon petit ami avait disparu était un univers dit miroir, il avait, pour appuyer ses propos, sortit les notes manuscrites, où en feuilletant était dessiné des schémas explicatif. Il montrait du doigt celui du haut en disant que c'était celui du réel, et le deuxième le miroir, une copie conforme à un détail prêt.
Et ce détail m'avait donné des frissons.
_ Là-bas, tout est inversé, les pièces, les meubles, absolument tout.
_ Et tout est délabré...
Il m'avait regardé, sans en être étonné, il m'avait parlé des visions, des rêves, il l'avait vécu. Mon ami, lui, avait été choqué de mon intervention, il ne comprenait pas vraiment comment j'avais pu savoir ce détail, et Jooman m'avait devancé.
_ En effet, les rêves connectés à ce monde sont très précis, c'est comme si on y était. Par contre, le lien est instable, on ne peut pas interagir avec les personnes là-bas. C'est comme un rêve lucide, on est spectateurs. Il avait dit ça avec un air attristé et je supposais qu'il en avait vécu un, et qu'il avait dû voir quelque chose d'horrible.
