Omiaga ou l'art de décevoir

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De retour à Vil'creuse, comment s'en sortent ceux qui ne sont pas partis ? Depuis trois mois qu'Ulrich est parti, Olrak et Omiaga se sont séparés. Le premier suit un entrainement pour rentrer dans la milice de la ville basse, et le second tente tant bien que mal de survivre et de rendre son monde beau.

Premier épisode de Vie et Survie d'un Monde Souterrain

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« Tu vois Jean ? C'est plus beau avec des couleurs non ? » Je lui demande.

Oui, très ! C'est bien mieux comme ça Omiaga ! Les gens vont adorer. Il répond.

Jean, c'est mon ami, le seul que j'ai puisqu'Olrak m'a laissé. Il me ressemble beaucoup Jean. Il est blond, comme moi, il a un visage rond mais maigre, comme moi, avec une bouche en boule, comme moi. Il a un nez pointu, comme moi, et des yeux bleus, comme moi. Il est juste un peu plus gros, et a une cicatrice qui lui barre le visage, et qui le fait comme craquelé.

Jean, c'est mon ami, il est là pour m'écouter pendant les longues heures que je passe dans mon clapier, mon logement dans la ville basse. Ici, tout est gris et laid, je veux le rendre plus beau, avec des couleurs, et Jean est d'accord. Mais la peinture normale ne fonctionne pas, tout reste gris. Alors j'ai trouvé une solution : des produits rares et compliqués à faire, dangereux apparemment, mais pour l'instant rien ne m'est arrivé ! Ces produits, c'est l'Alchimiste qui les fait, il est bizarre l'Alchimiste, avec ses cheveux en pointes et ses yeux de deux couleurs différentes, un rouge et un vert. Mais ses produits sont biens ! Mes murs sont colorés maintenant. C'est bien que je l'ai trouvé, parce qu'avant, pour avoir des couleurs, il fallait que je prenne du Chab'rak pour avoir des veines vertes et me les ouvrir sur ce que je voulais colorer. Un de mes murs est tout vert grâce à ça, c'est beau.

« Maintenant que notre chambre est belle, je vais pouvoir repeindre dehors Jean ! Tu viens ? » Je demande en m'exclamant.

Tu sais que non, Omiaga, je reste ici toujours moi. Il répond.

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Les violents entrent violemment dans notre chambre, en me tirant par les cheveux. Ils toussent en entrant et mettent un masque respiratoire. J'ai peur pour Jean, que vont-ils lui faire ?!

« Pouah ! Qu'est-ce que c'est que ça ? » Un violent demande. « C'est horrible la quantité de produits ici ! Même à travers le masque je sens le chab'rak et les Lueurs de l'Alchimiste ! »

Ne touchez pas à mes produits ! Je n'ose pas parler, mais j'ai peur qu'ils me les prennent. Comment je fais pour colorer les rues sans mes produits ?

« C'est du sang sur ce mur ? » Un violent s'exclame. « Quelle horreur, ça explique l'état de son bras. »

« Mais je n'avais pas encore ma peinture ! Je devais faire ça pour colorer les murs ! » Je m'exclame.

« De la peinture ? Les murs sont aussi gris ici qu'ailleurs. Ils sont juste puants et toxiques. » Un violent dit.

Moi je les vois bleu, et rouge, et rose, et orange, et beige, et indigo. Et eux les voient gris ? Peut-être qu'ils ne voient pas les couleurs ?

« Il est où Jean ? » Un autre violent demande.

Je regarde dans ma chambre. Comment ça « il est où ? » ? Ils ne le voient pas ? Pourtant il n'a pas bougé, il est toujours au même endroit et me regarde, mi terrifié, mi interrogateur.

« Bah ! Il est juste là ! » Je dis. « T'en fais pas Jean ! Ils te feront rien, promis ! »

Les violents cherchent du regard, ils ne le trouvent pas.

« Il n'y a personne ici, espèce de fou. » L'un me dit.

« Parle Jean ! » Je crie. « Montre leur que tu es là ! »

Mais Jean ne parle pas, il me regarde tristement, et confus. Il ouvre la bouche parfois, mais aucun son ne sort de sa bouche.

Un violent regarde vers Jean, et sourit, il rit. Et après, il parle :

« C'est un miroir. »

Contemplations d'un Autre MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant