CHAPITRE 1

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Newt leva les yeux sur le ciel au travers de la fenêtre de sa chambre, laissant une grimace s'installer sur son visage en le découvrant couvert de nuage. Il ne pleuvait pas, du moins pas encore. Mais cette légère tension électrique dans l'air ne lui disait rien qui vaille, et cela expliquait déjà les tiraillements réguliers de sa cheville.

Il soupira en constatant qu'il était l'heure de partir, pourtant il resta immobile quelques instants de plus. Faire le trajet jusqu'à l'école lui faisait déjà assez mal comme ça à la cheville, alors sous ce temps, et avec la douleur à sa cheville déjà bien réveillée, il n'osait imaginer le trajet qui l'attendait. Il n'avait personne pour l'emmener, aucun argent pour payer le bus ou le taxi, et il avait déjà assez loupé de cours comme ça. Sa seule solution était de demander à sa mère. Il savait qu'elle avait de l'argent, elle s'en faisait suffisamment toutes les nuits après tout. Le seul problème était leur relation délicate. Ils n'étaient absolument pas l'image d'une mère et d'un fils qui s'aimaient. Il n'avait même jamais cru qu'elle puisse l'aimer, quand bien même il vivait encore sous son toit. Toutefois, il espérait que pour une fois, elle voudrait bien l'aider.

Avec sa béquille sous le bras, Newt traversa l'appartement miteux en boitant, repérant sa mère dans le salon, avachit sur le canapé avec son téléphone en main. Il savait très bien à qui elle parlait, et il n'avait jamais cautionné ce qu'elle faisait avec ces personnes, mais c'était sa façon de gagner de l'argent, et dans un sens, c'était grâce à ça qu'ils avaient encore un toit sur la tête. Lui empêcher de faire ce qu'elle faisait ne les rapprocherait pas pour autant.

La respiration difficile à cause de l'odeur de cigarette ambiante dans la pièce, Newt mit tout son poids sur sa jambe valide, déglutissant nerveusement en toisant sa mère du regard, ce qui ne la fit pas lever les yeux pour autant. Il hésita quelques secondes à l'appeler "maman", mais cette appellation n'était quasiment jamais sortie de sa bouche, et l'utiliser maintenant ne servirait à rien.

-Dis, tu veux bien me prêter un peu d'argent ? Ma cheville me fait mal, j'arriverais pas à aller à l'école à pieds, se justifia-t-il.

Sa mère leva les yeux de son téléphone et regarda son fils dans les yeux. Newt déglutit, pouvant déjà deviner sa réponse, mais espérant pourtant entendre le contraire. Toutefois, il ne s'attendit pas à la voir rire, d'une façon moqueuse, qui, malgré l'habitude de la nonchalance de sa mère à son égard, fit mal au garçon. Elle posa son téléphone sur le côté, se redressa et le regarda d'un air méprisant qui ne fit que renforcer le mal être de Newt.

-Tu veux de l'argent ? Rit-elle amèrement. T'as qu'à faire comme moi et vendre ton corps, c'est facile d'attirer les hommes, ils ne cherchent qu'à profiter de nous comme des chiens affamés. Tu leur plairas, j'en suis sûre, et tu te rendras compte que ça rapporte beaucoup plus que n'importe quel job.

Newt cligna plusieurs fois des yeux, regardant sa génitrice avec surprise. Il s'était attendu à un refus de sa part, mais certainement pas à ce qu'elle lui dise de vendre son corps comme elle le faisait pour gagner sa vie. Il ne croyait pas en cette façon de faire, sa vie ne valait pas grand chose, mais il voulait garder sa dignité et cette légère innocence qui l'habitait encore. Il y avait forcément d'autres moyens de se sortir de cette pauvreté, il lui suffisait de persévérer.

-Je veux pas faire ça..., répondit Newt en renforçant sa prise sur sa béquille, l'esprit tiraillé.

-Tu crois que je le voulais moi ? Rétorqua sa mère, l'air soudainement sérieux. Ca recrute et ça paye bien, quoi demander de mieux ? Arrête de faire ton capricieux et essaye une fois, tu verras que c'est pas si terrible, tu vas même finir par y prendre goût.

-Non... j'ai pas envie....

Dégoûté par la tournure de la conversation, Newt sentit son estomac se retourner désagréablement. Il n'avait rien eu contre le fait que sa mère refuse de lui prêter de l'argent, mais de là à l'encourager à suivre son chemin... L'entendre de n'importe qui ne lui aurait sûrement rien fait de spécial, mais venant de sa propre mère était douloureux à digérer.

Save Me [Newtmas]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant