— Nan j'te jure mec, ça me soûle premier degré, te fous pas de moi.
Le rire d'Ismaïl résonne à travers le téléphone. Assis à mon bureau, je fixe mon DM de maths, la mort dans l'âme. Ça fait au moins une heure que je procrastine, mais c'est plus fort que moi, tout est source de distraction comme par hasard. J'ai même commencé à ranger ma chambre. Fin j'ai vite arrêté du coup c'est encore plus le bordel, mais bref.
— Quand je vais répéter ça à Zaz putain.
— Naaaan, s'te plaît pas ça, je geins.Je passe mes mains sur mon visage, le tel collé contre mon oreille. Le garçon se moque encore quelques secondes, mais je sais que c'est plus de la taquinerie que de la méchanceté. Isma est un sucre, franchement j'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi bon. Et puis, je vais pas mentir, la situation est drôle, au fond, mais comme ça me concerne j'ai du mal à avoir ce recul.
— Y'a rien qui va, je souffle.
— Allez, t'en fais pas trop.
— Ouais, t'as raison. De toute façon j'irai pas donc ça sert à rien d'y penser c'est bon.
— Voilà, tu vois. Bon moi je vais te laisser mec, on se voit demain.
— Bye.Il raccroche et je pose mon tel plus loin, soufflant face au travail qui m'attend.
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Le réveil sonne et je le cherche à tâtons pour l'éteindre. Je ronchonne un peu, les yeux encore fermés. C'est la première alarme, je peux m'accorder encore vingt minutes de sommeil si je mange pas et je serais quand même à l'heure.
Quand l'éternelle maudite musique s'élève à nouveau, je déverrouille mon tel pour enlever toutes les autres sonneries que j'ai programmé. Aujourd'hui j'ai la flemme, ma mère est déjà partie au taff et je sais comment justifier mes absences à sa place sans qu'elle le sache. La vie sco est pas trop chiante heureusement, en plus. J'irai à 10h si j'ai la foi. Je l'aurais pas. Mon lit est tellement confortable que je me rendors paisiblement, soupirant de bonheur à l'idée de m'accorder encore un temps de repos supplémentaire – bien mérité, j'ai fini ce putain de devoir si tard pitié.
Le monde en a après moi pourtant, parce que je sens mon tel vibrer à cause de l'appel que je reçois. J'aurais dû mettre le mode avion, en fait. Je décroche.
— Ouais ? je fais d'une voix encore enrouée par le sommeil.
— Ma puce, t'es où ? Isma m'a dit qu'il allait arriver en retard, comme d'hab. T'sais ça sert à rien d'avoir un tel si tu réponds jamais à tes messages, hein, c'pas la première fois que je te le dis.Je passe une main sur mon visage. Ah, Zazou.
— Meuf, j'ai la flemme de venir. C'est mort de toute façon pour la première heure là, j'suis même pas levé.
— Abuse pas. T'habites à moins de dix minutes du lycée et tu te prépares en cinq minutes. Il est moins cinq, même pas. T'as large le temps. Allez bouge ton cul.Je râle et j'imagine très bien la brune lever les yeux au ciel.
— Wow putain en plus tu rates quelque chose, elle souffle.
— Hein ?
— Y'a une nouvelle beaucoup trop belle, la vie. Dans notre classe en plus, fin, elle attend devant la salle avec moi là.
— Ah ouais ? T'es vachement discrète en tout cas.
— Trop tard. Je l'ai vu la première, tu passeras ton tour pour cette fois, t'as pas intérêt à aller lui parler.