Chapitre 17

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Je m'étais réveillée ce qui me semblait des lustres après l'incident du procès. Je n'avais pas eu de visites, mis à part Guenièvre qui pansait mes blessures deux ou trois fois par jour.

Un matin, le soleil pointait à peine, et je me décidais à partir. Je ne voulais plus rester dans cet endroit morne. J'enfilais l'un des pantalons que les prêtresses m'avaient donné, un vieux tee-shirt et une paire de tennis. Je me glissais dans l'air matinal, vers les écuries, à la recherche d'Alsvid.

J'entendis un hennissement impatient, et des sabots taper contre la porte d'un box. Je me dirigeais vers celui-ci. Alsvid avait dû sentir ma présence et avait l'air d'avoir hâte de partir loin lui aussi. Je le fis sortir, et ne prit pas la peine de le seller. Je montais sur son dos et plongeais ma tête dans sa crinière. Son odeur m'apaisait.

Sans que je ne prononce un mot Alsvid partit au galop, et je le laissais me mener là où il voulait. Je me concentrais sur le bruit de ses sabots qui martelaient le sol. Au bout d'un long moment, Alsvid avait réduit l'allure. Je pouvais sentir l'odeur de la brise marine nous envelopper.

Mon cheval s'arrêta juste devant une immense falaise. Je descendis en me laissant tomber par terre. Je m'assis au bord les jambes dans le vide. Mon cerveau tournait à mille à l'heure tandis que mes blessures me lançaient.

Je n'étais peut-être pas aussi forte que ce que je pensais. J'avais voulu aider la Reine Sophia, et j'ai fini par être torturée par un misogyne, manipulateur. J'avais pu sauver le Roi d'Artus. Mais seulement grâce à l'aide d'Alexander. D'ailleurs, j'avais échoué à maintes reprises pour briser la malédiction qui le liait encore à Luna.

Peut-être n'étais-je pas faite pour devenir déesse. En avais-je vraiment envie ?

Cette question résonnait dans ma tête. Pourquoi avais-je accepté au début ? Pour sauver Alexander ? Mais il n'avait pas l'air d'en avoir tant besoin. Pour prendre le relais de Mélusine ? Mes souvenirs étaient tellement mélangés depuis que les prêtresses les avaient libérés à ceux du Monde Mortels que je ne distinguais plus vraiment ce qui était vrai ou faux. Ou bien quel souvenir appartenait à quel monde...

La journée avançait, je voyais le soleil se refléter de toutes les façons dans le vaste océan. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais l'océan m'offrait un grand réconfort. Je m'y sentais comme à la maison.

J'entendis des bruits de sabots se rapprocher de moi. Puis quelqu'un sauta à terre et se rapprocha de moi.

- Tu devrais rentrer nous allons bientôt partir pour aller rencontrer les démons. M'avertis Alexander sans émotion.

Je ne répondis pas. Je vis Alsvid frotter son museau contre ma joue. Je lui gratouillais en retour le haut des naseaux.

- Ne fais pas l'enfant, et viens avec moi.

Je me relevais sans un mot, et regardais une dernière fois le vide et l'océan. Puis je repartis sur le dos d'Alsvid vers le château. Laissant Alexander seul.

*

* *

A mon arrivée au château je ne pris même pas la peine de remettre de rentrer Alsvid aux écuries. Je Montais rapidement les marches et priais pour ne croiser personne. J'avais l'impression que l'ancienne Aurore avait fait son retour.

Je me faufilais dans ma chambre, préparais mes bagages en vitesse. Mais quelqu'un frappa à la porte juste avant que je ne puisse fermer mon sac.

Je ne fis plus un geste, la personne frappa à nouveau. Puis à nouveau le silence. Enfin la porte s'ouvrit, je m'attendais à voir Guenièvre pour s'occuper de mes blessures ou peut-être la Reine Sophia. Mais finalement, je vis le Roi Eric en personne. Il avait l'air penaud. Je le dévisageais sur mes gardes.

- Bonjour Miss Aurore. Je voulais vous voir avant votre départ. Mais Vous n'aviez pas vraiment l'air disponible... Me dit-il trépignant légèrement sur ses pieds. Le Roi avait perdu de son charisme.

- Et bien je suis là maintenant. Je vous écoute. Répondis-je interdite.

- Je voulais m'excuser auprès de vous. Je ne connaissais pas les intentions d'Artus. Lorsque mon épouse m'a parlé de vos suggestions, j'étais très enthousiaste. Nous en avons beaucoup discuté avec Sophia. Mais Artus, comme vous le savez, m'offert cette bague comme gage de loyauté et vous connaissez la suite. Acceptez-vous de me pardonnez ?

Je le regardais de haut en bas. Comment savoir s'il était vraiment sincère ?

J'activais mon pouvoir d'aura, et vit un mélange de gris, de bleu et de marron. Il était hésitant, mais voulait apprendre de ses erreurs.

- J'ai deux questions pour vous. Déclarais-je. Vous devez me répondre honnêtement. Je le saurais si vous me mentez.

- Je vous écoute.

- Vous voulez que je vous pardonne par peur ou par envie de vous repentir ?

- Les deux. Votre pouvoir est immense et je ne souhaite pas que votre courroux s'abatte sur nous. Mais je me sens également coupable d'avoir eu une telle confiance envers Artus.

Ile ne mentait pas. C'était rare pour un humain de ne pas mentir. Mais la peur devait le pousser à être honnête...

- Dernière question, pensez-vous que je pourrais devenir votre déesse ?

- Vous me demandez pour qui nous allons voter ? Il était surpris.

- Je vous demande si vous pensez que j'ai les capacités pour devenir votre déesse.

- Je n'en sais rien. Je ne sais toujours si je fais un bon monarque. Quelles sont les qualifications pour devenir une bonne déesse ? Je suppose que seule Mélusine pourrait vous répondre. Mais voici ce que je vais vous révéler. Mon père me disait plus jeune qu'un bon dirigeant devait à la fois être tolérant et intraitable. Il doit être juste et impartial. Pensez-vous l'être ?

Je ne répondis pas. Je fermais mon sac cette fois-ci et fis mine de partir.

- Sachez Miss Aurore, que nous allons suivre vos conseilles. Mon épouse met déjà en place les recrutements. Pour cela nous vous remercions.

Je ne répondis pas, et lui tendis une grande pile de livres. Durant ma convalescence j'avais demandé des livres vierge à Guenièvre pour consigner toutes mes connaissances mais cela m'avait épuisée, et j'avais les trois quarts de mon temps à dormir. Mais j'avais réussi à tout consigner par discipline.

- Voici tous mes souvenirs du Monde Mortels en matière de technologies diverses et variées. –Je retirais la pile de livre de ses mains un instant- Vous pourrez en disposer à une condition, celle de ne pas l'utiliser à mauvais escient. Vous ne devrez pas fabriquer d'armes ou nuire à quelqu'un de votre espèce ou une autre espèce. Est-ce clair ? Soufflais-je.

- Oui nous nous en montrerons dignes. Sourit-il en s'inclinant légèrement.

- Si vous ne respectez pas votre parole, ou que vos descendants ne la respecte pas. Déesse ou non, je serais intransigeante.

- Peut-être bien que vous avez les capacités d'une dirigeante.


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