chatpitre 5 、

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Je rentre chez moi avec la boule au ventre. Je n'ai pas répondu aux messages de ma mère, je sais d'office qu'elle va m'engueuler à mon retour. J'aurais au moins pu la tenir au courant de ce que je faisais, elle a pas dû dormir de la nuit à cause du stress, je la connais.

— Marius ! m'accueille Camille.

Ma sœur me saute dans les bras, je la rattrape de justesse. Je la laisse m'enlacer un moment, attendant qu'elle brise d'elle-même l'étreinte. J'ai vu que c'était mieux pour les enfants de faire ça, parce qu'on sait pas à quel point ils en ont besoin, c'est mieux de leur laisser le choix de la durée. La petite blondinette me lâche et retourne en courant vers son jumeau devant la télé.

J'ai jamais compris pourquoi ma mère a accepté de les appeler Camille et Camille. En vrai c'est giga drôle mais c'est pas toujours pratique. Fin bref, c'était l'idée de leur père de toute façon, et je sais pas si ça rend ça pire ou si c'est censé me le faire apprécier, c'est trop dur. Celui-ci est d'ailleurs derrière le plan de travail de la cuisine. J'avoue ça sent bon, ça me dérange qu'il cuisine bien, parce que je suis obligé d'aimer, c'est impossible de faire genre. Je suis capable de me faire que ma bouffe juste pour être chiant mais c'est pas aussi bon. Mon père je sais même pas, je crois que c'était un branleur de toute façon, il a pas du beaucoup toucher à une casserole.

Je vais dans ma chambre, à la recherche de Miaou. C'est lui qui m'a vraiment manqué. J'ai envie de le voir. C'est bizarre mais j'ai trop l'impression qu'il me comprend ce chat, et c'est le seul qui m'a vraiment vu quand ça allait pas. Je me sens bien avec lui.

En entrant, je le vois pas sur mon lit. Je fronce les sourcils, retournant dans la pièce à vivre.

— Quelqu'un a vu le chat ? je demande même si j'ai pas envie de leur adresser la parole.

Mon beau-père se contente de secouer la tête, les petits ne m'écoutent pas je crois. Ça me tend davantage mais c'est pas grave. Au final, je pense que je savais déjà où chercher. Je sors dehors, empruntant les premières claquettes que je trouve dans l'entrée. J'ai envie de jeter des cailloux sur sa baraque mais comme y'a ses parents j'ai quand même été bien élevé, je le ferais pas.

Je m'avance pour sonner à la porte. Pourquoi elle m'inflige ça ?

Une femme noire, qui ressemble quasiment traits pour traits à sa fille, m'ouvre la porte avec un grand sourire, me saluant chaleureusement. Ma mère a du leur parler de moi, de toute façon y'a ma grosse tête sur son fond d'écran, ça en dit long.

— Bonjour, je baragouine en retour. Est-ce que y'a Lezo s'il vous plaît ?

Elle acquiesce, se détournant de moi pour appeler la concernée. Elle me regarde à nouveau. Je la trouve grande, ça m'intimide davantage. Pourtant, elle a l'air d'un rayon de soleil. Je peux pas m'empêcher de la comparer à ma mère et j'ai l'impression que y'a un éclat chez la voisine que je retrouve pas ailleurs. Ou alors juste pas dans une attitude qui m'est adressée.

— Tu veux rentrer mon grand ? elle me propose.

Je me sens obligé d'accepter. S'introduire en territoire ennemi, c'est mieux pour tâter le terrain, non ?

— Je suis désolé pour hier soir. J'avais un entraînement de foot important, c'est pour ça qu'on s'est pas vus.
— Ta maman nous a dit, y'a pas de souci. C'est super que tu fasses du foot, ça fait longtemps ?

Je lui offre un sourire un peu maladroit en répondant à ses questions alors qu'elle me dirige dans la cuisine. Je me lave les mains et attends sur une chaise, sans oser sortir mon téléphone. Pourtant, je sens mon cœur battre à cent à l'heure, j'ai besoin de soutien pour faire face à la situation. Pourquoi je suis là ?

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