Chapitre 18

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Après ma discussion avec le Roi, nous étions partis sans nous faire remarquer à la tombée de la nuit. Il semblerait que mon intervention auprès du Roi n'ait pas beaucoup plu au peuple. Nous avions passé l'immense mur qui délimitait le pays des humains à l'aube. La brume du matin nous enveloppait telle une cape d'invisibilité.

La famille royale était tout de même venue nous saluer et nous avait donné des vivres avant notre départ. Le Prince Onyx était resté à l'écart, il paraissait en proie aux doutes. La princesse quant à elle pleura à chaude larmes à l'idée que Luna ne s'en aille. Elle lui promettait d'attendre avec impatience son retour, tandis que ma chère sœur paraissait fixer toute son attention sur Alexander comme à son habitude. Quand à la Reine et au Roi, ils nous remercièrent toutes les deux pour notre venue. La Reine me pressa légèrement la main avant de repartir accrochée au bras de son mari vers leur demeure.

Lors de notre trajet, Luna restait toujours aussi proche d'Alexander qui paraissait se tendre à chaque fois qu'elle ne faisait ne serait-ce que l'explorer. Nous étions chacun sur nos montures. Quant à moi ce voyage commençait à m'épuiser. Partout où je me rendais un drame se produisait. Plus je réfléchissais au sens de cette visite plus je me disais que je n'étais pas destinée à faire ce que les gens attendaient de moi. De plus les évènements me paraissaient répétitifs.

Nous arrivions dans un nouvel endroit, faisions à nouveau connaissance avec els dirigeants, puis banquet, bal, entrevue, et enfin catastrophe. Un cycle perpétuel qui ne semblait pas vouloir se briser...

Un peu plus tard dans la journée, nous fîmes une halte dans les bois pour déjeuner et permettre aux chevaux de se reposer. Luna entraina Alexander dans les fourrés et ils disparurent. Je ne pouvais plus qu'entendre les gloussements de Luna.

Je sentis un haut le cœur, et partit dans la direction opposée, Alsvid me suivant comme mon ombre. J'entendis au loin un cours d'eau et trouvais une rivière. Je m'aspergeais le visage. Puis regardais mon reflet. C'était la première fois que je me regardais vraiment depuis une éternité. Mes yeux orange étaient cernés de noirs par la fatigue, mes cheveux avaient tellement poussé qu'il me paraissait indomptable. Mes joues s'étaient creusées.

Je ne ressemblais plus à grand-chose maintenant. Alsvid s'allongea à côté de moi et je me blottis contre lui. Son souffle m'apaisa. Je me laissais bercer par les battements de son cœur, tandis qu'il fit mine de me grignoter les cheveux.

Puis je fouillais dans la sacoche scellée sur le dos de mon cheval, et attrapait une dague. Je me redressais et vit Alsvid me regarder avec de grands yeux ronds ne comprenant pas la situation. Je pris mes cheveux passait la lame derrière ceux-ci et tirait d'un coup sec.

Les films ne disaient pas à quel point c'était désagréable. J'avais l'impression que l'on m'avait arraché le cuir chevelu. Mais en voyant la longue poignée que je tenais, je me sentis plus légère. Je les lâchais dans l'herbe, et Alsvid vint les renfiler comme si je venais de me couper un membre. Je souris et passais à nouveau ma main dans mes cheveux. Il m'arrivait maintenant un peu en dessous des épaules. Je me sentais bien plus légère. Je me penchais à nouveau au dessus de la rivière et revis la jeune étudiante vétérinaire. Celle qui courait en crocs, parce qu'une urgence devait arriver d'une minute à l'autre.

Je me réinstallais contre Alsvid, et me laissais cette fois me laissais aller dans les bras de Morphée.

Quelques heures plus tard et je suppose quelques galipettes pour mes compagnons de route plus tard, nous reprirent la route. Je vis à nouveau des griffures dans la nuque d'Alexander et des bleus. J'avais presque envie de lui demander s'il était maso ou complètement idiot. Mais après tout, je n'avais pas lever la malédiction. Avais-je le droit de le juger ?

La Clé des MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant