Save Me [Newtmas]

CHAPITRE 2

Depuis cet évènement, quelques semaines étaient passées, durant lesquelles Newt avait essayé de relativiser et de voir le soleil lors des jours les plus sombres. Mais tout ne faisait que lui rappeler que ce garçon qu'il avait rencontré n'était qu'une minorité, que le monde était complexe mais aussi injuste. Et pour cause, sa cheville le faisait toujours souffrir, marcher avec sa béquille devenait vraiment pénible pour les longs trajets quotidien. Quand bien même il arrivait à aller à la fac, ce n'était jamais garanti qu'il puisse rentrer chez lui en bonne et due forme.

C'était le cas ce jour là, quand Newt sortit de l'établissement, observant distraitement les autres étudiants prendre différentes directions, rigolant joyeusement avec leurs amis. Le garçon serra la main autour de sa béquille, pas seulement parce que cette idée lui avait procuré un pincement au cœur, mais surtout car il avait mal, sa cheville le lançait de plus en plus, l'empêchant même de se concentrer lors de ses contrôles. Il savait d'avance qu'il n'allait pas réussir à rentrer chez lui à pieds dans cet état. Généralement, lors de ces jours, il évitait de sortir, quitte à sécher les cours, mais cette fois, il n'avait pas pu, il avait eu un examen qui aurait pu lui coûter sa scolarité s'il l'avait manqué.

Alors il s'était tracassé la tête, car les paroles du chauffeur de taxi de la dernière fois l'avait fait réfléchir. Grâce à lui, il s'était considéré comme un être vivant, respirant le même air que n'importe qui, prouvant par là, qu'il n'était pas inférieur et qu'il méritait de vivre une belle vie. Mais à part les paroles de ce garçon, rien d'autre ne l'avait convaincu que de belles choses l'attendaient. Sa mère détestait de plus en plus de le voir, et honnêtement, ça devenait réciproque, il haïssait cet appartement dans lequel il vivait. La fac devenait maussade à ses yeux, il ne ressentait plus de réelle envie de poursuivre ses études. Et cette vieille blessure à sa cheville persistait à lui rappeler que le malheur continuait à le guetter.

Ce garçon n'avait pu être qu'une exception, à quoi bon croire en de belles paroles si rien ne s'améliorait dans sa vie ? Au point où il en était, il était toujours convaincu que sa mère avait raison au fond. Et cette idée persistait dans son esprit en voyant quelques taxis garés non loin de lui. Il n'avait plus particulièrement peur à l'idée de vendre son corps, après réflexion, il avait compris que c'était peut-être inévitable et que c'était ce qui pouvait le mieux marcher pour lui, alors à quoi bon se laisser effrayé ? Sa mère le faisait tous les jours, ça n'allait pas le tuer.

Avec tout de même une boule dans le ventre, Newt s'approcha de la première voiture qu'il vit, se laissant guider au son de sa béquille cognant le sol. La douleur à sa cheville ne faisant que lui rappeler que c'était sa seule solution. Quand bien même il revoyait une image du visage du garçon qui l'avait aidé apparaitre dans sa tête, il choisit de ne pas se laisser avoir par le regret et de continuer à avancer. Quelles étaient les chances qu'il retombe sur lui de toute façon ?

Une fois proche du taxi, Newt s'approcha de la vitre côté conducteur en ayant aperçu du mouvement à l'intérieur du véhicule, se rendant compte qu'elle était légèrement abaissée. Il y vit un homme devant le volant, fumant à l'intérieur de la voiture. A cette idée, une grimace dessina les traits du jeune homme, ne supportant pas la fumée, déjà que cette odeur était imprégnée chez lui à cause de sa mère. Mais alors qu'il tourna la tête en pensant aller voir un autre taxi, le bruit de la vitre s'abaissant le fit de nouveau regarder le véhicule devant lui.

Son regard rencontra celui sombre d'un homme au visage ridé, ayant surement la cinquantaine. Leurs yeux ne se détachaient pas, et Newt comprit qu'il était trop tard pour aller voir ailleurs.

-Je peux t'aider ? Demanda l'homme en observant brièvement la béquille du garçon.

Pendant un court instant, Newt ne dit rien, rassemblant son courage pour ne pas fuir. S'il avait eu peur de le faire avec un garçon de son âge, donner son corps à un homme qui pourrait être son père l'effrayait d'autant plus. Surtout que son regard ne le rassurait pas du tout, il brillait d'une certaine malice malsaine quand il le regardait. A ce stade là, Newt pensa sérieusement à aller voir une des autres voitures garées non loin, quand bien même il pourrait tomber sur le même individu, mais l'homme ne lui en laissa pas le temps quand il reprit la parole.